- International
- Équipe de France
Pavard, le repositionnement charnière
Jusqu'ici considéré par Didier Deschamps comme latéral droit, Benjamin Pavard pourrait dorénavant être utilisé comme défenseur central par le sélectionneur. Une chance pour le tout nouveau stoppeur de l'Inter qui pourrait profiter des blessures des uns et des contre-performances des autres pour faire son trou dans l'axe.
Indiscutable en club, constamment discuté en sélection : telle est la double vie qu’a décidé de mener Benjamin Pavard. Véritable homme fort du VfB Stuttgart puis du Bayern Munich, l’homme de 27 ans a toujours brillé en tant que défenseur central. Aujourd’hui, c’est à l’Inter qu’il se taille un costume de patron dans une défense à trois. Et c’est seulement maintenant, après 51 sélections en équipe de France, que Benjamin Pavard peut enfin s’exprimer à son poste de prédilection chez les Bleus. En effet, Didier Deschamps, qui l’avait jusqu’ici toujours utilisé en tant que latéral droit – parfois à raison, comme au Mondial 2018 et lors de plusieurs matchs où ses qualités se sont révélées précieuses –, est désormais décidé à l’utiliser en tant que défenseur axial. Une aubaine pour le Nordiste, dans un secteur où les statuts ne sont aucunement définitifs à quelques mois de l’Euro 2024.
C’est pas le côté qui le quitte, c’est lui qui quitte le côté
Au cœur d’un été où de nombreux joueurs ont décidé de rallier l’Arabie saoudite et ses contrats mirobolants, le choix de Benjamin Pavard de se rendre en terres milanaises s’explique lui par un critère uniquement lié au terrain. « Ma priorité, c’était de jouer défenseur central, a indiqué l’ancien Lillois dans une interview diffusée dimanche soir dans le Canal Football Club. C’est là où je me sens le plus à l’aise tout simplement », a ensuite justifié celui qui ne veut donc plus entendre parler de décalage sur le flanc droit d’une défense et pour lequel l’Inter a déboursé une somme avoisinant les 30 millions d’euros. Un investissement qui ne souffre aucune contestation dans la Botte. Décrit comme « fiable au poste de défenseur central » par la Gazzetta dello Sport, le quotidien transalpin évoque de plus un leader qui joue avec « audace », « vigueur » ou encore « confiance » aux côtés d’Andrea Bastoni et de Francesco Acerbi.
Ce déménagement et cette utilisation constante au poste d’arrière central n’ont pas échappé à Didier Deschamps, ce dernier ayant annoncé en conférence de presse jeudi dernier que son joueur serait amené à jouer dans l’axe de la défense tricolore : « Il y jouait de temps en temps (au poste de latéral droit, au Bayern), aujourd’hui il n’y joue plus du tout. » Un changement radical sachant que le double champion du monde ne voulait pas revenir sur son intuition de base, souvent justifiée par l’absence de joueur référence dans le vivier français sur le poste 2. Il a fallu donc que Jonathan Clauss joue dans une défense à quatre pour que DD soit rassuré et que le Marseillais puisse être rappelé comme la doublure de Jules Koundé, le titulaire dans l’esprit du boss des Bleus. Un jeu de chaises musicales qui profite donc au beau bouclé.
Entrer dans la densité
Onze mois après le malaise vécu par le natif de Maubeuge durant le Mondial 2022, la situation s’est donc retournée pour le champion du monde 2018. Titulaire pour le premier match de la France face à l’Australie (4-1), Pavard ne sera plus utilisé de la compétition, et son nom sera mêlé à des rumeurs portant sur une mésentente avec son sélectionneur. Ce n’est que le 27 mars dernier, lors d’un match en Irlande dans le cadre des qualifications pour l’Euro 2024 qu’on le retrouvera avec les Bleus, buteur qui plus est. Quelques mois plus tard, il sort donc d’une rotation où il n’a pu s’imposer, pour en intégrer une où la concurrence est nettement plus rude. Mais pour autant, il ne part pas de trop loin. Seul Dayot Upamecano, blessé et remplacé par Axel Disasi, lui-même finalement suppléé par Castello Lukeba pour ce rassemblement, détient le statut d’indiscutable. À côté, Ibrahima Konaté fait face à de nombreuses blessures, a raté le rassemblement précédent et enchaîne les petits bouts de match. Concernant William Saliba et Jean-Clair Todibo (le Niçois a remplacé le Gunner, blessé au gros orteil droit), leur prestation en Allemagne (2-1) en septembre dernier ne plaide pas franchement en leur faveur. Enfin, Jules Koundé, lui aussi remplacé par Malo Gusto (un spécialiste du poste), est pour le moment préféré en tant que défenseur droit. Ainsi, dans ce contexte rempli d’incertitudes et de blessures à la pelle, le grand gagnant pourrait bien être celui qui, comme il l’a déclaré dans le CFC, vient de poser ses valises dans « le pays des défenseurs », alors que l’Euro allemand approche à grands pas.
Par Marius Le Moual