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Benjamin Mendy, l’OM chevillé au corps
Formé au Havre, Benjamin Mendy s'est révélé au cours de trois saisons fructueuses à Marseille avant de partir faire les beaux jours de l'AS Monaco, de Manchester City et des Bleus. Un passage sur la Canebière qui a largement marqué le natif de Longjumeau, qui suivait déjà de près les exploits olympiens depuis le centre de formation du club normand et qui n'a jamais caché son affection pour l'OM, qu'il retrouve mercredi soir.
Dario Benedetto arrive à Marseille ? Benjamin Mendy s’enthousiasme immédiatement et félicite l’Argentin lorsqu’il inscrit un triplé à Nîmes quelques mois plus tard. L’OM remporte enfin un Classique après près de neuf ans de disette face au PSG ? Chambrage en règle des supporters parisiens sur Twitter dans la foulée. Un internaute lui demande s’il souhaite revenir dans le club qui l’a révélé au plus haut niveau un jour ? La réponse ne se fait pas attendre : « Oui. » Les anecdotes sont multiples pour illustrer l’attachement de Benjamin Mendy à l’Olympique de Marseille et plus largement à la ville dans laquelle il a joué pendant trois ans. Un passage qui l’a notamment vu s’offrir une collaboration improbable avec le rappeur Jul, lui aussi grand supporter du club, en 2015. Autant de preuves de l’affection du joueur formé au Havre pour les champions d’Europe 1993.
Ouiiii ??? https://t.co/AVB2cTo0WZ
— Benjamin Mendy (@benmendy23) October 1, 2020
À défaut de briller sur les terrains européens, l’Olympique de Marseille s’est offert cette saison une phase de poules placée sous le signe des retrouvailles avec plusieurs de ses anciens. Après Mathieu Valbuena, c’est au tour de Benjamin Mendy de croiser de nouveau, ce mercredi, la route de son club de cœur. Un club dans lequel le latéral gauche de Manchester City a évolué entre 2013 et 2016, lui qui n’a jamais caché son attachement à l’OM, qu’il suivait déjà lorsqu’il faisait ses classes au centre de formation du Havre.
« Tu vois, tu as réalisé ton rêve… »
Retour au début du mois de juillet 2013. Fort d’un cinquantaine de matchs de Ligue 2 avec le HAC, Benjamin Mendy débarque sur la Canebière à quelques jours de ses 19 ans pour renforcer l’effectif d’Élie Baup, alors vice-champion de France en titre. Un rêve pour le gamin de Longjumeau. « Il a toujours été fasciné par l’OM, même quand il était au Havre. Il disait déjà qu’il aimerait y signer un jour, se souvient Souleymane Diawara, qui évolue à ses côtés lors de sa première saison sur le Vieux-Port. Quand il a signé, je lui ai dit : « Tu vois, tu as réalisé ton rêve… » »
« Le soir, on mettait la Ligue des champions et les matchs de Ligue 1. On regardait tous les matchs, lui était pas mal passionné. » Jordan Vercleyen a joué avec Mendy jusqu’en réserve au HAC et se remémore ces moments partagés au centre de formation : « Il était passionné. Mais comme il venait de Palaiseau, il suivait Marseille, mais aussi Paris. » Si le cœur du jeune Havrais pouvait alors balancer les soirs de Classique, son camp semble aujourd’hui bien choisi. Et si le chemin n’était pas forcément tout tracé, « l’OM, ça s’est fait automatiquement au vu de ses performances » livrées lors de ses deux premières saisons comme professionnel en Ligue 2.
Droit au cœur
Pour Benjamin Mendy, la bascule a lieu lors de l’été 2014, date de l’arrivée de Marcelo Bielsa à Marseille. Mendy ne le sait pas encore, mais le technicien argentin va le faire passer dans une autre dimension au terme d’une saison vécue avec une rare intensité. Une atmosphère dans laquelle il s’épanouit pleinement, ce qui joue un rôle primordial dans son attachement au club, en partie construit lorsqu’il en portait les couleurs selon Jordan Vercleyen. « Bien sûr que ça s’est renforcé là-bas. Quand on joue dans ce club, on a souvent envie d’y retourner parce que les supporters aiment vraiment le football et le club. Tout footballeur aime cette pression, assure l’ancien comparse. Je pense que Marseille l’a fait mûrir. »
« Arriver dans le plus grand club de France en provenance du Havre… Au début, il était tout timide, il restait dans son coin. C’était comme un enfant qui rencontrait le Père Noël », image de son côté Souleymane Diawara. Un enfant qui se transforme vite en l’un des joueurs les plus respectés du championnat à son poste. Dans les chiffres, il claque même six passes décisives et faire dire à Bielsa qu’il « sera un jour une superstar ». En attendant, le jeune international espoirs se fond parfaitement dans un club fait pour lui. Franck Passi, qui a eu Mendy sous ses ordres comme adjoint puis en tant que numéro un en est convaincu : « Avec son caractère, il s’est vraiment fondu dans la mentalité du club et il a vraiment éclaté. On sait comment il est. Il a su rester proche des supporters. Je crois qu’il se sentait comme eux… » En trois saisons, l’adolescent qui suivait déjà les péripéties du club depuis le centre de formation s’en est épris pour ne jamais cesser de s’extasier à la moindre opportunité.
L’amour ne meurt jamais
Un an après avoir vu Marcelo Bielsa claquer la porte, Benjamin Mendy met lui aussi un terme à son séjour à l’OM à l’été 2016, afin d’aller voir plus haut. Direction Monaco, un titre de champion de France, une première sélection chez les Bleus, puis un transfert record à Manchester City l’été suivant. Et l’OM dans tout ça ? Jamais bien loin pour celui qui a porté le maillot olympien à 101 reprises. « Il suit toujours l’OM aujourd’hui. Quand tu passes une fois dans ce club, tu le suis toute ta vie, appuie Diawara. Cela a dû lui faire un pincement au cœur ces matchs, parce qu’il a laissé une belle image au club. Je suis sûr qu’il aurait aimé jouer au Vélodrome. » Absent le 27 octobre dernier pour la manche aller en raison d’une nouvelle blessure musculaire, il aura tout de même l’occasion de se rattraper ce mercredi.
Depuis son départ il y a quatre ans, l’intéressé ne manque jamais de s’enflammer sur l’actualité du club, à grand renfort de publications sur les réseaux sociaux. « J’aime le club. Le stade est toujours plein, tu as toujours envie de te battre pour les supporters quand tu vois comment ils aiment leur équipe, expliquait-il à FourFourTwo en début d’année. Peu importe qui tu es là-bas tant que tu mouilles le maillot. Si tu es un grand nom et que tu ne te bats pas, ce n’est pas bon. » « C’est bien qu’il soit reconnaissant, le club reste un énorme tremplin pour de nombreux joueurs vers le haut niveau, apprécie Franck Passi, qui doute toutefois de voir l’intéressé faire dans l’émotion à l’Etihad Stadium. Quand on entre sur le terrain avec un maillot, c’est pour gagner, que l’on aime ou pas un club. Les joueurs sont capables de jouer contre les clubs qui les ont formés, contre les clubs qui ont eu de l’importance pour eux dans une carrière. » Pas de place au romantisme, donc, pour cette soirée. Et pour plus tard ? « Un jour il reviendra, c’est sûr. Pas de suite parce que je pense que son objectif est aussi de gagner la Ligue des champions, mais il reviendra », est persuadé Jordan Vercleyen. L’amour ne meurt jamais, paraît-il.
Par Tom Binet
Tous propos recueillis par TB.