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Benjamin Mendy à Lorient, en peine peinard
Accusé de viols et d'agressions sexuelles par sept femmes différentes, mais acquitté - depuis cinq jours - de toutes les charges qui pesaient contre lui, Benjamin Mendy a déjà trouvé un club en s'engageant au FC Lorient. À la surprise générale.
Ce 14 juillet, l’ex-international français Benjamin Mendy a été acquitté, par la cour de Chester, des deux dernières accusations le visant (un viol et une tentative de viol), après deux semaines et demie de nouveaux témoignages glaçants du côté des deux plaignantes, et de dénégation du côté du footballeur. Au total, les dix chefs d’accusation d’infractions sexuelles, de sept plaignantes différentes (entre octobre 2018 et août 2021) n’auront donné lieu à aucune condamnation. Un homme jugé non coupable est-il pour autant innocent ? Cinq jours après la fin de ce deuxième procès, le FC Lorient a visiblement tranché concernant cette question, annonçant sans sourciller la signature du latéral pour les deux prochaines saisons. À la surprise générale (aucune rumeur n’avait fuité jusqu’ici) comme en témoigne l’embouteillage – et le crash – qu’a connu le site web des Merlus dans les minutes qui ont suivi la publication du tweet, logiquement très sobre à une époque où les annonces de transfert sont pourtant toujours plus ambitieuses.
Benjamin Mendy signe deux ans au FC Lorient.
Le communiqué ➡️ https://t.co/upslF01fWp pic.twitter.com/KzuQSLVD4f
— FC LORIENT 🐟 (@FCLorient) July 19, 2023
« Après avoir satisfait à la traditionnelle visite médicale, Benjamin Mendy, champion du monde 2018, quadruple vainqueur de la Premier League sous les couleurs de Manchester City et champion de France de Ligue 1 avec Monaco notamment, vient renforcer l’effectif lorientais pour cette nouvelle saison, écrit le club. Le natif de Longjumeau, qui portera le numéro 5 chez les Merlus, fera ses premiers pas à l’Espace FCL aujourd’hui. Bienvenue Benjamin ! » Il est vrai que, vu sous cet angle, le pedigree de l’ancien Havrais est éloquent. Mais uniquement quand, comme le FCL, on prend soin de ne pas faire allusion à ce qu’a connu Mendy depuis le 26 août 2021, date de son inculpation et de sa suspension par City.
Dans le tourbillon médiatique
Depuis, le gaucher a passé du temps à la prison privée d’Altcourse puis au centre pénitentiaire de haute sécurité de Strangeways, été décrit comme un « prédateur » par le procureur Timothy Cray, entendu se succéder les témoignages au sujet de cette villa « perdue au milieu de nulle part » et de cette prétendue chambre « au système de verrouillage de l’intérieur », lâché des larmes à la barre en jurant que tous ses rapports sexuels étaient consentis, vu son contrat à Manchester City prendre fin sans que personne ne le retienne, été débarrassé de toutes charges pesant sur lui après 687 jours de tourbillon médiatique, puis vu l’opinion publique se déchirer sur son cas. L’image familiale, saine et bon enfant du club du 56 en prend forcément un coup, d’autant plus que pas grand monde ne s’imaginait voir Mendy retrouver un club aussi rapidement, et encore moins en France, six ans après avoir quitté la Ligue 1.
L'arrivée de Benjamin Mendy, nouveau numéro 5⃣ des Merlus 🟠⚫️ pic.twitter.com/c6z8GaAgxs
— FC LORIENT 🐟 (@FCLorient) July 19, 2023
À noter que l’agent de l’ancien Citizen s’appelle Meïssa N’Diaye et que l’agence de ce dernier (Sport Cover) s’occupe également des intérêts de Régis Le Bris, Jean-Victor Makengo ou Adil Aouchiche. Vraisemblablement, les dirigeants morbihannais ont estimé que cette opportunité à saisir, sur le plan sportif (même si la carrière de Mendy est entre parenthèses depuis deux ans), valait le coup de sacrifier son éthique et d’essuyer un bad buzz qui devrait rapidement prendre des proportions non négligeables (dans la presse, chez les supporters, dans les associations, sur les réseaux, voire au stade ?). Dans le rugby, le Biarritz Olympique a connu un cas de conscience comparable, là aussi au sujet d’un international français, Mohamed Haouas (qui a lui bel et bien été condamné, à 18 mois de prison dont 9 fermes pour « violences aggravées », à un an de prison ferme pour « violences conjugales », et à 18 mois de prison avec sursis pour des cambriolages), et a fait le même choix en engageant le pilier. Ainsi va la vie dans le sport français, en 2023.
Par Jérémie Baron