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Benjamin Corgnet : « Jouer le maintien ne me fait pas peur »

Propos recueillis par Gaspard Manet
Benjamin Corgnet : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Jouer le maintien ne me fait pas peur<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après quatre saisons mitigées du côté de Saint-Étienne, Benjamin Corgnet, en fin de contrat dans le Forez, est parti se relancer du côté de Strasbourg. L’occasion de faire le point sur son expérience stéphanoise et d’évoquer le projet strasbourgeois. Rencontre avec un mec pas rancunier qui a encore pas mal de choses à montrer.

Aujourd’hui, quel bilan fais-tu de ces quatre années passées à Saint-Étienne ?J’en garde beaucoup de choses positives. À Dijon, j’ai connu des choses fortes comme mes débuts en professionnel ou la montée en Ligue 1, à Lorient j’ai également connu une belle saison, mais c’est vraiment à Saint-Étienne que j’ai vécu mes plus belles années. J’ai eu la possibilité de découvrir la Coupe d’Europe, de jouer des derbys, des gros matchs. Finalement, je ne retiens que le positif.

Pas même la frustration de ce bilan mitigé, avec ces deux dernières saisons plus compliquées ? Si, forcément… La première saison s’est super bien passée, mais dés la deuxième ça a été plus compliqué de par les choix du coach. C’est vrai qu’il m’a moins fait jouer et je n’ai pas senti beaucoup d’attention et d’envie de me mettre en confiance de sa part. Je n’ai pas eu le sentiment de faire partie d’un long projet. D’ailleurs, je n’ai jamais eu de statut de titulaire à Saint-Étienne, même si la première année s’est très bien passée.

Et justement, après ta première saison qui a été très réussie, il n’y a pas eu d’incompréhension de ta part de connaître cette situation ? Si, c’est même encore une question que je me pose. Mais, finalement, ma situation des deux dernières années ne m’a pas tellement surpris au vu de ce qu’il s’est passé dés le début, surtout après une saison plutôt réussie. On avait fini quatrième, j’avais marqué huit buts, tout le monde m’avait dit que j’avais fait une bonne saison, donc je n’ai pas vraiment compris pourquoi on ne m’a pas accordé plus de confiance par la suite. Voilà les interrogations que j’ai encore aujourd’hui.

Mais, du coup, tu n’as pas eu envie de changer de club pendant cette période ? Pour être honnête, l’an dernier j’ai eu une sollicitation des États-Unis (une offre de Kansas City, ndlr) mais ça a été la seule. Saint-Étienne voulait que je parte, mais en même temps ils demandaient une somme important pour un mec qui n’avait presque pas joué de la saison. Combien ? Je ne sais plus exactement, mais quelque chose comme 1,5 millions, ce qui paraît énorme sachant que j’étais libre, et donc gratuit, six mois plus tard.

Le rêve américain t’a titillé du coup ? C’est quelque chose qui peut éventuellement m’intéresser, oui. Mais là, le timing n’était pas super. J’ai eu la proposition en juillet et il fallait que j’y aille immédiatement, ce qui m’a paru un peu précipité pour faire bouger ma famille. Mais je n’ai aucun regret sur cet épisode-là.

Finalement, je n’en veux à personne à Saint-Étienne, mais j’ai quand même quelques regrets. Je me dis que si ça avait été quelqu’un d’autre que Christophe Galtier, peut-être que j’aurais plus eu ma chance…

Finalement, la saison dernière, tu l’as abordée de manière très défaitiste. Sans te faire d’illusions, non ? Je ne suis pas du genre à me poser trop de questions. Donc quand j’ai repris avec Sainté, mon but était de faire changer d’avis le coach. Essayer de montrer au staff et aux supporters que j’étais toujours investi et à 100% concentré sur les objectifs du club, même si, évidemment, je savais que ça allait être difficile. Et ce fut le cas, puisque j’ai joué le premier match et puis plus rien derrière… Mais je n’ai pas lâché, même quand j’étais avec la réserve, j’ai toujours fait mes matchs et je suis même parvenu à revenir dans le groupe en fin de saison. Je ne voulais pas finir mon expérience stéphanoise sans jouer, ça aurait été une grosse déception.

Mentalement, ce n’était pas une période trop délicate ? Je ne vais pas le cacher, évidemment que c’est une période compliquée. Mais bon, après, je ne suis pas le seul à vivre ça non plus. D’ailleurs, j’ai eu la chance d’être avec Jérémy Clément à ce moment-là, on a un peu vécu cette même situation tous les deux, donc c’est toujours plus facile quand tu as un pote avec toi. Mais, clairement, ce n’est pas évident de voir le groupe pro, d’aller s’entraîner avec la réserve… C’est comme ça, c’était une étape à franchir et, finalement, ça m’a encore plus donné envie de jouer au foot et je pense que ça me servira par la suite.

Tu as eu l’occasion de discuter de tout ça avec Christophe Galtier ? Non, pas vraiment. Honnêtement, je pense que l’année dernière ça ne servait plus à rien. Il ne me donnait pas d’explication sur ses choix, si ce n’est qu’il y avait un groupe en place et qu’il fallait que je continue à bosser.

Tu avais une mauvaise relation avec lui ?Non, même pas, c’est ça qui est d’ailleurs un peu bizarre. Il me disait que j’étais un joueur qu’il appréciait, qu’il n’avait jamais eu de souci avec moi. Mais bon, c’est comme ça. Après, peut-être que j’aurais du plus aller lui demander pourquoi je ne jouais pas dès le début.

Au fond de toi, tu lui en veux ? Non, je ne suis pas vraiment quelqu’un de rancunier. Mais bon, ça reste des choix que je n’ai pas compris. Même en fin de saison dernière, quand je suis revenu dans le groupe du jour au lendemain, je n’ai pas compris. Même mes potes de l’équipe, personne ne comprenait… Je n’étais pas dans le groupe et je réapparais d’un coup… Finalement, je n’en veux à personne, mais j’ai quand même quelques regrets. Je me dis que si ça avait été quelqu’un d’autre, peut-être que j’aurais plus eu ma chance…

Quand Strasbourg m’a appelé, j’ai senti beaucoup d’envie de leur part de m’avoir. J’ai parlé au président, au coach, aux personnes responsables du recrutement, tout ça m’a donné envie de venir et en deux jours c’était bouclé.

Et justement l’arrivée d’un nouveau coach cet été ne t’a pas fait changer d’avis ? Ah, mais moi, je n’ai pas eu à changer d’avis car personne au club n’est venu me voir. Ça aurait pu être différent si quelqu’un était venu me parler, je n’en sais rien. Personnellement, au cours de mes quatre années à Saint-Étienne, même quand ça se passait moins bien, je n’ai jamais craché sur le club, ni sur personne, car c’était vraiment un club que j’apprécie et où je me sentais bien. Donc si la possibilité que je reste s’était posée, évidemment que j’aurais réfléchi ! Mais encore une fois, personne n’est venu me voir. Donc à partir de là, il fallait que j’avance. Ils m’ont fait un bel hommage en fin de saison, m’ont souhaité bonne chance pour la suite, mais personne ne m’a demandé quoi que ce soit…

Comment s’est fait le choix de Strasbourg ? J’ai commencé la reprise un peu tout seul. J’étais encore du côté de Saint-Étienne puisqu’on avait toujours notre maison là-bas, donc j’ai fait quelques footings, un peu de renforcement, un peu de gainage… J’avais vraiment envie de trouver un challenge rapidement, car c’est compliqué de s’entraîner tout seul et, surtout, dans mon cas, je sortais d’une saison difficile : je venais de passer la trentaine, donc j’avais un peu peur de n’avoir pas beaucoup de sollicitations. Et puis, finalement, j’ai eu quelques propositions, notamment deux ou trois sérieuses, mais quand Strasbourg m’a appelé, j’ai senti beaucoup d’envie de leur part de m’avoir. J’ai parlé au président, au coach, aux personnes responsables du recrutement, tout ça m’a donné envie de venir et en deux jours c’était bouclé.

Tu n’as pas d’appréhension à l’idée de jouer le maintien après avoir connu la Coupe d’Europe et le haut du classement ? Non, pas du tout. Comme je te disais, ces dernières années m’ont vraiment encore plus donné envie de jouer au foot, de retrouver le plaisir, et c’est vraiment ce que j’ai envie de faire ici. Il y a un bon groupe, un beau projet, toute la ville est derrière nous, je pense qu’il y a de très belles choses à faire ici. En plus, le fait qu’il y ait un gros public ici ne me changera pas trop de Saint-Étienne (rires). Le maintien, je l’ai déjà joué avec Dijon. Même à Lorient on a connu des situations compliquées, donc ça ne me fait pas peur. Au contraire, ça me motive. Et si on arrive à s’en sortir, ça sera une année magnifique.

Tu as été bien accueilli, tu connaissais des joueurs ? Je n’en connaissais pas vraiment, non, mais j’ai été très bien accueilli. Vu que je suis venu assez rapidement, ça m’a permis de faire le stage avec le groupe et donc de bien faire connaissance avec les gars et tout le staff.

Le marché de Noël ? Je le connais déjà ! En fait, je suis né à Metz, donc étant petit j’y suis déjà allé quelques fois…

Pour ton bizutage, qu’as-tu chanté comme chanson ? La même que d’habitude, Cendrillon de Téléphone. C’est une chanson que je connais par cœur, même si ça faisait quatre ans que je ne l’avais pas chantée, finalement (rires). Mais bon, elle est revenue facilement. Maintenant, j’espère juste ne pas la chanter de si tôt…

Et tu as eu le temps de visiter un peu la ville ? Ouais, carrément. Franchement, c’est une super ville. Le centre-ville est vraiment magnifique. Les alentours sont aussi très sympas. Le cadre de vie a l’air vraiment agréable. Bon, après, j’ai eu mon déménagement et pas mal de trucs à faire, mais je vais avoir l’occasion de découvrir encore plus dans les mois à venir.

Tu auras surtout l’occasion de découvrir le fameux marché de Noël en fin d’année… Ouais, mais attends, je le connais déjà ! En fait, je suis né à Metz, donc étant petit j’y suis déjà allé quelques fois. Mais c’est sûr que je vais redécouvrir ça avec plaisir cette année, car c’est vraiment quelque chose de magnifique.

Avant d’emménager, tu es allé vivre chez ton oncle et ta tante, la collocation s’est bien passée ? C’est vrai que j’ai la chance d’avoir mon oncle et ma tante qui vivent ici, ça m’a permis de ne pas passer mes premiers jours à l’hôtel, tout seul, c’était plus sympa d’être avec eux. Et, ouais, ça s’est super bien passé (rires). Je n’ai pas une grande famille, donc les proches ce sont vraiment des personnes avec qui je m’entends très bien.

Rassure-nous, ça y est, la famille Corgnet est bien installée ? Ouais, tout est réglé. Tout le monde est installé. On a trouvé l’écolé pour les enfants, tout va bien. Maintenant, on va pouvoir se concentrer pleinement sur le championnat pour faire une bonne saison.

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