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Benjamin Corgnet : « Je n’aurais jamais rêvé ni espéré cette carrière »

Propos recueillis par Clément Barbier et Antoine Beaudet
8 minutes
Benjamin Corgnet :  «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je n&rsquo;aurais jamais rêvé ni espéré cette carrière<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Benjamin Corgnet a profité de la fin des vacances pour faire part de sa retraite, à l'âge de 35 ans. Le moment idoine pour demander à l'élégant milieu passé par Dijon, Lorient, Saint-Étienne et Strasbourg de revenir sur sa carrière.

Benjamin, pourquoi avoir choisi de prendre ta retraite cette année et pourquoi l’annoncer fin août ?Ça faisait quelque temps que j’avais réfléchi à ça. J’avais fini la saison à Bourg-en-Bresse, en National, et je pensais en recommencer une en entamant une reconversion en parallèle. Finalement, ça ne s’est pas fait. J’ai donc décidé d’arrêter et d’entamer directement ma reconversion. Ce n’est jamais évident à prendre, comme décision. Ça fait deux ans que je suis parti de Strasbourg, que j’en ai fini avec la Ligue 1. Le projet de Bourg m’avait bien tenté, surtout que ça me permettait de revenir dans la région lyonnaise, où l’on a acheté notre résidence, mais dans l’idée, je savais qu’après cette année et demie de contrat, je pouvais passer à autre chose et entamer ma nouvelle vie.

En quoi va-t-elle consister, cette nouvelle vie ?Dans un premier temps, je vais passer mon Dugos (Diplôme universitaire gestionnaire des organisations sportives, NDLR). Ça se fait par correspondance, sur deux ans, avec l’école de management de Lyon, ça permet de connaître toutes les bases d’un club. Beaucoup de joueurs l’ont fait pendant leur carrière parce qu’il faut être rattaché à une structure. Je ne suis plus joueur, mais je pourrais tout de même le faire avec Bourg-en-Bresse et d’une manière un peu plus approfondie. Ça suppose que je devrais venir deux fois par semaine au club, dans le cadre des modules que je vais passer, mais aussi pour comprendre un peu plus en détail la structure d’un club.

Il y a beaucoup de fierté quand je repense à ma carrière parce que je pars vraiment de loin.

Quel est l’objectif final ?Je ne sais pas. Je le fais avec Bourg parce que j’ai fini là-bas, parce que j’ai de bonnes relations avec le président (David Venditelli, NDLR), parce qu’il y a un projet assez sérieux qui se met en place ici. Maintenant, je dois aussi voir de mon côté ce qui peut me plaire. Pour le moment, je me dis que je préférerais rester du côté du sportif, mais le fait de balayer tous les secteurs, ça va peut-être me donner envie d’aller dans un domaine auquel je ne pense pas actuellement. En tant que joueur, on ne connaît rien de la structure d’un club et de l’envers du décor.

Concrètement, quel est le projet du FBBP 01 ?Depuis que le président est arrivé il y a un an et demi, l’idée est de remonter en Ligue 2 et de continuer à bien se structurer – ce qu’il fait actuellement en recrutant des gens à des postes précis. Alors pourquoi pas avoir un poste dans ce club.

Avec du recul, as-tu des regrets de ne pas avoir accompli certaines choses dans ta carrière de joueur ?Non, je ne regrette rien. Il y a beaucoup de fierté quand je repense à mon parcours parce que je pars vraiment de loin. Ce n’était pas un truc auquel je m’attendais il y a douze ans quand j’ai signé pro. Déjà, être en Ligue 2, c’était beau. Puis la Ligue 1… Ce n’est même pas un truc dont je rêvais ou que je pouvais même espérer il y a quelques années. Bien sûr que j’aurais pu faire mieux, mais ce ne sont pas des regrets. Chaque expérience m’a permis de grandir et d’être l’homme que je suis actuellement.

Le BTS d’opticien, qui a repoussé ton arrivée dans le monde pro, en fait évidemment partie. Qu’est-ce qui t’a tant plu dans ce domaine-là ?À l’époque, j’avais passé mon bac S et je voulais être kiné dans le monde du sport. L’idéal, c’était dans le foot, donc j’avais entamé des études en fac de médecine que je n’avais pas réussi à avoir. Après, je suis parti une année en prépa kiné. Mais pareil : c’était sur concours avec des listes d’attente. Ça faisait déjà trois ans que j’avais le bac, que je galérais et je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose de stable. Beaucoup de personnes qui étaient en médecine et en prépa kiné se retrouvaient en BTS optique à ce moment-là, et comme c’est un secteur qui me plaisait, je m’y suis lancé. J’ai eu mon BTS à la fin des deux ans.

Lors de ma dernière saison à Saint-Étienne, j’avais des touches aux États-Unis, mais ce n’était pas le moment.

Tu as mené une carrière 100% hexagonale. Une expérience à l’étranger ne t’a jamais tenté ?Je ne l’ai jamais vraiment cherchée. La Ligue 1, c’était déjà quelque chose de beau. J’aurais pu avoir l’opportunité, une fois. Lors de ma dernière saison à Saint-Étienne, j’avais des touches aux États-Unis, mais ce n’était pas le moment. Je venais d’avoir mon deuxième enfant, ce qui aurait rendu le déplacement difficile d’un point de vue familial. À l’époque, j’ai préféré refuser. De toute façon, j’ai toujours dit que je préférais évoluer en France.

Pourtant, tu as aussi goûté à l’Europe, comme ce match en Moldavie, en 2015, contre Milsami, où tu as marqué ton seul but en Coupe d’Europe ?Je m’en souviens très bien. Marquer dans une affiche européenne, ça a une saveur différente. Surtout que le déplacement à Milsami (dans le cadre des barrages de la Ligue Europa, NDLR) était particulier. L’approche du match, le voyage, c’est top, et je suis très heureux d’avoir pu vivre ça. Je pense qu’avoir des expériences de vie à l’étranger aurait pu être top, mais je ne voulais pas que le foot prenne le dessus sur la vie de famille. Si c’est pour aller à l’étranger, mais que ma femme reste en France avec les enfants, c’est hors de question.

Quel est le but qui t’a procuré le plus d’émotions ?Celui contre le PSG, avec Sainté. On fait 2-2 à l’époque. C’était vraiment quelque chose de particulier : il y avait une super ambiance, ma famille et mes amis en tribunes… C’était vraiment particulier pour moi à ce moment-là.

Christophe Galtier, lui, c’est humainement et dans la communication qu’il est très à l’aise et très fort.

À Sainté, justement, tu as évolué sous les ordres de Christophe Galtier. Est-ce l’entraîneur qui a le plus influé sur ton jeu ?Tous les entraîneurs ont eu de l’importance. Au départ, j’ai eu un super feeling avec Patrice Carteron à Dijon. Je suis resté peu de temps avec Christian Gourcuff à Lorient, mais en l’espace de dix mois, il m’a énormément appris tactiquement. C’est ce qui me manquait un peu, parce que je n’ai pas fait de centre de formation. Christophe Galtier, lui, c’est humainement et dans la communication qu’il est très à l’aise et très fort. Il m’a aussi appris, tout comme Thierry Laurey à Strasbourg, mais ceux qui m’ont le plus marqué au niveau tactique et feeling sont Gourcuff et Carteron.

Tu as senti une forme de décalage avec tes coéquipiers qui ont fait le centre de formation ?Pas du tout. Je ne me suis jamais pris la tête avec ça. Je pense que le fait d’avoir dans ton effectif des joueurs qui ne sont pas formatés de la sorte, ça peut être un plus. En tout cas, je l’ai vraiment vécu de cette manière. Ça n’a jamais été un inconvénient pour moi, au contraire, j’étais certainement plus frais sur le plan physique et mental.

Tu t’es fait des potes dans le milieu du foot ?Énormément. Dans à peu près chaque club où je suis passé, j’ai noué des liens forts et je garde encore contact avec beaucoup de personnes, pas que sur les réseaux sociaux. Encore maintenant, je suis souvent au téléphone avec eux. On échange, nos femmes s’appellent aussi… Le foot a été vraiment important pour cela, j’ai pu me faire des amis dans toutes les villes où je suis passé.

Pour les Bleus, je n’ai jamais été en contact avec personne. J’apprends même l’existence de préconvocations : à l’époque, je n’avais rien reçu de la sorte.

En 2012, ton nom est annoncé proche des Bleus. Comment as-tu vécu ces rumeurs ?J’étais à Dijon, et on parlait de moi en équipe de France. Mais je n’ai jamais été en contact avec personne. J’apprends même l’existence de préconvocations : à l’époque, je n’avais rien reçu de la sorte. Je pense que le DFCO et Patrice Carteron avaient bien aimé en parler pour faire monter ma cote et, si je partais, augmenter le prix. Moi, ça ne me dérangeait pas, c’était plus de la com’ que quelque chose de concret.

Mais avec toi, on aurait peut-être fait mieux qu’un quart de finale à l’Euro 2012, non ?(Rires.) Honnêtement, je suis content de ma carrière. Je n’ai pas la prétention d’avoir eu à un moment donné une place en équipe de France. Je ne dénigre pas les Bleus – loin de là -, mais c’est sûr que j’aurais aimé qu’à l’époque, ils aillent plus loin.

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