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Benjamin Biolay : « Le maillot de Saint-Étienne me dégoûte »
« Pour le match, je suis baisé. » C’est jeudi, nouveau soir d’Europe pour l’OL et promo qui bat son plein pour Benjamin Biolay, à quelques jours de la sortie de « Vengeance » (5 novembre). Le temps paraît serré, mais le chanteur sait s’y prendre pour l’étirer au moment de faire défiler le début de saison lyonnais et quelques souvenirs au passage. Sans autre réserve que celle familière à bien des Gones.
Le titre de ton précédent album, « La Superbe » , allait bien avec ce que l’OL a pu vivre toutes ces années de domination. Le prochain, « Vengeance » , pourrait raconter aussi quelque chose de l’équipe du moment ?J’aimerais bien qu’il y ait cette notion de vengeance, de revanche à prendre. J’ai quand même l’impression que l’effectif est motivé. Après, quand t’es lyonnais, tu sais comment on est : on parle pas. Ou quand on parle, on parle mal. A en paraître arrogants parfois.
Un type qui ne parle pas, c’est Malbranque… C’est le meilleur depuis le début de saison. J’ai eu les boules qu’il signe chez les Verts. Heureusement, il a signé dix minutes ! (Rires) Sur le coup, j’ai compris qu’il se passait quelque chose d’ingérable pour lui, aussi bien sportivement qu’humainement. Quand le club l’a fait revenir cet été, j’ai été un peu sceptique. Jusqu’à ce que je le vois jouer en CFA sur OL TV. Quand il joue, tu repères l’effet Pemier League : le mec qui va constamment de l’avant, qui te fout jamais la gonfle 50 mètres derrière quand il l’a récupérée.
Il y a aussi une histoire de come back à la maison-mère qui plaît à Gerland.Face à Brest, il a eu une belle ovation quand Rémi (Garde) l’a sorti. C’est quand même pas le genre de la maison, comme ça, aussi vite. Après, c’est l’intelligence de Rémi Garde de lui avoir proposé de rejouer avec la réserve au cas où. Gérald Baticle a checké l’affaire avant d’envoyer très vite des rapports : « Steed, il pète le feu ! Il faut le faire signer ! » Là, Rémi a tout de suite compris. Pour moi, ce retour après une année de break, c’est une leçon de vie. A méditer dans bien des métiers.
« Gonalons, c’est une bénédiction »
Si le milieu lyonnais tourne, c’est aussi grâce à Gonalons qui a fait ses débuts dans ton club, à Villefranche-sur-Saône…Je crois qu’il a gardé de la tendresse pour le FCVB. Comme moi, il a d’ailleurs mis un peu d’argent dans l’affaire. Si un jour il y a un gros transfert le concernant, pour l’économie d’un club qui vise la montée de CFA en National, tu peux t’acheter huit joueurs ! (Sourire) Max, c’est une bénédiction pour le club.
Tu le vois partir un jour ?
Dans l’absolu, c’est possible. Le président Aulas vient de dire qu’il lui fallait trente bâtons… Mais Rémi Garde s’opposera farouchement à son départ. Et puis, ce serait un coup à foutre le feu à Gerland ! Max est devenu un très bon joueur qui commence à avoir une putain d’expérience. Même s’il y a encore des moments où tu vois qu’il y va pour faire mal.
Grenier a failli partir, lui, avant de s’imposer façon boy next door. Lui, il a le potentiel d’une star. Techniquement, il est très, très à l’aise. Les mecs à l’entraînement sont unanimes : il fait des trucs de fou !
Un peu comme Ben Arfa…Hatem à l’entraînement, il les énervait tellement ! Avec Squilacci, ça a fini par mal se passer. L’autre lui met un grand pont, « Va te faire enculer ! » , « Et ta mère ! » , et bam ! Clément, lui, il a quand même une belle vision du jeu.
Il a surtout ce geste, la passe, sans doute le plus apprécié à Gerland.C’est vrai que c’est beau à regarder, mais ça n’a pas empêché de se faire enculer par Bordeaux. C’est peut-être pas toujours efficace, mais c’est quand même plus agréable à regarder que sous Puel.
Gagner moins, mais jouer mieux, alors ?J’ai 40 ans. Je ne suis pas un footix. L’OL, je l’ai connu tellement mal…
C’est quoi tes premiers souvenirs de matchs à Gerland ?Le tout premier, c’était pour voir Villefranche, quand les deux clubs jouaient en D2, en 1982. J’avais neuf ans. Mais le plus beau, ça reste encore la remontée en 1989 avec Raymond et le but de Jacky Colin. Tout ce qui vient après, pour moi, c’est caviar à volonté.
Tu fais partie des nostalgiques de la période de domination ?Un peu, ouais. Ce qui m’énerve le plus, c’est la gestion de cette époque-là. Il y avait du fric de partout. Je crois même que les dirigeants négociaient à peine les joueurs. Ils prenaient une liste et ils disaient : « C’est combien Lloris ? C’est 5 ? Bon, on le prend à 8 ! » Et c’était signé dans l’après-midi. Ce que je déplore aussi, c’est qu’à cette époque, on ait enrichi le LOSC comme des cochons. (Sourire) Avec des transferts tous plus foireux les uns que les autres. Sauf Abidal.
Qui reprend l’entraînement…Ce mec est un héros. Je me rappelle la première galère, il y a un an et demi. Tout le monde était effondré dans le vestiaire du Barça et on m’a dit que c’était lui qui était venu faire les blagues. A Lyon, je sais que certains lui en veulent toujours pour son quart de Ligue des champions face au Milan (en 2006, ndlr). Moi, je resterai toujours indulgent avec les défenseurs. Alors que pour un milieu de terrain qui perd un ballon facile avec un but derrière ou Bafé et Jimmy qui manquent des occasions impossibles, je deviens complètement hystérique. Jimmy, j’ai envie de lui dire : « N’essaye même plus de cadrer et vise la tribune ! » Des fois qu’elle rentrerait. Comme il tire surtout sur la foule, les mecs ont même fini par l’appeler « Pinochet » ! (Rires)
Il a aussi ce côté qu’on ne voit pas forcément, du joueur abrasif qui ne ménage pas sa peine.Quand il est à droite, c’est rare qu’on s’en prenne un de son côté. Comme avec Sidney, l’attaquant qui mettait le moins de buts au monde. François Clerc, le plus mauvais latéral de l’histoire de l’OL, lui doit sa carrière. Je le suis pas trop à Nice, mais il rame là, non ? Ah mais non ! Il est à Saint-Étienne ! Bon, il est mort ! (Rires)
« La caisse noire du président Rocher, je me rappelle très bien »
T’as calmé le jeu avec les supporters stéphanois ?Je ne calmerai jamais le jeu ! Si je ne joue pas à Saint-Étienne, c’est par conviction. C’est le club que je déteste le plus ! J’aime pas leur maillot, ça me dégoûte ! Et puis, c’est un club qui n’a pas arrêté de nous faire la morale. Parce que moi, la caisse noire du président Rocher, je me rappelle très bien : double billetterie dégueulasse pour éviter de payer les taxes. Il y a eu aussi le mépris à notre endroit pendant des années. Après, ils ont su avoir une finesse dans le recrutement qu’on n’a pas eue forcément. Quand ils prennent Matuidi à Troyes, le mec fait à peine 40 kilos. Je l’ai vu dans la rue l’autre jour, il est toujours gringue. Licha te fait la même impression hors du terrain.
Un autre type qui ne parle pas, lui aussi mystérieux. Intelligent surtout. Parce qu’en privé, il parle, en français. La gloire, lui, il en a rien à secouer. Mais une fois sur le terrain, quel engagement ! Quelle colère ! Il est même sans pitié. Pour moi, c’est l’archétype du joueur argentin. Alors que je suis désespéré quand je vois Lavezzi et Pastore qui font passer les Argentins pour des starlettes brésiliennes.
Réveillère a manqué de les côtoyer. Le type revient et continue malgré tout à faire le boulot.C’est dur ce qui lui est arrivé. C’est quand même l’un des derniers glorieux de la grande époque et toujours l’un des deux latéraux de l’équipe de France, avec Debuchy qui est meilleur en ce moment. Le jour où il a annoncé qu’il ne se ferait pas opérer, je me rappelle du Professeur Moyen qui avait déclaré : « Il ne rejouera jamais. » Il revient en trois mois et Puel lui dit à son retour : « Qu’est-ce que tu branles ! » Rien que pour ça, je l’adore.
Il y assez peu de joueurs qu’on n’aime pas finalement à Lyon.Il y a assez peu de joueurs que j’ai dans le pif. Ederson, je pouvais pas le blairer, même si je sais que le mec est charmant. Et quand j’ai vu l’affaire des 30 millions à combler, je me suis dit, c’est exactement Gourcuff. Je sais pas ce qui lui arrive à ce garçon…
Son début de saison sentait bon la relance.Mais il y a encore quelque chose qui ne va pas. Pour moi, il est venu salement de Bordeaux. Et quand c’est pas propre, ça peut vraiment te casser.
Il sortait aussi de Knysna.Ouais, le truc foireux, les claques de Ribéry… Moi, j’y étais pas. J’ai juste eu des échos de ce bus, par un pote de Mandanda. Lui voulait descendre. On lui a fait comprendre que c’était pas une bonne idée. La fin de l’ère Raymond.
Comme d’autres Lyonnais, tu l’aimes un peu Raymond ?Je l’adore ! Avant l’arrivée de Rémi, je me disais même : « Pourquoi pas Raymond ? » Tu fais chier tout le monde. Un truc pas très lyonnais…
Propos recueillis Serge Rezza
Retrouvez le classement des joueurs de l’OL dans le Rank’n’OL sur le blog OL Dirty Bastards
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