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Benítez, Red dans l’âme
De retour en Premier League sur le banc de Newcastle après une année passée dans les limbes de la seconde division, Rafael Benítez retrouve Liverpool ce dimanche. Son Liverpool, avec qui il a passé les meilleurs moments de sa carrière d’entraîneur.
Beaucoup l’avaient oublié. Zappé. Balayé de leur cerveau. Il faut dire qu’après une jolie série Inter-Chelsea-Naples-Real Madrid, Rafael Benítez avait choisi de poser son postérieur à Newcastle pour jouer le maintien en Premier League. Pas la même classe. Surtout que la mission était trop difficile pour la mener à bien. Habitué aux sommets, l’Espagnol partait donc pour l’aventure Championship, dont la couverture médiatique est logiquement moins présente. Voilà sûrement pourquoi certains l’ont éjecté de leur mémoire. Sauf qu’à Liverpool, qu’il reçoit ce dimanche à Saint James’ Park après avoir tenu son rang dans l’échelon inférieur et remporté la deuxième division anglaise, les souvenirs positifs concernant l’homme restent intacts.
Amour, gloire et trophées
Quoi de plus logique, finalement ? L’amour mutuel entre les deux parties, même séparées, dure maintenant depuis plus de dix années. Comme un couple qui aurait brisé l’union en bons termes et qui prendrait un plaisir fou – mais non charnel – à se revoir. C’est simple : Benítez et Liverpool s’aiment pour ce qu’ils ont vécu ensemble, et ces sentiments ne disparaîtront jamais, même si leurs routes ne sont désormais destinées qu’à se croiser. « Évidemment, c’est un match spécial pour moi, n’a d’ailleurs pas caché l’entraîneur en conférence de presse. Il y aura de l’émotion. Toutes ces années, tous ces bons souvenirs…(…)J’y ai connu plein de choses positives et j’ai gardé de très bonnes relations avec les supporters, y compris avec les familles victimes de Hillsborough. Donc ça va être émouvant et faire remonter plein de souvenirs. »
Petit flashback. Alors qu’il n’a connu que des amoureuses provenant de son pays natal durant trente ans, Rafael ressent le besoin de l’étrangère. C’est ainsi qu’en 2004, il tombe dans les bras d’une Anglaise aux joues toute rouges, comme lui, disposée à faire un bout de chemin avec ce nounours madrilène pas forcément sexy, mais hyper attachant. L’idylle va durer six saisons. Avec, en plein cœur de la relation, des moments de folie pure. Comme cette Ligue des champions accrochée en 2005, achevée par une finale – le « miracle d’Istanbul » – devenue un classique. Au total, les Reds version Benítez auront glané trois titres (une C1 donc, une coupe d’Angleterre en 2006 et un Community Shield la même année) et échoué trois fois en finale (C1 2007, Coupe du monde des clubs 2005, League Cup 2005). Et s’il n’a jamais pu attraper le titre national, Graal suprême plus vu à Anfield depuis 1990, se contentant d’une deuxième place en 2009, l’Hispanique de 57 ans peut au moins se targuer d’être le manager de Liverpool ayant disputé le plus de matchs européens dans l’histoire du club, devant Bill Shankly.
Alors forcément, l’affection que porte Rafa à Liverpool (et vice versa) ne pouvait s’envoler. Même quand il a fallu partir, le coach a fait ça dans les règles de l’art, versant la moitié de ses indemnités de départ à des associations comme le Hillsborough Family Support Group(qui, comme son nom l’indique, représente les victimes du drame d’Hillsborough). Quelques mois après, le technicien n’oublie pas son ex lorsqu’il remporte la Coupe du monde des clubs avec l’Inter, Italienne délaissée par José Mourinho : « Je dédie ce titre à ma famille, à tous ceux qui sont proches de moi, au personnel technique, aux joueurs, à tous lestifosi de l’Inter, et aussi un peu aux fans de Liverpool, car nous n’avons pas réussi à le ramener en 2005. »
Lors des précédentes retrouvailles, Liverpool et Benítez avaient fait les choses bien, se laissant comme deux bons amis faisant le spectacle. En avril 2013, Monsieur était venu rendre visite aux Reds accompagné de Chelsea. Trois ans plus tard, il était également passé faire un coucou avec Newcastle, sa compagne du moment. Résultat : deux matchs nuls sur le score de 2-2. Avec toujours un formidable accueil de la part des supporters. Ce qui lui fait dire aujourd’hui qu’il est à l’aise au milieu des Rouges, et qu’il garde des liens fiables avec eux : « Ma famille habite toujours Liverpool, donc c’est chez moi. À Newcastle, je me sens comme à la maison, mais ma vie est aussi là-bas. » Et tant pis si André Malraux considère que « les amours fougueuses, intemporelles n’appartiennent qu’à l’âge tendre » .
Par Florian Cadu