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Benítez, le blocage de Mourinho
Si José Mourinho n'a jamais perdu une occasion pour dénigrer Rafael Benítez par le passé, le Portugais fait moins le fier quand il doit défier l’Espagnol. Car depuis quelque temps, l’entraîneur de Manchester United galère énormément à sortir vainqueur des confrontations qui l’opposent à celui de Newcastle.
Si l’on pouvait calculer et énumérer les sorties médiatiques acerbes de José Mourinho à l’encontre de ses confrères, il serait sûrement facile de distinguer les ennemis préférés du Portugais. Parmi ces derniers, les deux principaux se nommeraient à coup sûr Pep Guardiola… et Rafael Benítez.
Rien de plus logique, finalement : les deux Espagnols représentent les deux entraîneurs à avoir fait le plus souvent tomber le Lusitanien (dix fois pour le Catalan, six pour le Madrilène d’origine) devant Mark Hughes, Mauricio Pochettino et Antonio Conte (quatre fois chacun). De quoi exciter plus que de raison le Special One.
Des mots pour étouffer la réalité
Raison pour laquelle, entre autres, Mourinho bloque sur son homologue et ne perdait jamais une occasion de le maltraiter publiquement par le passé à coups de punchlinesverbales envoyées face à la presse. Les exemples sont légion : le Mou balance sur le poids corporel de Benítez et sur Madame (juillet 2015), le Mou se moque de Benítez avec Maicon (novembre 2012), le Mou remet en question les qualités de Benítez (novembre 2010)… Bref, le Mou n’aime pas Benítez (lequel le déteste en retour) et ne se fait pas prier pour le faire comprendre.
Mais en enchaînant les gros mots à l’intention de son rival, José souhaitait également larguer au second plan – voire cacher – ses résultats moyens obtenus contre Rafael. En bon adepte de la communication agressive, le roi des conférences médiatiques tentait ainsi d’accentuer la virginité du palmarès du coach de Newcastle depuis 2013 (celui de Manchester United ayant soulevé cinq trophées pendant ce temps), espérant par ricochet balancer sous le tapis la réalité offerte par les confrontations directes.
Le vent tourne vers l’Espagne
Que dit-elle, cette réalité ? D’abord, les chiffres sont formels : avec huit succès et quatre nuls en 18 combats contre Benítez (quatrième adversaire le plus rencontré derrière Guardiola, Arsène Wenger et Hughes), le bilan global est positif pour Mourinho. C’est tout juste, mais il est positif. Un point pour lui, donc. Cependant, une autre vérité ressort si les statistiques sont davantage épluchées.
Premièrement, personne parmi les hommes à avoir affronté au moins dix fois le Red Devil ne se montre plus dangereux que le Magpie (hormis Guardiola, comme établi précédemment) pour le Mancunien. Deuxièmement, la balance penche nettement en faveur de l’ancien de Valence ou de Naples si l’on regarde uniquement les neuf derniers duels. Depuis avril 2006, l’ex de Liverpool a en effet fait tomber son alter ego à cinq reprises (pour un seul match nul), la dernière en février dernier. Avec Newcastle, qui plus est. Et encore, l’un des succès mourinesques est comptabilisé alors qu’il n’a servi à rien (1-0 en demi-finale aller de la Ligue des champions 2007, revers 4-1 aux tirs au but au retour). Cette fois, pas de « but fantôme » en guise d’excuse.
La mettre en veilleuse
Une nouvelle fois attaqué gratuitement par Mourinho en 2014, Benítez avait d’ailleurs répondu par une réplique bien sentie (de manière plus discrète et moins foudroyante, certes), mettant en avant les énormes effectifs et les dépenses financières dont pouvait jouir son concurrent : « À Liverpool, avec la moitié de la valeur de l’équipe de Chelsea, nous les avons sortis deux fois de la Ligue des champions. »
Face à ces constats, le natif de Setúbal n’a pas eu d’autres choix que de se calmer. « Je ne pense pas que la rivalité était avec Rafael. Plutôt entre les clubs, mais pas entre nous. Nous sommes deux entraîneurs de la même génération, nous sommes venus en Angleterre la même saison et nous avons tous deux eu du succès dans les compétitions européennes, a-t-il même déclaré sur Sky Sports en 2017. C’est normal qu’il y ait de la rivalité lors des grands matchs comme Liverpool-Chelsea, mais je respecte son talent et sa carrière, et je voudrais croire qu’il ressent la même chose. » Le grand méchant Mourinho aurait-il finalement plus peur du gentil Benítez qu’il ne voudrait le faire croire ?
Par Florian Cadu