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Benfica-Sporting: un derby, deux mercatos
Cela faisait longtemps qu'un derby entre frères lisboètes n'avait pas suscité autant d'intérêt au Portugal. Respectivement 1er et 2e, Benfica et le Sporting veulent gagner pour prendre une option dans la course au titre. En attendant de connaître le résultat du deuxième « derbi eterno » de la saison, il est un terrain où l'on peut départager les deux rivaux : le mercato hivernal.
« Luis Neto est un joueur intéressant. » Cette phrase lâchée par Jorge Jesus lors de la conférence de presse d’avant derby lisboète en dit long sur le futur de l’international portugais et joueur du Zénith. Mais l’entraîneur de Benfica rappelle surtout que le mercato hivernal n’est pas terminé partout. Russes et Ukrainiens ont par exemple respectivement 20 et 22 jours devant eux pour terminer leurs achats hivernaux. Car si le nom de Luis Neto circule actuellement dans la presse portugaise, c’est dans le cadre d’un échange avec Ezequiel Garay. L’ancien joueur du Real Madrid est la priorité de Luciano Spalletti, qui souhaite renforcer sa charnière centrale avant d’attaquer la deuxième partie de la saison. Après Nemanja Matić parti éclabousser la Premier League de son talent, Benfica va donc peut-être se séparer d’un deuxième cadre cet hiver. Évidemment, la SAD préférerait ne pas lâcher l’Argentin de 27 ans, car quand bien même Neto rejoindrait la Luz en contrepartie, il n’est jamais bon de chambouler une charnière centrale dont le bon fonctionnement repose avant tout sur les automatismes entre les éléments qui la composent. Mais les avantages que présente la vente de Garay sont également – sinon plus – nombreux. On parle là d’un joueur dont le contrat expire dans 18 mois et qui n’a aucunement envie de prolonger son expérience à la Luz. Le garder ne serait-ce que six mois supplémentaires, c’est s’exposer un peu plus au risque de le lâcher gratuitement. Enfin, et même s’il devrait y avoir des offres cet été, elles seront probablement moins intéressantes que celle du Zénith. Ce dernier détail compte énormément lorsqu’on sait que 50% du montant du transfert reviendra au Real Madrid, détenteur de la moitié des droits de Garay.
À la recherche de la victoire low-cost
Bref, cet hiver Benfica doit trouver le parfait compromis entre équilibre économique et compétitivité. Luis Filipe Vieira ne peut plus se permettre de balancer de l’argent par les fenêtres. Le mercato estival made in Serbie a laissé des traces sur les comptes d’un club déjà bien amoché alors que le fair-play financier se met doucement en place. L’élimination prématurée de Benfica de « sa » Ligue des champions n’arrange pas les choses. Mais d’un autre côté, le président sait que les socios du club attendent des titres, et pas seulement la Coupe de la Ligue. L’incroyable raté de la saison dernière oblige Jorge Jesus et compagnie à gagner au moins le championnat. Porto affaibli et le Sporting en reconstruction, il semblerait que la Liga Sagres tende les bras aux Aigles. Voilà pourquoi Vieira a préféré céder son bijou Rodrigo à un fonds d’investissement plutôt qu’à un autre club, et qu’il demande une grosse somme plus un autre joueur en échange de Garay. Mais si Benfica gère plutôt bien son mercato hivernal, les Aigles peuvent tout de même regretter de ne pas avoir accepté l’offre de 15 millions d’euros du Fenerbahçe pour Cardozo l’été dernier. D’une part parce que le Paraguayen ne fait plus l’unanimité à la Luz, de l’autre parce que le vice-champion du Portugal aurait eu besoin de cet argent pour conserver Matić. Car pour le moment, son timide compatriote est loin d’avoir le même rendement, bien qu’il ait montré des qualités défensives intéressantes. Le « derbi eterno » de ce soir en dira plus sur le Serbe et sur le mercato benfiquista en général.
William Carvalho reste à la maison
Du côté d’Alvalade, tout va forcément un peu mieux. La politique d’austérité et le pari « centre de formation » enclenchés depuis l’élection du Président Bruno de Carvalho portent leurs fruits et permettent au Sporting de viser le Graal. Meilleure attaque et meilleure défense du championnat, le dauphin de Benfica a l’opportunité de remporter son premier titre de champion du Portugal depuis la saison 2001-2002. Et si Leonardo Jardim nie avoir l’ambition de terminer 1er de la Liga Sagres cette saison, le mois de janvier des Leões pousse à croire le contraire possible. Pas tant sur le plan comptable, puisque le Sporting a perdu des points en chemin et ainsi loupé l’opportunité de passer devant son adversaire du jour tout en lâchant le FC Porto, que sur le marché des transferts. À l’inverse de Benfica, Bruno de Carvalho a pu se permettre de garder son principal atout – William Carvalho – malgré les coups de fil des plus grands d’Europe. Un coup à deux bandes de la part du président sportinguista. En gardant son milieu polyvalent, il reste non seulement compétitif, mais pourrait aussi profiter d’une fin de saison canon et de l’effet Coupe du monde pour faire gonfler la cote de son poulain, dont la clause libératoire est estimée à 45 millions d’euros. Le tout en ayant plus de six mois pour chercher son successeur.
Le Sporting recale… Alexandre Pato
Le Portugais n’est d’ailleurs pas le seul au Sporting dont la clause atteint les 45 millions d’euros. Le Cap-verdien Héldon et l’Égyptien Shikabala ne peuvent se targuer de coûter aussi cher que William. L’ailier et le milieu de terrain offensif ont signé dans les derniers jours du mercato pour la modique somme d’un million d’euros et demi chacun, afin de renforcer un secteur offensif pourtant déjà bien garni. Idéal pour faire jouer la concurrence et éviter toute déconvenue liée aux blessures d’ici la fin de la saison. Et si Shikabala devra attendre d’être au point physiquement pour faire ses grands débuts en Liga Sagres, l’ancien de Maritimo est une valeur sûre du championnat lusitanien. Il est d’ailleurs dans les papiers de Jardim pour le match de ce soir. Derby auquel aurait bien pu participer… Alexandre Pato. L’ancien attaquant du Milan AC a été proposé par les Corinthians afin d’enrôler Elias, mais les dirigeants du Sporting n’ont pas hésité avant de refuser l’offre. Avec Montero et la star montante Slimani, les Leões ont tout ce qu’il leur faut en attaque. Là encore, gestion intelligente de la part du club lisboète. Reste à savoir si cela suffira pour battre le frère ennemi ce soir.
Par William Pereira