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Benfica-PSG : que s’est-il vraiment passé aux abords du Stade de la Luz ?

Par Amaury Gonçalves, à Lisbonne
6 minutes
Benfica-PSG : que s’est-il vraiment passé aux abords du Stade de la Luz ?

Palpations dérangeantes des parties intimes, doigts au niveau de l’anus et autres accueils musclés des forces de l’ordre portugaises font l’objet de nombreuses plaintes de la part des supporters du PSG depuis mercredi dernier, en marge du match contre Benfica. Récit d’une journée sous tension, malgré l’esprit de fête globale qui continuait de planer autour de l’évènement.

Un témoignage. Puis deux, dix et une avalanche. Les voix des supporters parisiens s’élèvent un peu plus chaque jour quant aux évènements survenus à l’Estádio da Luz, le mercredi 5 octobre. En marge de la rencontre opposant le Sport Lisboa e Benfica au Paris Saint-Germain en Ligue des champions, de nombreux fans du club français se sont plaints du traitement reçu dans la capitale portugaise. Organisation médiocre, police violente, fouilles corporelles beaucoup trop poussées… tels sont les principaux motifs de plaintes des membres du Collectif Ultras parisiens et des autres supporters ayant fait le déplacement à Lisbonne. Inacceptables, ces allégations mettent aussi le doigt sur ce qui n’est malheureusement pas un épiphénomène au Portugal.

De la fête à l’horreur pour les supporters parisiens

Mardi soir, veille du match, alors que certains des 3200 supporters parisiens profitent du voyage pour faire la fête dans le quartier très animé du Bairro Alto, de premiers heurts éclatent avec la Polícia de Segurança Pública (PSP), après qu’un supporter parisien s’en est pris à un officier de celle-ci. Il est placé en détention, tandis que 25 autres supporters sont identifiés. La journée de mercredi ne s’annonce dès lors plus sous les meilleurs auspices. Le rendez-vous est donné au groupe parisien à 16h30, au carrefour touristique de la Praça de Comércio. Départ pour le stade prévu à 18h, dans des rames de métro privatisées. « Jusqu’ici, tout s’est très bien passé », assure Ben, membre du CUP. Une fois arrivé à ladite station, la situation ne fait que se dégrader. « Tout le monde a été bloqué 45 minutes dans les souterrains du métro. Il y avait pas mal d’enfants, précise Ben. C’était étouffant, et personne ne savait pourquoi ça n’avançait pas. » Guillaume, supporter du PSG vivant à Lisbonne, rejoint le cortège à ce moment-là. « J’étais dans une rame normale. J’ai eu le droit à des réflexions à cause de mon maillot, mais c’était toujours très bon enfant de la part des supporters de Benfica, explique-t-il. En arrivant, j’ai vu que le groupe parisien était entassé entre deux escaliers de la station de métro. »

Les agents de sécurité ont passé entre 10 et 15 secondes sur mes parties génitales. Ma sœur a eu le soutien-gorge remonté jusqu’au cou pour se faire palper les seins et elle a dû écarter les jambes.

Après presque une heure d’attente, sans pouvoir boire ou aller aux toilettes, les supporters parisiens montent par groupes pour être escorté jusqu’au stade. À la sortie de la bouche de métro, quelques supporters de Benfica les attendent devant le centre commercial Colombo, faisant face au stade. Pour la majeure partie d’entre eux, l’esprit est à la fête. Toutefois, quelques insultes et un crachat jaillissent en direction du groupe parisien. La réponse assez vive d’un supporter parisien fait réagir les forces de l’ordre, et une bagarre éclate avec environ 150 supporters parisiens. Malgré cela, tout le cortège est finalement accompagné jusqu’au stade.

L’arrivée au stade marque le point le plus polémique de cette journée. « Nos billets ont été contrôlés par un homme avec une chasuble de l’UEFA, puis nous avons eu droit à la fameuse fouille par une personne qui n’avait pas cette chasuble », indique Guillaume. Le 6 septembre dernier, certains supporters du Maccabi Haïfa s’étaient plaints « d’attouchements sexuels » de la part des agents de sécurité du stade. Les supporters parisiens vivront une expérience semblable. « Les agents de sécurité ont passé entre 10 et 15 secondes sur mes parties génitales. Ma sœur a eu le soutien-gorge remonté jusqu’au cou pour se faire palper les seins et elle a dû écarter les jambes », proteste Ben. « La fouille était très poussée avec massage des parties intimes et doigts au niveau de l’anus, ajoute Guillaume. Ça s’est passé en à peine 10 secondes, mais c’est la première fois que j’ai le droit à quelque chose d’aussi poussé. » Ajoutées aux plaintes des supporters israéliens, celles des supporters français traduisent ainsi un réel problème dans l’accueil des supporters étrangers à l’Estádio da Luz. « J’ai fait des déplacements à Dortmund, à Manchester ou à Liverpool. Je n’avais jamais vu ça ailleurs », résume Ben.

Quels coupables ?

Si l’accusation répétée de supporters, israéliens ou français, souligne un véritable problème dans l’organisation de la sécurité des rencontres se jouant à la Luz, il reste à déterminer quel en est le principal coupable. Vendredi après-midi, alors que les témoignages parisiens gagnaient en force et en nombre, le SL Benfica a réagi par l’intermédiaire d’un communiqué en plusieurs points. Parmi ceux-ci, le fait que le club n’ait pas donné de consigne particulière en amont de ce match, ou encore le fait que les représentants du PSG, présents au moment des fouilles, n’aient émis aucun signalement quant à ces dernières. Le club portugais a aussi tenu à souligner le fait que la fouille des supporters a été gérée par une entreprise privée, assermentée pour réaliser cette tâche. Reste à savoir si le contrat la liant au club lisboète sera remis en cause ou non. Enfin, le Sport Lisboa e Benfica a précisé dans son communiqué que les fouilles au corps avaient été supervisées par les agents de la PSP. Des agents qui ont, de longue date, des relations tendues avec les groupes ultras.

Depuis le début des années 1990, la violence dans les stades portugais, surtout à Lisbonne, n’a cessé de monter en grade entre les ultras portugais. En point d’orgue, les années 1996 et 2017 qui voient deux supporters du Sporting être mortellement touchés par des heurts avec ceux de Benfica. Depuis ces traumatismes, la police portugaise n’a cessé de resserrer la pression sur les supporters. Souvent de manière débridée. Ben témoigne notamment du fait qu’à la sortie de la bouche de métro, « certains supporters se[soient]faits matraquer aléatoirement par les forces de l’ordre ». Dans ce contexte, il ne faut pas oublier que l’État policier mis en place par Salazar n’a pas encore fêté les 50 ans de sa disparition. De plus, si les agents de la PSP ne participent pas directement aux palpations, il n’est pas rare de les voir donner des consignes précises aux agents de sécurité qu’ils entourent. Dans les prochains jours, le PSG pourrait déposer une plainte auprès de l’UEFA concernant ces évènements. Dans la continuité du désastre donné à voir en France, lors de la finale Liverpool-Real Madrid au Stade de France, ces accusations démontrent que les normes en matière de sécurité et de l’accueil des supporters autour des grands événements sont un vaste chantier.

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