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« Benfica-Porto, ça vaut facilement un PSG-OM »

Propos recueillis par William Pereira
« Benfica-Porto, ça vaut facilement un PSG-OM »

Première recrue du Rui Costa directeur sportif de Benfica, l’international algérien Hassan Yebda a disputé une saison entière dans la capitale portugaise, en 2008-2009, lors de laquelle il a eu le temps de planter un but contre Porto. De Pablo Aimar à Yacine Brahimi en passant par Di María ou encore les traditionnels jets de pierres sur le trajet menant de l’hôtel au stade à Porto, le joueur formé à Auxerre se livre.

En toute honnêteté, tu suis encore un peu la Liga portugaise ?Ouais, ouais, je suis bien le championnat portugais. Je regarde les matchs de Benfica, Porto et du Sporting, même si je fais un peu plus attention aux résultats de Benfica.

Quelle analyse fais-tu de la saison en cours ?Au début, je pensais que ça serait difficile pour Benfica avec le changement d’entraîneur, et effectivement, ça l’a été au départ, et au final ces deux derniers mois, ils sont en pleine bourre et ils sont très bien placés pour devenir champions.

Comment tu expliques cette embellie ? C’est uniquement collectif ou il y a un ou deux joueurs en particulier à retenir ?Je pense que Jonas a son importance. Il est en mode buteur en série comme la saison dernière, il plante beaucoup de buts. Mitroglou fait également une très bonne saison, et après, ce sont des gars qui, derrière eux, peuvent compter sur Talisca ou Gaitán, capables de faire la différence à tout moment. Mais je pense que l’amélioration est surtout collective. L’entraîneur a réussi à prendre la mesure de son groupe, il le connaît de mieux en mieux maintenant et c’est peut-être pour ça que ça se passe mieux.

Benfica n’a toujours pas gagné contre ses deux autres rivaux cette saison. Tu les vois en finir avec cette série vendredi soir ?C’est vrai que Porto ne va pas très bien en ce moment, ils viennent de changer d’entraîneur et ils ont perdu à domicile… Mais ça sera quand même un match compliqué pour nous, comme tous les classicos, même si je pense et j’espère que Benfica l’emportera.

Le gros événement dans l’événement, c’est le retour de Maxi Pereira passé de Benfica à Porto, à la Luz. Est-ce que tu pensais que ça pouvait arriver un jour ?Personnellement, ce n’était pas un scénario que j’avais imaginé parce que Maxi était là à Benfica depuis longtemps, et que généralement, quand tu passes autant de temps dans un club, tu essayes de ne pas aller chez le concurrent direct. Surtout que passer de Benfica à Porto c’est… (il réfléchit), c’est très difficile à faire, mais il l’a fait. Ça m’a choqué, mais bon, Porto reste un club comme les autres…

Comment tu penses que ses retrouvailles avec le peuple benfiquista vont se passer ? Il va sans doute se faire siffler par le public de Benfica, même s’il a été un joueur très important pour le club à qui il a beaucoup apporté pendant pas mal d’années. Même si les supporters l’aiment encore, et je pense qu’ils l’aiment encore, ils vont le siffler (rires). Ça fait partie du jeu, c’est de bonne guerre.

Puisqu’on parle de lui, Maxi Pereira est le joueur qui a pris le plus de cartons jaunes (9) en Liga Nos. Ça te surprend ?Un petit peu, parce que je me rappelle nos entraînements à Benfica et je n’ai pas le souvenir d’un mauvais gars. C’est vrai qu’il était agressif, mais ce n’était jamais méchant. Il mettait de l’intensité et voulait toujours le ballon, mais c’était de la bonne agressivité finalement.

Je me rappelle que les vitres de notre bus avaient été cassées

Quels souvenirs gardes-tu des classico Benfica-Porto ou Porto-Benfica en tant qu’acteur de l’événement ? J’en ai joué deux. Un à domicile où je fais une passe décisive pour Óscar Cardozo et qui symbolise un peu mon bon début de saison, et l’autre à Porto où on fait aussi 1-1 et où j’ai la chance de marquer un but de la tête. Malheureusement, on ne gagne pas parce que l’arbitre siffle penalty sur une simulation de Lisandro López et ils réussissent à égaliser en fin de match. Mais bon, c’est vrai que c’est extraordinaire de jouer ces matchs-là.


Tu t’attendais à une telle ambiance dans les classicos en arrivant au Portugal ? Non, pas du tout. On me parlait de classico par-ci, de classico par-là, mais tu ne te rends vraiment compte de ce que c’est que quand tu le vis. Il faut vraiment le vivre pour le croire.

Ça se passe comment dans la tête du joueur ces moments-là ? Tu as des souvenirs par exemple des moments où tu sors des vestiaires pour aller dans le tunnel qui va vers la pelouse ?(Il réfléchit) Non pas vraiment. C’est plus avant le match, sur le trajet de l’hôtel vers le stade à Porto où c’est très mouvementé, où il y a des jets de pierres, et où tu as tous les supporters du FC Porto qui sont là à nous insulter… Mais c’est de bonne guerre, et une fois qu’on arrive dans le vestiaire, on se concentre sur le match.

C’est flippant d’être visé par des jets de pierre quand même, non ?Ouais, d’autant que sur le moment, tu ne t’y attends vraiment pas. En plus, je me rappelle que les vitres de notre bus avaient été cassées à cause de ces jets de pierre, donc c’est bien flippant.

Qu’est-ce que ça fait d’éteindre le Stade du Dragão en ouvrant le score là-bas ? Bah déjà, ça fait bizarre parce qu’on n’entend pas un bruit dans le stade et qu’on s’entend entre joueurs à célébrer. Après, c’est difficile de mettre des mots sur ce genre de sensations. C’est pour ces moments que tu joues au football.

Tu le situerais où ce classico par rapport à ceux qu’on connaît mieux vu de France ? Pour moi, ça vaut facilement un Paris-Marseille aujourd’hui. Premièrement parce que Paris est toujours au top en ce moment, mais Marseille ne l’est pas. Ça reste un classique, mais pas au niveau du classement. Au Portugal, au contraire, on sait que tous les ans, Porto et Benfica jouent la gagne et que les classicos sont déterminants pour la course au titre, alors qu’en France, ce n’est pas tous les ans que l’on voit Paris et l’OM dans les deux premiers. Il y a quelques jours, je regardais le classique en France, oui le classique c’est bien, mais si les joueurs du PSG le perdent… limite… on ne va pas dire qu’ils en auraient rien à foutre de le perdre parce qu’ils ont quand même des supporters qui veulent le gagner, mais ils savent que Marseille ne les rejoindra jamais au classement et que ça ne changera rien dans la course au titre de champion de France. Donc il y a beaucoup moins de pression et c’est différent.

Tu te souviens un peu comment ça se passait, les semaines de classico ? Est-ce que tu sentais la tension monter à l’entraînement, dans le public… Il y avait une préparation différente de d’habitude ? (Il hésite) À l’entraînement non, mais en sortant de l’entraînement ou même dans la rue, les supporters sont là pour te mettre la pression et te faire comprendre que… ils essayent de nous préparer psychologiquement. Après bien sûr, dans les journaux, ça se ressent une semaine avant. Dans tous les journaux, ça s’enflamme de tous les côtés, donc voilà.

C’est vrai que la couverture médiatique de cet événement est différente au Portugal que pour un PSG-OM chez nous. Du point de vue du joueur, c’est bien que les journaux s’enflamment à ce point ?Oui, c’est bien, parce que ça ravive la flamme du classico… C’est marrant parce que les journaux essayent de trouver des interviews de joueurs ou anciens joueurs contre le club adverse pour pouvoir faire monter la sauce et faire en sorte qu’il y ait plus d’engagement sur le terrain. En plus au Portugal, les journaux comme Record, A Bola peuvent faire du papier (sic) et envenimer les choses.

À titre personnel, qu’est-ce que tu retiens de ton passage en Liga portugaise ?J’ai adoré mon passage là-bas, j’ai adoré Benfica, même si j’ai le regret de ne pas avoir été champion lors de mon passage. Avec Quique Flores, on avait très, très bien commencé le championnat et tenu bon jusqu’au mois de janvier, mais après ça, on a eu un gros coup de mou et on a manqué de continuité. Ça nous a couté le championnat.

Ton transfert à Benfica, tu le dois en grande partie à une personne. Tu as été choisi personnellement par Rui Costa, qui est une légende à Benfica. Ça s’était passé comment, ce transfert ? Qu’est-ce qu’il t’a dit, Rui ?J’allais partir du Mans, donc j’avais eu la chance d’avoir beaucoup de propositions, et il y a un recruteur de Benfica qui m’appelle, avec Rui Costa justement. Rui Costa me dit qu’il me veut vraiment, qu’il est très enthousiaste à l’idée de me faire venir à Benfica… Entendre ça d’un très grand joueur, c’est flatteur et ça m’a poussé à y aller, d’autant que j’ai été le premier joueur qu’il a recruté en tant que directeur sportif… Donc j’ai accepté l’invitation, je ne l’ai pas regretté et ne le regrette toujours pas.

Le fait que tu aies été sa première recrue avait un impact sur votre relation en interne ?Oui, j’avais une excellente relation avec Rui Costa. Pendant toute la saison, même à la fin où j’avais un gros coup de fatigue parce qu’on avait enchaîné les matchs, il venait souvent me parler pour voir comment j’allais. Rui Costa était toujours là dans les très bons moments, mais aussi dans les moments plus compliqués.

C’était qui, le joueur le plus fort dans ton Benfica ?Je pense que le plus talentueux, ça devait être Pablo Aimar. Le crack, le génie, celui qu’on sentait arriver et qui avait une énorme marge de progression, c’était Di María. Et en matière de sérénité, de maturité et de technique pour un défenseur, c’était David Luiz. Il était déjà très au-dessus, parce que c’est un joueur qui était déjà très fort physiquement, mais quand il réussissait à garder la tête froide, il était techniquement très à l’aise.

Mahrez aujourd’hui, c’est le meilleur joueur de Premier League, on ne va pas se le cacher

Rui Costa descendait jouer un peu avec vous de temps en temps pour vous montrer comment faire ou pas du tout ?Non, non, il ne le faisait jamais. Il était toujours en costard cravate comme il était déjà directeur sportif. Je n’ai pas eu la chance de jouer avec lui, il venait juste d’arrêter quand j’ai rejoint Benfica.

Pour en revenir à Aimar, c’est un nom qui revient dans la bouche de beaucoup de footballeurs, notamment Lionel Messi dont c’est l’idole. Qu’est-ce qu’il avait de si spécial ?Pff… Déjà, ce qui était bien, c’est que même s’il était entouré de trois ou quatre joueurs, tu pouvais lui donner le ballon sans problèmes, tu savais qu’il s’en sortirait. En plus de ça, il avait une vision de jeu hors normes, et surtout, ses contrôles de balle… Sur un contrôle, il arrivait à éliminer un ou deux joueurs très facilement comme il se retourne super vite. Et se retourner vite, c’est vital pour un numéro 10.

Tu as malgré tout déclaré un jour à France Football que pour toi, Brahimi était au-dessus d’Aimar. Qu’est-ce qui te fait penser ça ? Justement, quand je parlais de se retourner avec le ballon, il n’y a qu’un joueur qui l’égale ou même qui est plus fort, et c’est Brahimi. Il a des contrôles orientés qui font très, très mal, et il démontre tout son potentiel à Porto aujourd’hui.

Vidéo


Qu’est-ce que tu penses du passage de Brahimi à Porto ? La première saison s’est vraiment bien passée pour lui, mais ce n’est pas forcément le cas aujourd’hui. C’est de son fait à lui, ou c’est plutôt un problème collectif d’après toi ?L’année dernière, il avait fait une saison extraordinaire, et cette année, même s’il est un peu en dessous, il fait quand même de super matchs. Après, c’est vrai que sans Jackson Martínez devant, ça ne tourne pas de la même manière. Donc je pense que c’est avant tout plutôt un problème collectif qu’individuel.

Tu penses toujours, comme tu l’avais aussi dit il y a quelque temps, qu’il a le niveau pour le Real Madrid ?Oui, oui, oui. Alors là, j’en suis sûr et certain (il rit légèrement). Surtout avec des joueurs comme il peut y en avoir au Real, autour de lui, il ne pourrait que briller encore plus.

Et Islam Slimani, même s’il est hors classico puisque joueur du Sporting, tu en penses quoi ? Il s’est hissé à un niveau assez extraordinaire… Je crois que tous les entraîneurs rêveraient d’avoir un attaquant comme lui. Il est grand, il est très bon de la tête, il est tueur devant le but, et c’est une machine parce qu’il court énormément et se donne toujours à fond. C’est un vrai poison pour les défenses. Il a confirmé tout ce qu’il avait bien fait avant, pendant et après la Coupe du monde et tout le mérite lui revient.

Est-ce qu’Islam Slimani, c’est pas un peu l’anti-Yebda finalement ? Toi, on savait que tu allais sortir, que tu avais du talent et que tu aurais peut-être pu faire un peu plus, tandis que Slimani, c’est un mec sans grand talent à la base qui… (Il coupe) Justement, c’est pour ça que je dis que tout le mérite lui revient, parce que personne ne l’a aidé, il s’est fait tout seul, il s’est construit tout seul, il s’est bagarré, il a franchi les étapes sans jamais se dire qu’il y était arrivé, et aujourd’hui, il est en haut et il continue de la même manière. Pour moi, il a tout gagné tout seul, et franchement… chapeau. Chapeau.

Depuis Madjer, il y a toujours eu une bonne connexion entre les joueurs algériens et le championnat portugais. En dehors de toi, et des deux dont on vient de parler, il y a eu Nabil Ghilas, Soudani, Halliche et j’en oublie… Comment tu expliques cela ?(Il réfléchit) Franchement, je ne pense pas avoir d’explication à cela. C’est vrai qu’on est nombreux à être passés là-bas et que ça s’est globalement bien passé, mais je ne sais pas… Ça a peut-être à voir avec le style de jeu. C’est un peu plus technique et c’est moins physique qu’en France, par exemple.

Depuis la Coupe du monde 2014, les joueurs algériens deviennent à la mode. Aujourd’hui, Mahrez marche sur la Premier League, Brahimi a la cote et Slimani n’était pas très loin de partir en Angleterre. Est-ce que le footballeur algérien est enfin jugé à sa juste valeur, toi qui disais il y a quelque temps que les joueurs algériens étaient sous-cotés ? (Profonde inspiration) Oui et non. C’est vrai qu’en ce moment, Brahimi, Mahrez et Slimani font des choses extraordinaires en club et permettent de donner une autre image au footballeur algérien. Ils le font très, très bien. Eux, ils ont été au-dessus de nous. Ils ont passé un cap. Mahrez aujourd’hui, c’est le meilleur joueur de Premier League, on ne va pas se le cacher. Avec Vardy, ils sont en train de survoler le championnat. Donc j’espère qu’avec ce genre de prestations, le footballeur algérien pourra être enfin jugé à sa juste valeur.

Avant de te laisser, quel est ton pronostic, même subjectif, pour le classico de vendredi ? J’aimerais un 4-3 pour Benfica. Un 4-3 avec trois buts de Brahimi (il se marre). En tout cas, je serai là-bas pour voir le classico.

Dans cet article :
Bruno Lage de retour sur le banc de Benfica
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