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Benfica, joue-la comme Porto
Leader de la Liga Sagres et premier de son groupe en C1, Benfica est là où tout le monde attendait Porto, dans la peau de l’outsider qui peut faire chier les gros. A condition de passer l’obstacle du Zénith.
C’est l’histoire d’une équipe chaude comme la braise qui pose le pied sur une terre gelée et fait tout fondre sur son passage. C’est écrit, Benfica va venger le FC Porto, en se qualifiant pour les quarts de finale de la ligue des champions. En tout cas, les Lisboètes ont tout pour y arriver. S’il y a une chose à laquelle il ne faut pas se fier pour évaluer le niveau du club portugais, c’est bien la double-confrontation qui l’a opposé au PSG l’année dernière en C3, où les « aguias » avaient eu du mal à passer face aux hommes de Kombouaré. Car cette année, les hommes de Jorge Jesus ne souffrent plus, ils cassent les briques les unes après les autres, à tel point que même Porto est relégué à cinq points de l’ennemi juré, qui survole le Portugal à coups de « goleadas » . Le week-end dernier, le Nacional de Madère en a pris quatre dans la poire, tout comme Leiria et Setubal peu avant. Depuis le début de l’année 2012, Benfica a donc enfilé trois branlées en Liga Sagres pour la bagatelle de 17 buts depuis janvier. Pas mal.
Un petit coup de Porto ?
La dynamique des apôtres de Jesus ressemble d’ailleurs étonnement à celle du Porto version 2010-2011. Comme les dragons de Villas Boas, Benfica est toujours invaincu en championnat et en coupe d’Europe – même après deux matchs face à Manchester United. Comme eux, ils jouent plutôt bien et affichent une effroyable régularité pour des raisons similaires. La première, c’est que le squelette de l’équipe ne date pas d’hier. Le jeu de Benfica aujourd’hui est à Jorge Jesus ce que le Barça est à Pep Guardiola, c’est lui qui a monté l’équipe et en a fait ce qu’elle est aujourd’hui. Luisao, Maxi Pereira, Aimar, Saviola et Cardozo, six joueurs-clés des aigles, sont sous les ordres du blondinet depuis le début de son ère, et ça se sent, surtout en attaque. Benfica excelle dans la transmission de balle rapide grâce à la mise en place tactique des anciens mais aussi parce que les nouvelles recrues sont techniquement loin d’être des ânes et se sont fondues dans le système aussitôt après y être entrées. Nolito, Gaitan, Witsel et Rodrigo se sont très rapidement inscrits comme des pièces maîtresses de l’échiquier de Jesus grâce à leur vitesse, intelligence, technique et finition, des attributs qui décrivent parfaitement le Benfica de 2012.
Le Roi Artur
Très critiqué l’année dernière pour son manque de réalisme, et surtout parce que Falcao l’éclipsait totalement du devant de la scène, le Paraguayen Oscar Cardozo montre cette année que le meilleur buteur au Portugal, c’est bien lui. Outre le fait qu’il ait déjà inscrit 20 buts toutes compétitions confondues, dont trois en C1, Cardozo est très précieux dans le jeu aérien et sa carrure lui assure une excellente protection de balle. Autant dire que la défense du Zenith va sévèrement morfler s’il est dans un grand soir. Mais plus que le retour en grâce de son buteur maison, c’est la consécration d’Artur dans les cages qui fait beaucoup de bien à Jesus. Pendant des années, peut-être depuis le départ de Preud’homme à la retraite, Benfica a souffert des lacunes et des bourdes de ses gardiens. De Quim à Roberto en passant par Moreira et Julio César, tous étaient talentueux, mais aucun d’entre eux n’avait les nerfs pour garder les buts de l’Estadio da Luz. Artur par contre, c’est le genre de mec qui fait gagner des points, qui sauve la baraque comme à Old Trafford lors d’une rencontre où les Lisboètes auraient dû perdre. Cette fois-ci plus que jamais, Benfica a une équipe très solide de la tête aux épaules.
Le froid, puis le chaud
Si elle s’affiche comme l’un des outsiders les plus sérieux de la compétition, l’équipe du président Vieira n’est pas pour autant qualifiée d’office face au Zénith. D’abord parce que le match de ce soir se déroulera en Russie. Qui dit Russie dit très froid – donc dit vodka, mais ça c’est autre chose. Les températures attendues pour la rencontre oscillent entre -11 et -17 degrés, ce qui est loin de jouer en faveur de Benfica puisque la vague de froid sibérienne n’a frappé le Portugal que pendant quelques jours, et par conséquent les Lusitaniens risquent d’avoir du mal à s’acclimater en 90 minutes à des conditions plus qu’extrêmes. Sans parler du terrain synthétique, qui en Europe occidentale ne « convient » qu’à Nancy et Lorient. Si l’atmosphère sera gelée ce soir, le calendrier de la team de Jorge Jesus entre les matchs aller et retour ressemble à un chemin de croix. Dès ce week-end, Benfica enchaîne sur deux autres déplacements hostiles à Guimaraes et du côté de l’Académica (qui a foutu un 3-0 à Porto) avant, justement, de recevoir les dragons le 2 mars, quatre petits jours avant d’en découdre une dernière fois avec le Zénith. C’est le moment de sortir les miracles…
Par William Pereira