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Benfica a une revanche à prendre

Par William Pereira
Benfica a une revanche à prendre

Benfica se déplace à Salonique pour y affronter le PAOK et entamer une nouvelle campagne en deuxième division européenne, neuf mois après avoir échoué en finale contre Chelsea. Les Aigles peuvent-ils enfin aller au bout ?

Les voilà repartis pour un tour. Près d’un an après le triple échec de fin de saison 2012/13, les Aigles de Jorge Jesus vont essayer de remettre ça, la victoire en plus. Pour le moment, tout se passe comme l’année dernière au même stade de la saison. Benfica joue sur tous les tableaux (leader du championnat, toujours en lice en Coupe de la Ligue et du Portugal) à l’approche d’un huitième de finale plus qu’accessible face au PAOK Salonique. Évidemment et à l’image de ce qui s’est dit sur le Bayer Leverkusen en France, les dirigeants benfiquistas se veulent prudents et en font des tonnes sur un adversaire largement prenable. Il faut dire que le club reste marqué par la déconvenue de l’année dernière mais aussi par l’élimination en Ligue des champions dans un groupe à sa portée pour la deuxième année de suite. Certes, à chaque fois, il y avait un poids lourd (le Barça et le PSG) mais les écuries qui les accompagnaient étaient a priori guère menaçantes (Celtic, Spartak Moscou, Olympiakos, Anderlecht). Mais comme en 2012/2013, Benfica se porte mieux depuis le début de l’hiver et pratique un football de niveau C1 pour attaquer la C3. Ils font donc logiquement partie des gros favoris à la succession de Chelsea. Pour autant, peuvent-ils faire aussi bien que l’année dernière ?

Un but en 1000 minutes

Intrinsèquement, la réponse est évidemment oui. Même si Nemanja Matić est parti à Chelsea, le reste de l’équipe est rodé et tourne parfaitement bien dans le 4-1-3-2 aux faux airs de 4-3-3 de Jorge Jesus. Aux cages, le très prometteur Jan Oblak creuse son trou et a relégué Artur sur le banc. Derrière, la paire Garay-Luisão, bien aidée par les excellents latéraux Maxi Pereira et Siqueira n’a encaissé qu’un but en 1000 minutes et confère à son équipe une solidité jamais vue sous l’ère Jesus. Devant, Rodrigo explose complètement depuis quelques mois et Lima joue parfaitement son rôle d’attaquant de soutien. Sur les ailes, Gaitan et le magicien Marković s’éclatent et excellent dans la création de brèches dans les périmètres réduits. Seul le milieu de terrain est perfectible – bien qu’Enzo Pérez ait endossé le costume de patron dans l’entrejeu – car Ljubomir Fejsa, remplaçant de Matić devant la défense, dispose d’une certaine marge de progression. L’entraîneur de Benfica a récemment avoué vouloir étoffer la palette de son numéro 6, bon récupérateur et efficace dans la relance, mais dont le jeu manque encore de projection vers l’avant. Autrement dit, il veut un récupérateur capable de ratisser un nombre important de ballons mais aussi de le garder dans ses pieds pour progresser verticalement et créer le surnombre dans le camp adverse. Bref, Jorge Jesus veut faire de Fejsa une rampe de lancement à l’instar de Javi García, Witsel et Matić avant lui afin de maximiser le rendement offensif d’une équipe pourtant déjà redoutable. S’il y parvient, ce Benfica pourrait bien surpasser celui de l’année dernière.

Quatre clássicos en deux mois

D’autant que Jorge Jesus bénéficie d’un banc à en faire pâlir plus d’un. Óscar Cardozo, bourreau des Girondins l’an passé, n’est plus à présenter. Silvio, Jardel, Sulejmani, Funes Mori, Đuričić et Ivan Cavaleiro, entre autres, chauffent la banquette en compagnie du Paraguayen et donnent la possibilité à leur entraîneur de faire tourner un effectif dont le succès dépend de l’état de fraîcheur en fin d’exercice. Hors de question pour Benfica de répéter les erreurs qui lui avaient coûté le titre de champion du Portugal en 2011-2012 et les « trois finales » la saison passée. Le spectre de ces échecs cuisants planent sur l’Estádio da Luz, à tel point qu’on ne sait plus si l’Europa League fait partie des priorités du président Luis Filipe Vieira, désireux d’offrir avant tout le titre de champion national à ses socios. De fait, la situation reste ambigüe, car le club lisboète porte la C3 en estime et est conscient qu’une nouvelle chance de briser la malédiction de Béla Guttman se présente à lui cette saison.

Le choix est rude, mais Jorge Jesus devra trancher, car le calendrier des Encarnados s’annonce démentiel avec quatre classicos à disputer d’ici la fin de la saison (deux en Coupe du Portugal, un en Coupe de la Ligue et un en championnat). Comme il est fort peu envisageable que Benfica sacrifie l’un des affrontements face à son pire ennemi (le FC Porto), l’entraîneur des Aigles devrait faire tourner en Europa League, du moins jusqu’à un certain stade de la compétition – s’ils y arrivent. À moins que le Sporting-FC Porto du 16 mars ne scelle le sort de la Liga Sagres, auquel cas Benfica aura le loisir de se concentrer sur l’Europe. Dans le cas contraire, si Jesus décide de jouer à fond sur tous les tableaux, il risque de s’en mordre les doigts comme les années précédentes, banc costaud ou pas. Et en cas de nouvelle déconvenue, le technicien portugais aura de grandes chances de se faire limoger. Pour Jesus, c’est donc la gloire ou la couronne d’épines.

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