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Bendtner, le Zlatan du pauvre
À 24 ans et après des années mitigées passées en Angleterre, le Danois Nicklas Bendtner est plus connu pour son ego que pour son football. Une nouvelle fois présent sur le flanc de l’attaque danoise, le géant blond aborde la compétition comme un tournant de sa carrière. Le moment de trouver un nouveau point de chute pour l’autre enfant terrible du football scandinave.
Quarante bornes et un bout de mer Baltique séparent Malmö la Suédoise de Copenhague la Danoise. Six années, trois centimètres et pas mal de talent séparent Zlatan le génie de Nicklas Bendtner le gueulard. Six années durant lesquelles le gène de la folie a visiblement eu le temps de parcourir les quelques hectomètres qui séparent la Suède du Danemark. Nous sommes en décembre 2011, dans la capitale danoise, 23 ans après la naissance du grand malade du football local. Blessé et rentré à la maison pour se ressourcer, ou se mettre une mine, c’est selon, le grand gaillard d’1m92 décide de terminer sa soirée sur une touche de salé.
Blindé aux as, mais le ventre creux, l’ami Nicklas commande une pizza, mais subit la rude épreuve du refus de carte bleue. Vexé, il balance un joli : « Vous savez qui je suis ? Je peux acheter toute la pizzeria si je veux. » Une attaque tout en finesse qui ne prend pas. Interviewé par Ekstrabladet, le propriétaire du restaurant se rappelle : « Je lui ai dit que qu’il soit importait peu. Pas d’argent, pas de pizza. » Logique. Au final, deux nanas, plus saoulées par le comportement du lascar qu’impressionnées par la carrure ou le statut du joueur, ont fini par payer la note, avant qu’il ne reparte en taxi. Qui a payé le taxi ? Personne ne le sait. Ça, c’est la vie de Nicklas Bendtner.
Un cas d’école
À 24 piges, le géant danois est père de famille. Un lardon qu’il n’a pas fait avec n’importe qui. Car, pendant que la moitié de la Premier League s’amourache de nénettes bas de gamme, tout en silicone et en boudinage, Nicklas tape dans la fourchette haute. De la fourchette royale. En relation avec Caroline Luel-Brockdorff, membre de la famille royale danoise, le footballeur devient papa, puis se fait plumer lors du divorce, dans les règles de l’art. Le genre d’échec qui ne l’empêche pas d’avoir un ego surdimensionné qui, à la pizzeria du coin ou ailleurs, dérange ou agace. Car Nicklas Bendtner est atteint de ce que les psychologues de comptoir appellent un sérieux complexe de supériorité. Beaucoup trop sûr de lui, ce footballeur certes talentueux n’a jamais cessé de penser qu’il comptait parmi les tout meilleurs du monde.
Interviewé par le magazine suédois Offside, l’entraîneur et docteur en psychologie français Jacques Crevoisier se rappelle d’un sacré phénomène. En visite du côté d’Arsenal, Crevoisier trouve en Bendtner un « cas d’école » : « Un de mes tests évalue sur une échelle de 1 à 9 à quel point un joueur se trouve bon. Nicklas Bendtner est à 10. Je n’avais jamais vu ça avant. Pat Rice (l’entraîneur adjoint d’Arsenal, ndlr) était mort de rire » , évoque celui qui dispense aujourd’hui ses services sur Canal+. Un égo surdimensionné qui ne se manifeste pas toujours de manière désagréable.
L’ego d’abord
En août 2009, celui qui portait alors le numéro 26 décide de changer pour le numéro 52, un « numéro qui compte pour lui » . Désireux de ne pas incommoder les fans qui auraient acheté son maillot avec le mauvais numéro, celui qui « apprécie qu’un bon nombre de fans arborent fièrement son maillot et son numéro » , décide de « couvrir personnellement l’intégralité des frais de remplacement » . Costaud. Assez renseigné sur le personnage après que celui-ci a répondu aux 117 questions de son analyse, Jacques Crevoisier affirme que cet ego fait de lui un mec « persuadé que, quand il rate quelque chose, ce n’est pas de sa faute » . Mais également un type capable de rebondir remarquablement après une période difficile. Présent à Arsenal depuis la saison 2004-2005, le Danois n’a pas toujours connu des bons moments, notamment ces dernières années.
Prêté à Sunderland cette année, Bendtner a réalisé une très bonne fin de saison. Huit buts en 2011-2012, dont cinq depuis le mois de janvier, parmi lesquels quatre ont rapporté au moins un point aux Black Cats. Comme Peter Crouch, Nicklas Bendtner est un grand gaillard plus à l’aise avec ses pieds qu’avec sa tête. Une caractéristique qui explique qu’après le succès des siens 2 à 0 face à l’Australie en match amical, la semaine passée, le Danois se montre perfectionniste : « Nous jouons de manière trop lente et trop horizontale. » Une chose est sûre, celui qui, à seulement 24 ans, facture déjà 116 matchs de Premier League et 48 sélections a tout intérêt à se distinguer dans le groupe de la mort. En effet, à la recherche de stabilité, il a engagé un agent anglais pour épauler son père dans sa recherche d’un club pour l’élu. Avec, certainement, de meilleurs arguments que ceux du fiston, accoudé au comptoir d’une pizzeria de quartier.
Par Swann Borsellino