Revenons quelques années en arrière, précisément le 27 août 2010, tu es dans les embouteillages à Turin et cela t’empêche de signer à la Juventus…
C’est ce qui a été raconté, mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça. Effectivement, je devais signer chez les Bianconeri, le contrat était prêt et un accord avait été trouvé avec Saint-Étienne. Toutefois, c’était le week-end et on ne pouvait pas faire les visites médicales. On m’a ainsi demandé de rester à Turin, tandis que l’équipe est allée à Bari pour la première journée de championnat, et elle a perdu. Du coup, ils ont changé leurs plans, et j’en ai fait les frais. Le lundi, on m’a dit qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans ma visite médicale.
Une fausse excuse ?
Je suis encore sur les terrains aujourd’hui, donc…. Ça me rappelle ce qu’avait vécu Aly Cissokho avec le Milan. À ma place, la Juve a finalement pris Leandro Rinaudo en prêt du Napoli, il s’est d’ailleurs blessé dès son arrivée… Je me suis senti trahi par la situation, car j’avais parlé pendant longtemps avec les dirigeants qui avaient bien insisté pour me faire venir, en me disant de repousser les autres offres venant d’Espagne et d’Angleterre. Tout ça pour ne plus me calculer, leur comportement aurait dû être différent, mais bon, je n’ai pas de rancœur.
En France, tu es l’homme d’un club, l’ASSE.
Je suis arrivé à 13 ans là-bas, j’y ai grandi, c’est mon équipe de cœur. J’y ai passé de très belles années, j’ai eu de très bons rapports avec tout le monde, c’est encore le cas aujourd’hui. La qualif’ en Ligue Europa avec Laurent Roussey, puis les soirées européennes la saison suivante. Je n’ai pas besoin de vous décrire quelle était l’ambiance à Geoffroy-Guichard dans ces moments-là… Je suis d’ailleurs encore énormément l’équipe, qui sait, peut-être qu’un jour, je reporterai le maillot vert…
Du coup, comment on passe de la Juve à Cesena, qui était alors tout juste promu en Serie A.
Cela n’a pas été du tout facile. Moi, j’étais prêt à partir de Saint-Étienne, mais pour un grand club. Et quand il y a eu ce problème, sans le vouloir, la Juve m’a fermé toutes les portes. Donc, sans manquer de respect à Cesena, se retrouver là-bas, c’était compliqué. J’étais triste, je n’avais pas l’appétit, j’ai perdu 6, 7 kilos en deux mois. Les conditions n’étaient pas celles de Saint-Étienne. J’ai vraiment mis du temps à m’adapter.
Tu es défenseur central, l’important pour toi, c’était surtout d’évoluer en Serie A, non ?
Exactement, c’est pour ça que j’ai tout de même insisté pour venir en Italie. J’ai fait énormément de progrès en cinq ans, les séances d’entraînement sont différentes par rapport à ce que j’ai connu en France, elles sont très intenses et tactiques.
Après la relégation de 2012, tu files à Parme, ça sentait déjà le roussi ?
Non non, pas me concernant. Du coup, j’étais vraiment surpris par ce qui s’est passé. J’ai encore beaucoup de potes là-bas et j’ai une très bonne relation avec Donadoni, on s’appelle souvent. D’ailleurs, j’ai voulu les aider avec les autres joueurs de Serie A, afin de faire passer un message, car ce qui se passe là-bas, ce n’est pas du tout normal ! C’est une véritable descente aux enfers, et j’ai l’impression de vivre la situation avec eux.
Maintenant, tu es à l’Atalanta, c’est tout l’inverse, un exemple de gestion.
Oui, le président Percassi et le directeur Marino font un excellent travail, et depuis quelques années. Il y a un beau centre d’entraînement, les supporters sont formidables et me font penser à ceux de Saint-Étienne. Les conditions sont vraiment optimales pour bien travailler.
Vous avez pourtant vécu une saison particulière, en étant constamment pas loin de la zone rouge.
L’objectif du maintien a été atteint. Mais c’est vrai que les gens sont restés un peu sur leur faim, car l’an passé, on a frôlé l’Europe. Il faut dire que plusieurs rencontres se sont jouées à pas grand-chose, on aurait pu remporter beaucoup plus de matchs. On cherchera à faire mieux la saison prochaine, même si j’insiste, l’objectif a été atteint.
D’un point de vue personnel, ça se passe bien vu que ton nom a même été cité à l’Inter et la Roma l’hiver dernier.
Depuis que je suis arrivé ici, en janvier 2014, j’ai bien progressé. Je confirme les rumeurs qui m’ont fait très plaisir, mais j’avais dit à mes dirigeants que je ne voulais pas abandonner le navire, car on était encore loin de se sauver. Maintenant, on va voir ce qui se passe prochainement.
En revanche, tu as quand même pris 13 jaunes et un rouge en 25 matchs…
C’est vrai que ça m’arrive d’être un peu méchant sur le terrain, mais ça fait également partie de mes qualités. J’ai un style peut-être trop agressif, on va essayer de corriger ça. Cette saison, j’ai aussi dépanné sur le côté droit, même si mon poste de prédilection reste défenseur central.
Il y a trois ans, Bafé Gomis et toi étiez accusés de viol en réunion, cela s’est terminé sur un non-lieu définitif l’an passé. Comment as-tu vécu cette affaire ?
Difficilement, en plus, c’était au moment de mon transfert à Parme. J’ai pris sur moi pour faire abstraction de tout ça. Dans la vie, il faut faire attention à certaines personnes qui cherchent à nier ce que vous êtes. Aujourd’hui, justice a été faite et tout a été éclairci. La parenthèse est fermée. Mon intégrité, ainsi que celle de Bafé, est intacte. Les gens l’ont compris.
Tu es binational et tu peux porter le maillot bleu ou celui de la Tunisie, sélection que tu refuses de rejoindre pour le moment.
En 2010, je n’ai pas voulu y aller à cause d’un problème de vaccin et aussi parce que la Juve me demandait de venir avec insistance. Mais mon discours est très simple, j’ai passé des années difficiles en Italie, et ce n’était pas le moment opportun pour aller en sélection. Je veux d’abord trouver une certaine stabilité en club, puis je réfléchirai à mon avenir en sélection.
Tu avais quand même été sanctionné par la FIFA.
Oui, c’était lorsque j’étais à Cesena, c’est bien dommage, car c’est un refus qui doit être respecté. D’autant que je ne ferme pas la porte, je prends juste mon temps. Je suis d’ailleurs en contact avec la fédé tunisienne qui comprend parfaitement mon point de vue.
Pour finir, tu boucles déjà ta cinquième saison en Italie, tu te sens comme chez toi maintenant ?
C’est un très beau pays, et au risque d’être banal, on y mange très bien, il y a une réelle qualité de vie. La grosse différence avec la France, c’est l’état des routes, ils devraient les refaire plus souvent (rires).
Des supporters belges adoptent le peignoir au stade