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Benalouane, c’était écrit

Par Alexis Billebault
Benalouane, c’était écrit

Avec Mouez Hassen, Ellyes Skhiri et Saîf-Eddine Kahoui, Yohan Benalouane (31 ans) est l'un des quatre binationaux appelés par Nabil Maâloul, le sélectionneur de la Tunisie, pour disputer la Coupe du monde en Russie. Mais le défenseur formé à Saint-Étienne aurait pu jouer plus tôt pour les Aigles de Carthage, le pays d’origine de son père.

Il se sera donc écoulé dix ans entre sa première (et unique) apparition avec l’équipe de France espoirs et son premier match international avec une sélection A. Yohan Benalouane (31 ans) est devenu le 23 mars dernier un membre des Aigles de Carthage lors du match amical remporté face à l’Iran à Radès (1-0), dans la banlieue de Tunis. Les deux parties ont fini par conclure, presque huit ans après un premier rendez-vous manqué, en août 2010. Bertrand Marchand, le sélectionneur français des Aigles, convoque alors le défenseur originaire de Bagnols-sur-Cèze (Gard) pour un match au Tchad qualificatif pour la CAN 2012. Benalouane, qui vient de quitter Saint-Étienne (son club formateur) pour Cesena (Italie), accepte de jouer pour le pays de son père. Mais il ne verra jamais N’Djamena, où la Tunisie s’impose malgré une chaleur étouffante (3-1). « J’avais dû y renoncer à cause d’un problème de vaccin. Les délais étaient trop courts » , rappelle l’actuel sociétaire de Leicester.

Benalouane n’a pas vu N’Djamena

Bertrand Marchand se souvient de ce premier contact qui n’avait pas dépassé les salons de l’aéroport international de Tunis-Carthage. « Il était venu et on s’était rendu compte qu’il n’avait pas les vaccins. Il y avait eu une mauvaise communication entre notre staff médical et le joueur. Il n’avait pas les vaccins requis pour voyager en Afrique subsaharienne et il était hors de question de prendre des risques » , précise le Breton. Entre-temps, la relation entre le joueur et la Fédération tunisienne de football (FTF) a toujours existé malgré quelques périodes de silence.

Toujours en 2010, mais en octobre cette fois, des médias tunisiens assurent que Benalouane a informé la FIFA de sa volonté de « ne plus être convoqué par la Tunisie » . L’instance, alors gouvernée par Sepp Blatter, lui répond qu’il ne peut plus espérer jouer pour un autre pays que la Tunisie. Du côté de Tunis, l’information agace les supporters des Aigles de Carthage, qui en tirent leurs propres conclusions en pensant que le joueur accorde sa préférence à la France. Puis il y a eu la révolution de 2011. « La FTF a alors privilégié les joueurs locaux. Le dossier Benalouane était en sommeil » , ajoute Marchand.

« J’avais juste dit que ce n’était pas le moment »

Aujourd’hui, le Gardois assure qu’il a toujours conservé la possibilité de porter le maillot tunisien dans un coin de sa tête : « J’avais lu et entendu des choses. Je n’avais jamais dit que je ne voulais pas venir en sélection. Juste que ce n’était pas le moment. Les contacts avec la Fédération ont toujours existé. Mais j’avais des raisons personnelles : j’avais eu un enfant et je voulais passer le plus de temps possible avec lui. Il était ma priorité. Quand on joue en club, on se déplace souvent, il y a les matchs, les entraînements, les mises au vert. Et quand il y a les matchs internationaux, il faut en plus partir pendant une dizaine de jours… » Pendant plusieurs années, chacun a fait sa vie : Benalouane, après avoir quitté Cesena en 2012, a continué son périple italien à Parme et Bergame avant de rejoindre Leicester en 2015. Et la Tunisie a alterné le bon et le moins bon, jusqu’à cette qualification pour la Coupe du monde 2018 obtenue face à la RD Congo.

Maâloul droit dans ses bottes

Ce retour des Aigles de Carthage en phase finale a coïncidé avec la concrétisation des discussions entre Maâloul et plusieurs binationaux. « Cela a pris un certain temps. On a discuté, il y a même eu une rencontre. Le coach m’a exposé son projet, il m’a parlé de l’équipe, de jeu, etc. J’ai donné mon accord et j’ai donc été appelé pour les matchs de mars. C’était l’occasion de connaître les autres internationaux » , expose le défenseur. Des relations que les stages de préparation, effectués en mai et juin à Tunis et Lausanne, ont permis d’affiner. Même si, au pays, l’arrivée tardive de Benalouane, Hassen, Skhiri et Khaoui a été diversement appréciée, certains ne comprenant pas pourquoi ces joueurs ont été préférés à ceux qui avait participé aux qualifications.

D’autant plus que Benalouane n’a pas beaucoup joué avec son club en Angleterre. Interrogé sur le sujet, Maâloul balaie l’argument en deux phrases : « Les contacts avec ces quatre binationaux remontent à un certain temps. Je suis là pour bâtir la meilleure équipe possible, pas pour faire du social. » Benalouane, qui était resté sur le banc face à l’Angleterre (1-2), a joué la deuxième partie. Mais pas de bol, c’était contre les Belges (2-5)…


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Tous propos recueillis pas AB

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