- France
- Ligue 1
- AS Monaco
Ben Yedder, sa Grâce de Monaco
À en croire L'Équipe et France Football, l'affaire serait déjà dans le sac : Wissam Ben Yedder va quitter le FC Séville et s'engager d'ici un ou deux jours avec l'AS Monaco. Un transfert pour lequel le club du Rocher pourrait soit débourser quarante millions d'euros, soit éventuellement verser une vingtaine de millions, tout en ajoutant Rony Lopes dans la balance. Une transaction onéreuse qui pourrait bien faire de l'ancien Toulousain le nouveau fer de lance du Monaco 2.0 qu'espère construire Leonardo Jardim.
Cet été, Leonardo Jardim a chantonné inlassablement le même couplet inquiet, flippé de ne pas voir son effectif gagner en qualité. « J’attends l’arrivée de bons joueurs sur le plan offensif, capables d’être efficaces. C’est ce qui nous manquait la saison dernière » , grognait-il début août. Une chansonnette pessimiste pour les uns, réaliste pour les autres et qui a finalement fini par pousser sa direction à mettre les petits plats dans les grands : selon L’Équipe, c’est Wissam Ben Yedder qui va débarquer sur le Rocher, histoire de ranimer la flamme d’une équipe qui semble encore en pleine morosité, comme en atteste son match sans envie ni allant face à Lyon, vendredi dernier (défaite trois à zéro).
Métronome statistique
La transaction, néanmoins, s’avère aussi excitante qu’onéreuse. Pour lever la clause libératoire de Ben Yedder l’ASM pourrait soit débourser quarante millions d’euros, soit, comme l’affirme France Football, mettre entre 20 et 25 millions d’euros sur la table, auxquels s’ajouterait la cession de Rony Lopes au FC Séville. L’addition est salée, même si elle répond en définitive aux besoins pressants de l’ASM, qui devait impérativement recruter un poids lourd en pointe, en cas de départ de Radamel Falcao. Si le Colombien s’avérait effectivement prendre la poudre d’escampette dans les prochains jours, Ben Yedder a a priori les épaules pour le suppléer. S’il n’est pas aussi prolifique devant le but que l’ancien colchonero, l’international français offre des garanties statistiques indéniables. Lors de ses années toulousaines, il avait dépassé à trois reprises la barre symbolique des 15 buts en championnat. Surtout, il facture à Séville un bilan pas loin d’être irréprochable, avec 70 buts en 138 matches toutes compétitions confondues, ce qui fait même de lui le quatrième meilleur buteur de l’histoire de la formation andalouse.
Reste à imbriquer judicieusement Ben Yedder à l’organisation de jeu monégasque qui, à terme, devrait se structurer dans le 4-4-2 caractéristique de Jardim. En admettant que le club de la Principauté perde Lopes et Falcao, le technicien portugais pourrait théoriquement aligner un quatuor d’attaque Gelson Martins-Henry Onyekuru (l’ailier gauche d’Everton ayant signé lundi soir à l’ASM)- Baldé – Ben Yedder du plus bel effet. Pas dégueulasse, d’autant plus que le retour de blessure du polyvalent Stevan Jovetic, annoncé pour courant novembre, offrira à Jardim une nouvelle alternative en attaque, du moins si le physique du Monténégrin arrête une bonne fois pour toutes de le trahir. Autre possibilité qui s’offre à Jardim : se résigner à abandonner le 4-4-2 pour le 4-2-3-1 avec Ben Yedder en pointe, Golovine en soutien et Baldé et Gelson Martins sur les ailes. Ou encore en optant pour un 4-3-3 plus conventionnel, Golovine évoluant le cas échéant plus bas dans l’entrejeu.
L’inconnue Falcao
Tout cela reste néanmoins un vaste jeu de conjectures, surtout tant que Radamel Falcao ne se décide pas à bouger son royal popotin du Rocher. À 33 ans, le Colombien est en quête d’un dernier contrat long, que l’ASM n’est pas en mesure de lui offrir. Galatasaray serait très sérieusement sur le coup, mais El Tigre serait passablement refroidi par l’atmosphère autour du club turc, alors que l’ASM lui garantit une tranquillité et une stabilité familiale précieuse. De fait, voir Falcao rester à Monaco ressemble de moins en moins à un scénario farfelu au fil des jours qui passent. Jardim n’a d’ailleurs pas fait mystère de son souhait de conserver son buteur, même s’il admet ne pas avoir les cartes en main : « Tout le monde sait que j’aime le joueur… C’est un de nos joueurs avec le plus de qualités, un professionnel à 200 %, notre buteur. Il répond toujours présent. Moi, je veux qu’il reste. Mais c’est une négociation entre lui et le club. Je laisse ça à mes dirigeants et lui pour gérer ça. »
Si Falcao reste à l’ASM, Jardim pourra travailler sur un système à deux attaquants, en misant sur le cocktail diversifié de qualités de Ben Yedder. Car l’ancien Toulousain n’est pas qu’un buteur : l’année dernière, à Séville, il évoluait un poil plus bas qu’André Silva dans le 3-5-2 de Pablo Machin. Une position bâtarde, où il se mettait aussi bien en valeur dans la finition (18 buts en Liga) que dans l’art délicat de la dernière passe (neuf services décisifs en championnat). Le voir gambader autour de Falcao, en soutien de l’avant-centre sud-américain, ressemble à une perspective franchement excitante qui s’offre à Monaco, si le club princier conserve son emblématique numéro neuf. En attendant d’en savoir plus, Ben Yedder, lui, ne devrait pas tarder à se pointer sur le Rocher, pour peut-être ramener une peu de lumière dans le début de saison morose d’une ASM qui ne fait qu’entamer son opération reconstruction.
Par Adrien Candau