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Ben Yedder-Hernandez, cartes de mars
En mars 2014, Didier Deschamps avait appelé pour la première fois à ses côtés Antoine Griezmann. Deux ans plus tard, c’était au tour de N’Golo Kanté. 2018 est donc le moment de Wissam Ben Yedder, 27 piges et héros de la semaine à Old Trafford, et Lucas Hernandez, qu’on annonçait sous un autre drapeau.
Il paraît qu’il n’y a pas si longtemps, en le croisant dans un couloir du Bernabéu, Zinédine Zidane s’est approché de Wissam Ben Yedder. « Je suis tout ce que tu fais. Surtout, ne lâche pas. » Puis, il y a quelques heures à peine, à Old Trafford, c’était au tour de Paul Pogba : « Tu nous as tués, t’es trop fort. » Là, on a alors repensé à Pascal Dupraz, son ancien coach à Toulouse, qui à l’été 2016 avait été scotché par le fait qu’aucun club français ne cherche à se positionner sur le format A5. « Honnêtement, dans la surface de réparation, il n’a pas d’égal en France. Il y en a peu en Europe à être aussi adroit » , glissait alors à l’époque le caillou d’Annemasse. Ben Yedder raconte l’histoire du joueur « oui, mais… » , du mec à qui l’on demande toujours de prouver plus que les autres, de montrer plus que ses semblables. Puis, dans le labyrinthe auquel peut ressembler le groupe France, l’attaquant du FC Séville a donc trouvé la sortie, ce jeudi, et a été convoqué pour la première fois chez les Bleus. À ce propos, Didier Deschamps s’est justifié simplement : « Pour beaucoup, je ne suis qu’un conservateur… mais, sur les quatre ou cinq dernières saisons, il tourne à plus de quinze buts de moyenne (18,4 exactement depuis la saison 2013-2014, ndlr). Donc ce n’est pas les deux buts qu’il a inscrits cette semaine à Old Trafford qui ont changé la donne, ça vient simplement confirmer tout ce qu’il fait de bien depuis plusieurs saisons. »
« Et il avait quand même Bailly en face de lui, hein… »
Wissam Ben Yedder n’est plus une surprise, c’est une confirmation : un exemple d’humilité, du joueur qui accepte de se cacher pour débarquer en pleine soirée et s’offrir à la piste. Sa performance de la semaine n’a fait que créditer cette thèse. Un sélectionneur ne sortant jamais sans son boulier, Didier Deschamps n’est pas passé à côté des faits : cette saison, le natif de Sarcelles a déjà planté, entre autres, huit pions en C1 – plus deux en barrages –, ce qu’aucun Français n’avait réalisé depuis David Trezeguet en 2001-2002. Mieux : aucun mec n’avait touché la barre des dix buts en Ligue des champions plus rapidement que lui, si ce n’est Jean-Pierre Papin. Oui, c’est suffisant pour ouvrir la porte des Bleus, surtout que Ben Yedder, encore en CFA il y a huit ans, va apporter un profil que le groupe France n’a pas : un centre de gravité très bas, un buteur dans les petits espaces et une grande adresse. « Oui, et il avait quand même Bailly en face de lui, hein ? Ce n’est pas un nouveau-né… » , s’est même amusé Deschamps sur la scène de la FFF.
Merci beaucoup à tous c’est un bonheur pour lequel je n’ai pas les mots… tout le monde sait à quel point j’ai espéré et travaillé pour que ce jour arrive .. c’est une grande fierté pour moi et pour vous tous qui m’avez toujours soutenu ??❤️ VAMOSSSS !!!
— Wissam Ben Yedder (@WissBenYedder) 15 mars 2018
Une scène où le boss national a aussi sorti une autre carte : Lucas Hernandez, 22 ans, titularisé à seize reprises en Liga cette saison par Diego Simeone du côté de l’Atlético. Un cas épineux et un gosse qui aurait pensé, un temps, jouer pour la sélection espagnole. Ce à quoi Deschamps a répondu jeudi : « Ne vous inquiétez pas, j’ai parlé avec lui, il est très content de venir avec nous ! » On n’en doute pas, patron, mais l’arrivée d’Hernandez dans le groupe marque surtout un coup d’arrêt pour Kurzawa, mis de côté. « Je me doute qu’il ne sera pas content… » a glissé le sélectionneur. Tout ça arrive surtout à une époque de l’année où Didier Deschamps avait fait venir, en 2014, Antoine Griezmann, et en 2016, N’Golo Kanté. Le mois de mars est souvent le dernier moment pour monter dans le car Deschamps lorsqu’une grande compétition se profile. Voilà Ben Yedder et Hernandez avec un ticket, à eux de le poinçonner.
Par Maxime Brigand, dans le bureau ovale