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- PSG-Monaco (3-3)
Ben Yedder, comme un très grand
Dans une soirée de gala au Parc des Princes, Wissam Ben Yedder a encore une fois bluffé son monde. Étincelant depuis son arrivée sur le Rocher, l'attaquant de 29 ans a inscrit son quatorzième but en Ligue 1 cette saison, mais s'est surtout distingué dans le jeu. Une prestation complète et un cauchemar pour la défense du PSG.
Une seconde peut parfois durer une éternité. Juan Bernat a probablement vécu cette drôle d’expérience à la 13e minute de jeu d’un match animé entre le PSG et Monaco (3-3), quand Wissam Ben Yedder l’a enrhumé d’une feinte de corps sublime, avant de placer habilement sa frappe pour tromper Keylor Navas et donner l’avantage à son équipe. Un coup d’éclat dantesque, et surtout une quatorzième réalisation en dix-sept apparitions en Ligue 1 cette saison pour le meilleur buteur du championnat. Sa soirée pourrait se résumer à ce geste fou ou à cette statistique bluffante, mais l’attaquant de 29 ans est tellement plus que ça. Au Parc des Princes, il a encore une fois dévoilé toute sa panoplie d’attaquant complet, prouvant que son apport sur le terrain ne se limitait pas à marquer des buts et démontrant son incroyable capacité d’adaptation à la nouvelle philosophie prônée par Robert Moreno. Une vraie prouesse et un récital de plus dans la besace de Ben Yedder.
Wissam tout-terrain
Il ne faut jamais dissimuler son plaisir de voir un joueur trop souvent snobé revenir à la lumière. À Séville, où il aura passé trois belles années, Ben Yedder a enrichi son tableau de chasse (70 buts et 22 passes décisives en 138 apparitions). Il a surtout écrit son histoire, parfois loin d’une partie des Français scotchés à la Ligue 1, ou même de Didier Deschamps, qui l’aura seulement appelé à deux reprises chez les Bleus lors de sa période andalouse. Son arrivée à Monaco, contre un chèque de 40 millions d’euros, ressemblait peut-être au plus beau coup depuis longtemps pour le club de la Principauté. Une belle pioche confirmée depuis le début de saison, comme ce dimanche soir dans la capitale, où le duel à distance entre Ben Yedder et Mauro Icardi était attendu. Résultat, le premier a mangé le second. En marquant, d’abord, mais surtout en affichant son importance dans le jeu de son équipe. Pour un attaquant aligné seul en pointe, le numéro 9 monégasque a touché énormément de ballons (53, contre 14 pour Icardi), n’hésitant pas à décrocher pour participer au pressing avec ses partenaires. Une prestation de haute volée pour le joueur qui a pu faire parler ses qualités de déplacement et son intelligence de jeu remarquable, faisant parfois vivre un calvaire à la charnière Thiago Silva-Marquinhos, bousculée comme rarement, voire jamais, cette saison.
Contre le PSG, Wissam Ben Yedder a touché le tiers de ses ballons dans son propre camp, couvrant une grosse partie du terrain, exerçant un pressing incessant et se montrant très disponible pour ses coéquipiers. Un match complet. Source : Whoscored.
Du haut de son mètre soixante-six, le génial Ben Yedder a aussi envoyé un message à son entraîneur, Robert Moreno. Non, l’ancien Toulousain n’a pas forcément besoin d’Islam Slimani pour briller. Il est vrai que le duo a fait des étincelles ces derniers mois, sauvant même Monaco du naufrage en première partie de saison. Mais pour ses deux premières sorties sur le banc de l’ASM, le technicien espagnol a choisi de ne pas intégrer l’international algérien à son onze de départ. « Oui, ça reste une possibilité de les associer. Il y a beaucoup de possibilités » , confiait Moreno après le nul contre Paris en conférence de presse. Mais si le remplaçant de Jardim a tout de suite précisé qu’il s’adapterait aux forces en présence, ses premiers pas du côté de la Principauté laissent deviner une préférence pour le 4-3-3 (très évolutif au cours de la rencontre ce dimanche soir, du 4-2-3-1 au 4-4-2). Au Parc des Princes, il s’est présenté avec un trident offensif Baldé-Ben Yedder-Martins – souvent accompagné de Golovin – et une équipe ambitieuse dans ses intentions. Les sceptiques auraient pu craindre l’isolement du buteur monégasque entre les défenseurs parisiens, mais il ne fallait pas sous-estimer son volume de jeu. Ni sa volonté de faire comprendre une chose : peu importe le système, Ben Yedder restera le leader de l’attaque asémiste jusqu’à la fin de saison. Et pourquoi pas se faire une place dans celle des Bleus d’ici juin et l’Euro 2020.
Par Clément Gavard, au Parc des Princes