Ben Khalfallah : «On ne s’interdit rien»

Où part-on en vacances quand on sait que l’on va passer une année dans le Nord ?

Dans le Sud. J’ai loué une villa près de Marseille, j’ai invité de la famille. Je viens d’avoir une petite fille donc je ne pouvais pas trop voyager. Et Marseille, c’était sur le chemin après avoir joué avec la sélection tunisienne. Avec mes engagements internationaux, je n’ai eu que deux semaines de vacances.

Ton amitié avec Steve Savidan a-t-elle joué dans ton choix pour Valenciennes ?

Non, même s’il m’a dit que j’allais m’éclater là-bas. Il ne garde que de bons souvenirs de Valenciennes. Ce qui a fait pencher la balance, c’est surtout mon contact direct avec l’entraîneur. Philippe Montanier m’a appelé quasiment tous les jours pendant une semaine pour me parler du projet de Valenciennes, de son nouveau stade qui sera inauguré la saison prochaine, du centre de formation flambant neuf. D’autres clubs se sont intéressés à moi –Saint-Étienne, Lens, Sochaux– mais seulement par le biais de mon agent.

Tu peux nous présenter un peu Philippe Montanier, qui va faire ses grands débuts en Ligue 1 ?

C’est un perfectionniste. Il nous demande de jouer, de remonter le ballon sans sauter les lignes, ce qui m’arrange vu mes caractéristiques. Et défensivement, on se doit d’être agressifs à la récupération. On jouera dans un 4-3-3, un système pour lequel il avait fini par opter avec réussite avec Boulogne. A la base, il est plutôt adepte du 4-4-2. Plus personnellement, il veut me faire franchir un cap, il veut que je sois plus efficace, que je me projette plus souvent vers la surface de réparation, et que j’améliore mes appels.

Son discours te change de Franck Dumas (ndr : son entraîneur, la saison dernière à Caen) ?

Avec Franck, il fallait jouer aussi, mais on ne bossait pas autant tactiquement. Il laissait beaucoup de liberté aux joueurs, trop même. Il était pote avec certains, notamment ceux avec lesquels il avait évolué à la fin de sa carrière. Au final, ses potes ont abusé de cette relation privilégiée et le vestiaire s’est séparé en deux clans. La sélection de Steve Savidan a créé le bordel.

Comment ça ?

Certains joueurs considéraient que Caen leur appartenait. Ça les faisait chier qu’on parle de Steve ou d’autres nouveaux, et qu’ils passent au second plan. Ils taillaient Steve auprès des supporters pour le décrédibiliser. A Valenciennes, il n’y a pas vraiment de cadres. Tout le monde est pote, tout le monde peut prendre la parole. L’an dernier, quand ils étaient 19e, ils se disaient qu’ils étaient nuls mais qu’ils étaient l’équipe qui rigolait le plus. Finalement, ça leur a souri.

Comment as-tu réagi à l’annonce de la fin de carrière de Steve Savidan ?

Ça m’a profondément touché. Si ça devait arriver à quelqu’un, je n’aurais jamais pensé à lui. Ce mec, c’est une force de la nature. Il a un mode de vie spécial pour un footballeur pro, mais au footing, il était toujours devant. Quand il a dit qu’il y avait des choses plus importantes dans la vie, ça pouvait sonner cliché, mais pour lui cela signifiait vraiment quelque chose. Il sait d’où il vient. Depuis quatre ans il vivait un rêve, et puis tout s’est arrêté subitement. Il n’y en a pas beaucoup des mecs comme ça.

T’as testé le resto de Savidan à Valenciennes ?

Oui, j’y suis allé pas mal de fois. Mais il ne me fait même pas de prix ce radin. Et il ne paye même pas un verre. Enfin, l’endroit est vraiment sympa.

Et David Sommeil, tu as des nouvelles ?

Pas directement, mais mon agent est très proche de lui. Je sais qu’il se remet doucement. C’est dur.

Revenons à Valenciennes, quelles sont les ambitions pour cette saison ?

Assurer le maintien le plus rapidement possible, et après, on ne s’interdit rien. On connaît nos limites mais on est ambitieux. Sur les cinq derniers mois de la dernière saison, Valenciennes se serait classé quatrième je crois. Le groupe a très peu changé, alors pourquoi ne pas rééditer cela ?

Avec l’arrivée de Samassa, tu vas devoir t’appliquer encore plus sur tes centres …

Ça n’a pas été facile pour lui à l’OM, mais je suis sûr que cette expérience l’a fait progresser. A lui de montrer ses qualités ici, et pourquoi pas revenir ensuite à Marseille pour s’y imposer.

Ton favori pour le championnat ?

L’OM, vu leur recrutement, même si je me rappelle qu’il y a quelques années (ndr : saison 2004-2005), ils avaient pris des gros noms, comme Lizarazu, et ils avaient fait une saison pas vraiment à la hauteur de leurs ambitions. Faut que la mayonnaise prenne. Je vois aussi Bordeaux, parce qu’ils ont gardé tout le monde. Enfin, s’ils perdent Chamakh, je crois qu’ils n’ont aucune chance de conserver leur titre. En même temps, si il reste, il ne sera peut-être pas prêt mentalement pour refaire une grosse saison. Alors… Je vois aussi Paris dans les quatre premiers : Erding c’est super fort et Coupet c’est une bonne idée. Lyon sera aussi évidemment dans le coup.

Un Picard dans le Nord, est-ce aussi incompatible qu’un Marseillais à Paris ?

C’est chaud. En fait, non, on me considère surtout comme un cousin. Et puis avec le redécoupage des collectivités territoriales, la Somme risque d’être rattachée au Nord, comme ça je serai 100% nordiste.

Le succès de Bienvenue chez les Cht’is : mérité ?

J’ai bien aimé le film mais c’est vrai que le succès était un peu disproportionné. Je me suis par exemple beaucoup plus marré avec Le Diner de Cons. Mais il faut reconnaître que ce film a fait du bien aux gens d’ici, même s’il ne faudrait pas que le reste de la France pense qu’il n’y a que des cas soc’ dans le Nord.

Walid Acherchour, dans la cour d’écran