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Ben Khalfallah, l’éclate par Troyes
Au fond du trou et moqué à Bordeaux, Fahid Ben Khalfallah (31 ans) a décidé de redescendre d’un étage cet hiver en signant à Troyes. Pour relancer une carrière à l’arrêt mais surtout pour reprendre du plaisir, chose qu’il avait perdue en Gironde. Et à bien y regarder, le pari semble gagné.
Les fidèles du stade de l’Aube n’ont pas encore trouvé de chanson à Fahid Ben Khalfallah, mais ça ne saurait tarder. Et l’on peut parier notre PEL qu’elle sera autrement plus glorieuse que celle que les supporters girondins avaient entonnée, par dépit mais aussi au nom de l’humour, face à Saint-Étienne au printemps 2011 ( « Janot si t’es sympa, laisse marquer Ben Khalfallah » ). Car pour l’heure, FBK et Troyes, c’est une histoire qui commence bien. En tout cas toujours mieux que celle qui a lié, pendant trois saisons et demie, le Tunisien et les Girondins de Bordeaux.
Bréchet les bons tuyaux
Arrivé en Gironde en 2010, à une période où le FCGB est encore ambitieux et sexy, Ben Khalfallah fait un blocage. Pourtant, après une bonne saison à Valenciennes (36 matchs, 7 buts), la progression était logique. Mais en un peu plus de trois ans à Bordeaux, il rétrograde dans la hiérarchie de l’effectif et, surtout, traîne comme un boulet des stats faméliques (89 matchs, 2 buts). Pas décisif, gros salaire, joueur qui l’ouvre parfois quand il ne faut pas, l’ancien Caennais a le profil parfait du joueur dont on cherche à tout prix à se débarrasser. Jérémie Bréchet joue les entremetteurs et Troyes profite de l’affaire cet hiver, grillant au passage Sochaux et Angers.
« Je fonctionne à l’affectif. J’avais d’autres choix mais j’ai préféré l’ESTAC parce que c’est une équipe joueuse, avec une réelle qualité de jeu, des principes qui me plaisent, explique-t-il. Je voulais retrouver le plaisir du terrain. À 31 ans, ça me manquait. » Le plaisir. Le mot est lâché. Car si FBK s’est planté à Bordeaux, ce n’est pas tant parce qu’il n’avait pas le niveau, ses passages à Caen et VA prouvant qu’il pouvait être décisif en L1. Son échec est aussi dû, en partie, à un manque de plaisir, de feeling. Et quel meilleur remède à tout cela que le Troyes de Jean-Marc Furlan ?
Furlan : « Ça prouve son amour du jeu »
« J’ai envie qu’il apporte son savoir et son histoire. Son football aussi, déclarait Furlan à l’arrivée du joueur.C’est toujours particulier de s’adapter à notre jeu. Je souhaite simplement qu’il soit lui-même. De notre côté, on s’adaptera aussi à ses compétences. On avait également envie d’un cadre supplémentaire dans le vestiaire, en particulier auprès de nos jeunes. Quand on joue dans un club comme les Girondins de Bordeaux, ce n’est pas évident de redescendre. Lui a choisi de le faire. Ça prouve son amour du jeu. » L’entraîneur aubois ne regrette pour le moment pas son choix. Positionné sur le côté gauche, Ben Khalfallah s’éclate et recommence à placer crochets et accélérations au milieu des Court, Gimbert et surtout de l’éternel Nivet, au sein d’une équipe techniquement au-dessus en Ligue 2 mais qui paye son manque de régularité.
Et s’il avait pris garde de prévenir à son arrivée qu’ « il ne marquerait pas quatre buts par match » parce qu’il venait de Bordeaux (ce que personne n’imaginait), le milieu de 31 ans en a déjà inscrit un qui aurait mérité de compter double, avec un coup franc en pleine lucarne face à Istres (4-1). Si la montée n’est pas pour cette année, les jalons sont donc posés pour tout casser la saison prochaine et qui sait, pour prendre une petite revanche sur la Ligue 1. Mais aussi terminer sur une bonne note sa carrière avant, comme il l’a déjà prévu, de retourner prendre du bon temps et s’occuper de son restaurant ( « Le Veneto » ) à Bordeaux. Et là, autour d’une bonne table et entouré de potes, c’est peut-être même lui qui lancera les premières notes des chansons.
Par Axel Bougis