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Ben Khalfallah : « J’ai pris une grosse claque »

Propos recueillis par Laurent Brun
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Recrue appréciée du Melbourne Victory depuis janvier 2014, et multiple passeur décisif d'un collectif fraîchement auréolé d'un titre de champion national, Fahid Ben Khalfallah a pris le temps de faire un petit bilan de son expérience australienne. Celui qui, à 32 ans, vient de prolonger son contrat jusqu'en 2017, est une véritable star chez les Aussies. Mais après quelques jours de vacances à Bordeaux – l'un des amours de sa vie –, le milieu de terrain a repris rapido l'avion pour l'Océanie.

Fahid, quel bilan tires-tu de ta première saison en Australie ?

Nous avons fini premiers de la saison régulière, puis champions au terme des play-offs (succès 3-0 face au FC Sydney, en finale, ndlr)… Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est que j’ai pris une grosse claque quand je suis arrivé !

Pourquoi ?

Parce que je m’attendais à jouer devant 500 ou 1 000 personnes… Quand tu arrives là-bas, que tu es français, tu penses de suite plutôt au rugby. Mais non : lors du premier match, il y en avait 50 000 ! J’ai vu des installations supérieures, en qualité, à ce que j’ai connu en France, et j’ai eu une belle surprise, vraiment.

Et niveau du foot, c’est comment ?

Là, pareil. Belle surprise aussi. Sur du long terme, il faut voir, mais certaines équipes pourraient évoluer dans le haut du tableau en Ligue 2, pour les meilleures, par exemple. Sur une saison complète, ce n’est pas évident, mais il y a du potentiel. D’ailleurs, Sydney n’a perdu dernièrement que 1-0 face à Chelsea et Tottenham, et Brisbane a battu Villarreal 3-0, tandis qu’Adelaïde perdait de peu contre les Espagnols (2-3) !

Tu n’as donc aucun regret d’avoir quitté la France ?

Non. Bon, le seul, c’est peut-être par rapport à Bordeaux… J’ai aimé ce club, je suis amoureux de Bordeaux, mais je n’y ai pas réussi comme je l’aurais voulu. Peut-être aussi que j’aurais aimé avoir Sagnol comme entraîneur, et avoir ma chance de jouer comme je sais le faire, de montrer le joueur que je suis vraiment. J’avais espéré que ça puisse mieux se passer… même si j’y ai vécu des moments magnifiques. J’avais rêvé autre chose… Sinon, il y a quand même un truc qui m’a fait rire, quand j’ai signé à Melbourne : le maillot est bleu, et il y a un scapulaire blanc dessus… Après, ici, j’ai une qualité de vie exceptionnelle… Une vie que je n’aurais jamais pu imaginer, même. On joue devant des stades pleins, magnifiques, de gros clubs… c’est un truc de fou !

Et toi, tu évolues dans un club au top, donc…

C’est un gros club aussi, avec deux stades à disposition ! Un dans lequel on s’entraîne, et dans lequel on joue, pour une affluence d’environ 25 000 ou 30 000 personnes, et un autre où l’on joue les gros matchs ou les derbys, devant 50 000 spectateurs minimum… Il y a une ambiance familiale, c’est une autre culture, un autre monde, une autre mentalité… Un peu, dans l’idée, comme un mélange américain/anglais… anglo-saxon, aussi. Et ce qui est bien, c’est qu’on ne se fait ni huer ni insulter. Et on a réalisé une saison exceptionnelle…

La mentalité australienne, elle est différente en quoi ?

Disons que dans la vie de tous les jours, tout est cher et c’est fait exprès. Parce que si tu t’égares, tu casques ! Ça t’oblige à respecter, que ce soit en bagnole ou dans la rue…

Justement, dans ce groupe de qualité, parmi tes coéquipiers, le plus fort, c’est qui ?

Disons que Mathieu Delpierre est très fort… À 34 ans, il voulait vivre autre chose, mais il pourrait encore largement jouer en Ligue 1. Il a sa place et… à Bordeaux, tiens ! Il a de l’expérience et c’est, en plus, un super mec. Il y a (Besart) Berisha (Albanie, ndlr), le buteur, et le capitaine (Mark) Milligan. Ce serait de belles recrues pour les clubs de Ligue 1. Après, il y a de tout aussi, et le salary cap fait que ça crée certaines différences. Il y a donc également des joueurs moyens… Aux Girondins, par exemple, il y a vingt ou vingt-cinq joueurs de bon niveau, équivalent ; en Australie, c’est peut-être un peu plus moyen dans le ratio…

Ils sont plus habitués au foot gaëlique, non ?

Ah oui, le foot gaëlique… Disons le foot australien, pour eux (en comparaison avec celui pratiqué en l’Irlande, ndlr)… Ils se mettent des pains ! Tous les coups sont permis, c’est dingue, quand même !

Sinon, ton avenir, c’est quoi ?

J’ai re-signé pour trois ans : deux en tant que joueur et une année derrière, dans le club. C’est un contrat longue durée. Pour l’instant, je suis là-bas, et j’y suis super bien. Mais bon, dans le foot, hein… Dans quatre ou cinq ans, peut-être que j’aurais envie de découvrir un autre pays, connaître autre chose à l’étranger. Mais en matière de foot, c’est vrai que j’aurais bien aimé jouer en Angleterre ou en Espagne. Mais d’un autre côté, jamais je n’aurais pensé avoir tout ça aujourd’hui… J’ai eu des propositions d’autres clubs, mais j’ai prolongé en cours de saison. Je ne veux pas partir de Melbourne. Bon, là, je vous laisse parce que j’ai un avion à prendre dans la foulée, et j’ai un long vol…
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Propos recueillis par Laurent Brun

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