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Ben Arfa-Stéphan : histoire de courbes

Par Clément Gavard
5 minutes
Ben Arfa-Stéphan : histoire de courbes

Près d'un an et demi après la fin de son histoire avec le Stade rennais, Hatem Ben Arfa va remettre les pieds au Roazhon Park ce vendredi soir à l'occasion de la rencontre entre Rennes et Bordeaux. À l'époque, le joueur de 33 ans avait mis un point final à son histoire avec le club breton en taillant publiquement le jeu proposé par Julien Stéphan, qui préfère aujourd'hui retenir les bons moments et la chance d'avoir pu croiser la route d'un garçon pas comme les autres.

Au moment de remettre les pieds au Roazhon Park ce vendredi soir, Hatem Ben Arfa devrait voir défiler quelques souvenirs de sa parenthèse rennaise. Il y aura sans doute ce premier but marqué contre Jablonec, celui de la première victoire en phase de poules de la Ligue Europa dans l’histoire du club breton. Il y aura aussi ce récital contre Nantes en Coupe de la Ligue, les sifflets du public après une prestation indigente contre Reims, ou encore les soirées européennes de rêve contre le Betis ou Arsenal. Et quand il faudra emprunter le couloir menant aux vestiaires, celui qui faisait office de zone mixte dans le monde d’avant, Ben Arfa se souviendra peut-être de ce jour de printemps où il a décidé de mettre fin à son aventure en rouge et noir tout seul, comme un grand.

Nous sommes deux semaines après le miracle de Saint-Denis, l’euphorie du sacre en Coupe de France n’est pas encore retombée, et Ben Arfa se présente face à la presse avec un message à faire passer après un nul décevant contre Guingamp, le voisin fraîchement relégué en Ligue 2. « Guingamp méritait de gagner. Dans le jeu, ils étaient beaucoup plus ambitieux que nous. On est peureux dans le jeu, il faut qu’on soit plus conquérants à domicile contre les derniers. Il faut que tout le monde se remette en question, lâche-t-il sans sourciller. Ces derniers matchs me permettent d’avancer dans mon cheminement pour la saison prochaine. Je suis orienté par le jeu. Je ne prends pas de plaisir et on doit être guidés par ça. Ce qu’on nous propose, c’est limité, donc ça oriente mon choix. » Son choix, il le connaît déjà à ce moment-là : à deux journées de la fin du championnat, Ben Arfa vient de jouer son dernier match avec le Stade rennais, qu’il plaque en adressant un drôle de taquet à son entraîneur Julien Stéphan. L’histoire de la carrière de cet éternel espoir résumée en moins d’un an.

« Ben Arfa a des codes différents »

Dix-huit mois après cette fin brutale et soudaine, Stéphan a préféré suivre le conseil prodigué par Tony Soprano à son fiston en se concentrant sur les bons moments. À commencer par celui de son premier match sur un banc dans le monde professionnel, un soir de décembre au Groupama Stadium et une rencontre remportée 2-0 par un Stade rennais en crise avec un pion dantesque de Ben Arfa pour l’ouverture du score. « Je ne sais pas si je le relance, mais en tout cas lui il me lance, ça c’est sûr, a souri le coach rennais ce mercredi. S’il n’y a pas cette première victoire, peut-être que mon histoire ici se finit beaucoup plus vite. C’est pour ça que je me souviens de tout ça, tout ce qu’il a fait de bien, je ne suis pas amnésique. Il y a sûrement eu une incompréhension à la fin, mais je préfère retenir les choses positives qu’il m’a permis de vivre. » Une façon d’éteindre définitivement les flammes, mais aussi de rappeler qu’HBA n’est pas un type comme un autre dans ce monde de plus en plus formaté, un joueur qui peut être aussi décevant que fascinant. Voilà ce que raconte la vadrouille de Ben Arfa en Bretagne.

Ben Arfa a une manière de fonctionner différente des autres. Si j’avais un joueur comme ça dans mon équipe aujourd’hui, je le gèrerais différemment.

Et voilà ce qu’a choisi de retenir Julien Stéphan, qui a pourtant pu s’estimer trahi au moment de la rupture. Le jeune entraîneur avait tout fait pour cajoler la recrue phare du président Olivier Létang en l’installant au cœur du jeu pour lui donner les clés de l’équipe, ce qui était loin d’être le cas sous son prédécesseur Sabri Lamouchi, et n’avait pas caché sa déception (et son incompréhension) quelques jours après les mots durs de son créateur. Reste que le jeune technicien n’a pas oublié ce que Ben Arfa a pu lui apporter dans son évolution et sa progression : « Je considère que c’est une chance d’avoir eu l’opportunité d’entraîner un joueur comme ça pour une première expérience chez les professionnels. C’est un joueur très talentueux, mais aussi différent, il a une manière de fonctionner différente des autres. C’est une grande richesse d’avoir pu connaître ce fonctionnement. Si j’avais un joueur comme ça dans mon équipe aujourd’hui, je le gèrerais différemment d’il y a deux ans. J’ai évolué, j’ai cherché à progresser en m’améliorant dans le management et dans tout le reste. Quand il y a un joueur qui a des codes différents, il faut réussir à l’appréhender tout en faisant en sorte que ça s’inscrive dans le collectif. »

Destins croisés, gâchis confirmé

Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il va faire un grand match.

Un an et demi plus tard, les courbes des deux hommes se sont diamétralement éloignées après s’être croisées. Pendant que Stéphan continuait d’apprendre le métier en sortant de sa première zone de turbulences et en allant chercher une qualification en Ligue des champions, Ben Arfa se perdait une nouvelle fois en rejoignant le Real Valladolid, voué à jouer le maintien en Liga, où il aura collectionné 158 petites minutes de jeu la saison dernière. Un gâchis de plus, surtout après son année plutôt convaincante à Rennes (41 matchs, 9 buts, 6 passes décisives), dont le joueur a gardé « un super souvenir ». « Il y a eu ce trophée, une belle épopée en Ligue Europa, a déroulé Ben Arfa à deux jours des retrouvailles. Le club attendait un trophée depuis cinquante ans, l’ambiance était exceptionnelle. Je suis vraiment très content de mon passage à Rennes. »

Définitivement un drôle d’oiseau, qui a perpétué sa tradition cet automne en attendant la fin du mercato pour poser ses valises à Bordeaux, peut-être le club le plus instable et le moins sexy de l’Hexagone. Mais il ne sert plus à rien de s’évertuer à comprendre le joueur de 33 ans, qui cherchera ce soir à ouvrir son compteur sous le scapulaire girondin sur la pelouse de son ex qui n’est autre que sa victime favorite (8 pions, 6 caviars en 14 apparitions contre Rennes). « Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il va faire un grand match, a prédit Stéphan. Je ne sais pas s’il sera revanchard, je sais juste qu’il va faire un grand match. » Tant pis pour la boîte à souvenirs.

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Rennes remporte un petit match contre Angers
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Par Clément Gavard

Propos de Julien Stéphan recueillis par CG

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