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Ben Arfa, la dépression après l’anticyclone ?

Par Vincent Riou
6 minutes
Ben Arfa, la dépression après l’anticyclone ?

Les arrivées de Neymar et de Mbappé ne doivent pas faire oublier les camouflets infligés au PSG la saison dernière par Monaco et Barcelone. Et surtout pas non plus que Ben Arfa est toujours là. Et si, après une fin d’été idyllique, le premier épisode dépressionnaire sur le club de la capitale venait de sa recrue-star du mercato 2016 ?

Alors comme ça, le PSG aurait réussi le mercato parfait ? À tous les niveaux – sportif, communication, rayonnement du club et, par ricochet, de notre championnat à travers le globe – ce serait un coup de maître. C’est ce qu’on peut lire ou entendre un peu partout. La seule ombre au tableau serait la question du fair-play financier : mais comment diable le club de la capitale va-t-il bien pouvoir réussir à convaincre l’UEFA qu’il est dans les clous ? Et quand le président Nasser invite le journaliste rabat-joie qui pose la question à aller boire un café et à se relaxer, ce n’est pas son arrogance trumpesque, sa légèreté cavalière sur un sujet sérieux que l’on retient, mais la confiance en soi d’un grand pro qui sait s’entourer des meilleurs conseillers financiers et juridiques.

Risible, malsain, immoral

L’an dernier, faut-il le rappeler, le PSG n’a pas gagné le championnat de France. Et il s’est fait éliminer de la Ligue des champions après avoir gagné son match aller contre Barcelone 4-0. Mais pour les fans, et les médias, tout semble aujourd’hui oublié et pardonné de cette annus horribilis. Pourquoi ? Parce que le phénomène du club qui a fait la nique au PSG sur le plan domestique joue désormais dans son camp ? Parce que celui qui représentait le futur de l’équipe qui l’a humilié et qui fut son principal bourreau au niveau continental porte le numéro 10 ? Quand on sort d’une saison où l’on a – c’est rien de le dire – payé pour voir qu’en sport, l’argent ne garantissait pas le succès, c’en est presque risible de naïveté.

Mais ce ne sont en réalité pas les sommes folles dépensées cet été pour aligner une attaque de rêve qui ont quelque chose de malsain ou d’immoral. C’est le fait que, pour l’opinion, les fans, et même les médias dans leur grande majorité, l’argent dépensé puisse suffire à laver un affront. Alors que ce n’est au mieux que l’espoir de pouvoir le faire qu’il permet. En attendant de voir, le spectacle de cet enthousiasme béat, aveugle, est d’autant plus dérangeant que l’on assiste parallèlement – et sans que cela ne semble réellement susciter l’embarras de cette même opinion – à la gestion mesquine et cynique du cas Ben Arfa par cette même direction du PSG.

Salaire de cador et solde de tout compte

De fait, la saison dernière, à pareille époque, Hatem Ben Arfa était la tête de gondole du mercato estival parisien. Preuve que les jolies promesses sont parfois sans lendemain, il a traversé la saison comme un fantôme. Un joker potentiel au mieux, au début, avant de disparaître peu à peu des feuilles de match, puis des écrans radar, alors même que ses concurrents au même poste ne donnaient pas toujours entière satisfaction. Ben Arfa n’a jamais eu réellement la chance de s’exprimer, et ne porte de fait aucune responsabilité dans les échecs sportifs de la saison dernière. Mais, pour le club, on dirait bien qu’il cristallise les errements d’un passé pas si lointain, une « erreur de casting » comme il en a commis bien d’autres, et de bien plus improbables. Ces recrues indignes aujourd’hui de son nouveau statut de « caïd du mercato » dont il est si fier, Paris s’en est débarrassé, des joueurs achetés et payés trop cher qui faisaient tache. Mais Ben Arfa, lui, a souhaité rester. Peut-être parce qu’il estime qu’il n’en est pas. Sportivement, c’est discutable – il a 30 ans, aucune chance de jouer, et il a déjà si peu exploité son énorme talent… -, mais juridiquement, c’est son droit.

Quand le PSG lui a proposé deux ans de contrat et un salaire de cador, il a parié sur ce que Ben Arfa avait montré de fantastique à Nice et choisi d’oublier l’inconstance de sa carrière jusque-là ou son caractère parfois fragile, voire imprévisible. Paris a parié, et s’il a perdu, il ne le doit d’une certaine manière qu’à lui-même. Peut-il en vouloir à un joueur qui est arrivé sur un tapis rouge et n’a en définitive jamais véritablement fait partie des plans du coach et jamais eu l’opportunité de devenir un chouchou du Parc de ne pas avoir accepté des offres de Turquie cet été ? Ben Arfa acceptait de partir, mais seulement à condition de toucher l’intégralité des salaires de sa dernière année de contrat. Un solde de tout compte équivalent à deux orteils de Neymar et refusé par le club, qui aurait récupéré derrière une indemnité d’un transfert sur laquelle il devra s’asseoir quand le joueur partira libre l’an prochain. Autant dire que financièrement, et sportivement – si vraiment le milieu de terrain est considéré comme un fardeau dans le groupe au point de le traiter comme un pestiféré -, Paris n’avait aucun intérêt à en arriver là.

Qatar contrat de travail football

Désormais, Hatem Ben Arfa s’entraîne avec la réserve. Son casier a été vidé, le vestiaire et le parking de l’équipe première du Camp des Loges lui sont interdits. Mbappé peut faire une dédicace à ses avocats qui n’ont pas beaucoup dormi, mais celui de Ben Arfa, lui, s’apprête à en faire de même. Il a saisi la commission juridique de la ligue pour demander sa réintégration dans le groupe professionnel. La vérité, c’est que le PSG aurait plutôt intérêt à trouver un accord avec son joueur avant que cette affaire ne prenne davantage d’ampleur. D’abord, certains supporters du PSG qui gardent un peu de discernement goûtent mal ce rendez-manqué avec le génie de Ben Arfa, et souhaiteraient presque le voir rejoindre Nice comme en rêverait le président Rivère, et punir Paris. Ben Arfa – Balotelli – Sneijder, ça aurait de la gueule.

Mais surtout, Nasser, il serait dommage, après avoir dépensé autant d’argent dans le PSG pour faire briller l’image de l’émirat dans le monde, que certains supporters se mettent à taper les mots-clefs « Qatar contrat de travail football » dans les moteurs de recherche. Ils pourraient, au hasard, parmi de nombreux témoignages, tomber sur le récit du passage cauchemardesque d’Abdeslam Ouaddou dans le club qatari de Lekhwiya, propriété… du cheikh Al-Thani, qui l’a traité « comme un esclave » . Ou pire, sur les conditions de travail médiévales des ouvriers immigrés qui construisent les stades climatisés de la Coupe du monde 2022. Mais chut, applaudissons : le PSG a réussi le mercato parfait.

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