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Ben Arfa-Koziello, pour un échange de bon procédé
Hier, Hatem Ben Arfa et Vincent Koziello brillaient ensemble sous le maillot niçois. Aujourd’hui, bien que séparés, leur mojo semble s’être fait la malle. Et si une petite partie de chaise musicale pouvait sauver leur saison respective ?
La machine ne pouvait pas carburer aussi bien sans eux. Saint-Étienne, dimanche 27 septembre 2015, prime time de Canal +. Nice change alors de dimension, infligeant une rouste (1-4) à des Verts rendus obsolètes face au bel engin assemblé par Claude Puel. Mais dans cette démonstration collective, deux joueurs font plus que ce qui était écrit sur la notice : Hatem Ben Arfa et Vincent Koziello. Le premier a enfin retrouvé son éclat et réalise un doublé de classe mondiale – contrôle pour se lever la balle, frappe croisée petit filet, puis quelques minutes plus tard, slalom entre cinq Stéphanois avant de battre Ruffier. Le second est plus inattendu, avec ses dix-neuf ans au compteur. Le Niçois domine le milieu de terrain avec des interceptions aux quatre coins du champ, des passes entre les lignes, des tacles intelligents et même l’ouverture du score sur une jolie volée. Le VRP Christophe Dugarry est à court de superlatifs, alors que pour le SAV, Paga cherche à gratter deux mots au joueur auteur de son premier but en pro. Deux belles histoires pour le prix d’une.
Concurrence au milieu
Aujourd’hui, Nice est toujours en haut de l’affiche, premier de Ligue 1 après seize journées. Mais l’état de grâce semble avoir légèrement quitté le duo qui nous avait emballés la saison passée. HBA a filé à Paris pour rattraper le temps perdu, après plusieurs rendez-vous manqués avec le top niveau. Dans la capitale, le gaucher ne semble pas convaincre Unai Emery, qui lorgnait plutôt sur la qualité d’un meneur sud-américain, ni même le public qui frémissait par avance lorsque le club en a fait l’acquisition. Comme au bout de 45 minutes contre Ludogorets, il semble dépassé physiquement et même, par moment, techniquement, pourtant son point fort. L’ancien Lyonnais a du mal à composer avec la pression quand beaucoup (trop ?) d’attentes sont placées en lui.
Sur la Côte d’Azur, l’arrivée du nouveau chef op’ suisse Lucien Favre a rebattu les cartes pour Koziello. Alors qu’il devait confirmer son changement de gamme, le milieu de terrain est soumis à la concurrence 2.0 de Rémi Walter ou de William Cyprien et voit son temps de jeu fondre comme une glace sur la Promenade des Anglais, avec seulement six titularisations en championnat. Pas un hasard de voir son nom apparaître dans les bonnes annonces des transferts à quelques semaines du mercato hivernal (il est annoncé dernièrement du côté de l’AC Milan).
Miser sur les jeunes
Alors, avant qu’Hatem ne sente le piège se refermer définitivement sur lui et que Vincent ne rate le train du haut niveau, proposons un deal. Celui arrangerait tout le monde : échanger Ben Arfa contre Koziello en janvier. C’est tout bénef : Koziello franchirait un cap au PSG, passant dans un club d’une dimension supérieure. Il y a certes peu de place, derrière le trio Matuidi-Verratti-Motta. Mais il pourrait truster une place de second couteau de choix, qu’il accepterait peut-être plus aisément qu’à Nice. D’autant que l’Azuréen aurait sa carte à jouer, dans un registre différent d’Adrien Rabiot et de Grzegorz Krychowiak. Car Paris ne dispose pour l’instant pas de joueur capable de suppléer Marco Verratti tout en proposant la même activité en phase de construction ou de récupération. Même gabarit, même jeu de passes, le sens du dribble en moins, mais la percussion offensive en plus, le relayeur formé à Cannes pourrait être ce complément idéal de l’Italien, surtout au vu de la deuxième partie de saison avec les demi-finales de la LDC dans le viseur, les coupes nationales et une bagarre pour le titre qui s’annonce périlleuse.
Même si le profil de Koziello dénoterait dans la stratégie de recrutement du PSG version QSI, Emery pourrait trouver en lui le style de joueur qui s’adapterait à merveille à ses plans de jeu. À vingt et un ans, il n’a rien à perdre, ne peut que surprendre par sa marge de progression et peut représenter une belle plus-value en cas de revente dans les 3-4 saisons. Après tout, le Real (Isco), le Bayern (Joshua Kimmich) ou le Barça (Denis Suárez) optent bien pour ce genre de choix. Sans oublier qu’avec l’international espoir en renfort au milieu, le technicien basque pourra laisser Blaise Matuidi, à ce moment débarrassé de la concurrence de Ben Arfa, s’épanouir pleinement dans son nouveau poste d’ailier gauche.
La BBB mieux que la BBC
D’accord, mais pour Hatem Ben Arfa, quel intérêt ? De prime abord, un retour dans le Sud de la France serait évidemment un énième revers dans sa carrière. Il laisserait sur les bords de Seine sa dernière chance de briller dans une grosse écurie européenne. Mais à Nice, il retrouverait la sérénité, le crédit et la confiance qu’ont su lui conférer Claude Puel et le président Rivère, alors qu’Emery n’a pas eu la patience pour les lui donner. D’ailleurs, HBA en moins, le coach parisien aurait une place offensive vacante qu’il pourrait combler avec un élément qui correspond mieux à ses attentes de vitesse, de pressing et de continuité du jeu.
Hatem, lui, retrouverait le public déjà conquis de l’Allianz Riviera, qui l’accueillerait à bras ouverts, commençant à peine à digérer les délices offerts l’an dernier. Favre ne pourrait pas s’opposer à un tel renfort : l’actuel n°21 parisien pourrait être d’un grand secours dès janvier pour compenser les départs à la CAN de Jean-Michaël Séri et surtout Younès Belhanda, et serait un leader inestimable dans la course pour un titre historique. Et puis, sérieusement, qui cracherait sur une attaque BBB : Balotelli-Belhanda-Ben Arfa ?
Par Mathieu Rollinger