Ben Arfa–Gasquet : Jumeaux
Relancé par se prestation face à Monaco, Hatem Ben Arfa a rechuté en coulisse dans la foulée. En cause : une absence à l'entraînement mardi. Grand espoir depuis ses plus jeunes années, son parcours et son profil rappelle immanquablement celui d'un autre jeune sportif promis aux sommets : Richard Gasquet.
Toujours cette même impression d’immense gâchis. Cette même affliction face à tant de négligence, voire d’inconséquence. Ce même espoir, aussi, d’une prise de conscience. Qu’après avoir touché le fond -une baston avec un coéquipier, un contrôle positif à la cocaïne- le surdoué se donne enfin les moyens de s’imposer au plus haut niveau, escorté par les regards prévenants de sa cohorte d’admirateurs, par leur anxiété aussi, nourrie de trop de déceptions.
Le génie, Gasquet et Ben Arfa sont nés avec. Très tôt (trop tôt ?), ils sont adoubés par le milieu et surclassent leurs contemporains. Après avoir fait la couverture de Tennis Magazine à 9 bougies, Richard Gasquet remporte à 12 ans le tournoi des petits As, réservé aux… 13-14 ans. Une compétition où se sont révélés plus d’un champion en devenir. Cadet d’un an du Bitérrois, Ben Arfa intègre l’INF Clairefontaine à 12 ans, surclassé lui aussi. Quand le revers à une main du Petit Mozart sidère ses aînés, la patte gauche de l’enfant virtuose signale un phénomène.
Choyés dès leurs années goûter, escortés de comparaisons flatteuses, d’assurances sur leur futur forcément radieux, les deux joueurs ont-ils encore quelque chose à prouver quand les portes du professionnalisme s’ouvrent devant eux ? Sacré champion du monde juniors en 2002, Gasquet surpassait alors un certain Rafael Nadal. Sacré champion d’Europe en 2004, Ben Arfa animait l’attaque de l’Equipe de France des moins de 17 ans, une compétition que Benzema avait commencée sur le banc. Là où Ben Arfa a fini par passer la majeure partie de son temps …
Auteur de quelques coups d’éclat, comme sa victoire sur Federer à 19 ans, Gasquet marque autant le circuit par ses qualités hors-normes, que par son inconstance. Voici ce que disait Ivan Ljubicic, après une défaite en cinq sets face au jeune Sérignanais à l’US Open 2005 : « Il peut bien jouer mais aussi jouer de manière horrible. C’est un enfant gâté. Je pense qu’il va mûrir, mais pour le moment, c’est un enfant, et il joue comme un enfant ! » . Houllier, Perrin, ou Gerets n’auraient vraisemblablement pas dit mieux à propos de Ben Arfa. Parfois incroyable, souvent insupportable.
Capable de mener la gonfle comme personne, le Marseillais manque trop souvent d’application sur des gestes simples, une passe courte par exemple. Équipé d’un bras à la précision analogique, Gasquet paie trop souvent des sautes de concentration et un certain déficit d’endurance physique, handicap fatal pour aspirer à la régularité. Leurs performances en montagnes russes, parfois au cours d’un même match, ne cessent d’agacer ou d’intriguer. « Qu’est-ce que les hommes ont dans la tête? » demande, philosophe, Richard Gasquet dans l’accroche d’un spot de publicité pour un shampoing anti-pelliculaire. De l’auto-dérision ?
Tourmentés de nature ou par le cours sinueux pris par leurs carrières, Gasquet et Ben Arfa sont devenus experts dans l’exercice du mea culpa. A chaque début de saison, ou chaque changement d’entraîneur, les deux surdoués ont enfin compris, ils veulent mieux faire, et vont tout donner…. Mais à force de ne pas convertir leur discours en acte, Ben Arfa et Gasquet fatiguent. Leur comportement effare. Qu’y a-t-il dans la tête de Richard Gasquet quand il passe plus de temps à tripoter son portable qu’à encourager ses coéquipiers pendant un match capital de Coupe Davis ? Et dans celle de Ben Arfa quand il refuse de faire son entrée au beau milieu d’un OM-PSG ou de prévenir son entraîneur quand il sait qu’il ne pourra être présent à l’entraînement ? On se le demande. La solution est en eux.
Par
