ACTU MERCATO
Ben Arfa et l’évidence
Né dans la région parisienne, Hatem Ben Arfa revient à la source, il s’est engagé pour deux saisons avec le PSG. L’histoire d’un gamin de banlieue qui n’a jamais pris les chemins les plus simples pour arriver au sommet.
28 octobre 2007, l’OL vient cogner le PSG au Parc des Princes. Ce soir-là, un gamin de 20 ans plante deux buts en trois minutes. Il s’appelle Hatem Ben Arfa. C’est tout sauf un inconnu puisque le garçon est présenté comme le futur crack du football français depuis son adolescence. Alors qu’il a poussé ses premiers cris en région parisienne, à Clamart, c’est à l’OL qu’il fait ses classes. Lyon, Marseille, Newcastle, Hull City, Nice pour finalement atterrir à Paris, à 29 ans, à la sortie de sa saison la plus réussie (17 buts, 6 passes en Ligue 1). Ben Arfa au PSG, c’était un rêve de gamin pour le gaucher. Au gré de sa carrière, il a pourtant feinté plusieurs fois sur la notion de « club de cœur » , mais dans son petit cœur de banlieusard, Paname fait du bruit. Adolescent, il avait l’écharpe parisienne accrochée au mur de sa chambre. Valdo, Raí, Ronaldinho, Ginola sont des noms qui ont donné des frissons au petit gaucher du 92. « Paris est un grand club, et le club mythique de ma jeunesse » , avait-il lâché dans une interview publiée il y a quelques semaines dans le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France. Ben Arfa au PSG, c’est une évidence, en fait. « Je vis cette signature au Paris Saint-Germain comme un très grand moment de bonheur et de fierté. Le Paris Saint-Germain a toujours occupé une place très particulière dans mon cœur et porter ce maillot au Parc des Princes est un rêve que je poursuis depuis l’enfance. Je suis très honoré que le club m’offre aujourd’hui la possibilité de réaliser ce rêve. Je ferai tout pour porter au plus haut les couleurs de ma nouvelle équipe et rendre fiers nos supporters » , a-t-il avancé sur le site de son nouveau club. Comme quoi, le football va vite.
Il est attendu
Il y a un an, le garçon effectuait sa reprise avec l’OGC Nice après une année galère dont six mois à s’entretenir, seul, dans des tournois de foot à 5 avec ses potes d’enfance. En un an, le garçon est (re)devenu un très bon joueur de football, retrouvant même l’équipe de France et une énorme cote de popularité auprès d’une foule qui ne l’a pourtant jamais épargné. Libre de tout contrat, il a écouté de nombreux clubs européens depuis plusieurs semaines. Il a été envisagé à Barcelone, en doublure de luxe de la MSN. La Lazio voulait tout reconstruire autour de lui. Fenerbahçe lui a proposé un salaire XXL. Le FC Séville voyait en lui le remplaçant idoine de Banega. L’AC Milan a tenté sa chance. Mais, au fond de lui, Hatem Ben Arfa ne rêvait que du PSG. Alors il a pris son temps. Joué la montre en profitant de ses vacances au Brésil, notamment. Pendant ce temps, il espérait un signe du PSG… Sous Laurent Blanc, il n’est jamais venu. Depuis l’Euro 2012, les deux hommes ne gardaient pas forcément un bon souvenir de l’autre. Dans le même temps, Ben Arfa s’est énormément renseigné sur le Séville… de Unai Emery. Alors quand Laurent Blanc est passé à la comptabilité et que le PSG a officialisé Emery, tout s’est accéléré. Il suffira d’un signe, disait un auteur très apprécié des Français. Il est arrivé un matin. Emery a appelé Hatem. Et la magie a opéré.
Moins d’une semaine plus tard, Ben Arfa est parisien pour 2 ans. Un durée qui confirme qu’il s’agit néanmoins d’un pari. Le plus dur commence pour Hatem Ben Arfa. Il doit confirmer. Montrer qu’il a changé. Qu’il est capable de briller dans une grosse équipe, ambitieuse, où il ne sera plus la star. À Nice, l’équipe se mettait en quatre pour lui, l’exonérant souvent des tâches défensives. À Paris, il devra composer avec Di María, Cavani, Lucas, Verratti, Pastore, Motta. Tout ne reposera pas uniquement sur lui, mais il sera épié. Scruté. Attendu. Ceux qui l’ont adulé seront sans doute les premiers à le descendre. Mais c’est la vie. C’est le football. Pour la première fois, le voici sur une scène à la hauteur de son immense talent. Les titres, la pression, la Ligue des champions, un entraîneur qui le voulait, qui est prêt à lui donner de l’amour et des libertés. Cinq ans après l’arrivée de QSI à Paris, et même si c’est un détail, le Qatar tient sa tête de gondole d’origine maghrébine après de nombreux échecs en la matière (Taraabt, Brahimi, Benatia). Une pression supplémentaire. Hatem Ben Arfa est un garçon fragile. Parfois enfant, immature, difficile à cerner. Mais Hatem Ben Arfa est un homme de 29 ans qui ne rêvait que d’une chose : joueur au football. Et pourquoi pas au Paris Saint-Germain. Depuis ce vendredi matin, c’est officiel. À deux ans de la Coupe du monde 2018, il a un boulevard devant lui…
Par Mathieu Faure