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Bellion : « Mon cœur me dit d’aller à New York »
En difficulté à Bordeaux, David Bellion n'est pas très chaud à l'idée d'entamer une septième saison avec les Girondins. Surtout que cet été, il a profité de ses vacances à NYC pour passer un essai avec le Cosmos, dont il est tombé amoureux. Et qui a dit que les idylles de vacances étaient obligatoirement sans lendemain ?
Comment se sont passées tes vacances ?Bien. Je suis d’abord resté un peu à Bordeaux avant d’aller voir des amis à Paris. Ensuite, je suis allé à New York pendant deux semaines, à Manchester durant quatre jours, avant de repasser une petite semaine à Paris et enfin rentrer à Bordeaux.
À New York, tu en as profité pour t’entraîner avec le Cosmos. Comment cela s’est-il passé ?Je me suis entraîné avec eux pendant trois jours, avec l’autorisation des Girondins de discuter avec eux. C’est compliqué pour moi d’entrer dans les détails, parce que j’ai bon espoir que cela débouche sur quelque chose, mais ce que je peux dire, c’est que sur le plan sportif, cela a été un peu court. Je ne pense pas qu’ils aient pu tirer beaucoup de conclusions. Je devais rester une semaine complète, mais pour des raisons personnelles, j’ai dû partir avant. Le premier jour, j’ai fait des tests physiques, le second aussi, avec quelques frappes au but, et le dernier jour, de la tactique le matin et des jeux de trois fois trente minutes auxquels j’ai participé pendant une demi-heure. C’était un peu spécial, parce que c’était un essai pendant mes vacances, alors que j’étais avec mon épouse, en plein centre de Manhattan, à une heure et demie du centre d’entraînement. Je suis toujours dans l’attente d’une réponse de la part du Cosmos, même s’il y a eu des complications extra-sportives. Je ne sais pas si cela se fera avec eux, il y a beaucoup d’éléments à réunir. J’ai discuté avec l’entraîneur, il y a eu certaines incompréhensions qui compliquent un peu les choses. Mon rêve a toujours été de vivre à New York, même si on peut penser qu’à trente ans, je suis un peu jeune pour jouer aux États-Unis. Mais j’ai toujours été fou de Pelé (qui a fini sa carrière au Cosmos dans les 70s, ndlr) et je suis un joueur à l’ancienne dans ma façon de réfléchir. Et puis j’ai toujours été guidé par mon cœur, et mon cœur me dit d’aller là-bas.
« J’ai acheté des crampons et j’ai foncé »
Comment en es-tu venu à t’entraîner avec eux en plein pendant tes vacances ?Ma situation aux Girondins, mon projet de vie, le fait que je voie souvent mon agent là-bas, que ma femme soit anglaise, sont autant d’éléments qui font que j’ai toujours rêvé de vivre à New York. Après, c’est le boulot de mon agent, qui est au courant de tout cela, d’essayer de faire en sorte que les choses se fassent. Dès qu’il m’a dit qu’il avait l’autorisation de Bordeaux pour que je fasse un essai avec le Cosmos, j’ai acheté une paire de baskets, des crampons, et j’ai foncé. Depuis, je suis un peu malheureux, parce que je suis dans l’attente. Étant donné que c’est un club de D2 américaine, il y a plusieurs points qui n’ont rien à voir avec la législation sportive française, ce qui complique un éventuel transfert. Mais que ce soit dans un futur proche ou lointain, j’espère bien y retourner.
Les clubs américains n’engagent la plupart du temps que des joueurs libres. Tu penses que Bordeaux est prêt à te faire cette fleur ?Je n’en sais rien, mais cela fait effectivement partie des éléments à prendre en compte. En Europe, quand on a un palmarès, cela se passe différemment. Là-bas, avant de t’engager, ils veulent pouvoir juger sur pièces, te voir à l’œuvre, à moins que tu t’appelles Thierry Henry ou David Beckham. Mais c’était super intéressant, surtout pour moi qui désire vraiment poursuivre ma vie à New York.
Si un autre club que le Cosmos venait à te contacter, tu y réfléchirais ?Étant donné que je suis dans ma dernière année de contrat aux Girondins, le choix sera crucial. Mon agent m’a proposé des clubs en Europe et dans les destinations un peu à la mode, mais je lui ai dit non. Il sait, depuis que je l’ai rencontré alors que je n’avais que dix-huit ans, que mon rêve est de jouer à New York. Si cela ne se fait pas maintenant, je suis prêt à attendre la fin de mon contrat à Bordeaux.
« Un prêt peut être une solution »
Tu vois toujours ton avenir aux Girondins ?Avec l’expérience, je sais très bien ce qu’il va se passer cette saison. Je l’ai compris depuis janvier dernier, lorsque j’ai été utilisé après le départ de Yoan Gouffran. J’ai marqué d’entrée en Coupe de France, même chose en championnat, j’ai été bon contre Nice, mais dès que Diego Rolan est arrivé, je suis retourné sur le banc. Donc je ne pense pas que les Girondins comptent sur moi, ce qui est compréhensible : je galère ici depuis le départ de Laurent Blanc, avec pas mal de blessures qui m’ont empêché de décrocher une place de titulaire indiscutable. Mais à chaque fois qu’on a fait appel à moi, j’ai répondu présent, comme la saison dernière face au Maritimo Funchal : je ne devais même pas être dans le groupe, Gouffran se blesse au dernier moment, je joue et je marque. Et derrière, je ne joue plus pendant un mois et un match contre Saint-Étienne en championnat. Cela résume assez bien ma carrière sur ces dernières années. La situation est autant due à mes erreurs, que j’assume, qu’à la concurrence. Et puis cela fait longtemps que je suis là, les gens ont envie de voir de nouvelles têtes, c’est normal. J’ai toujours respecté les choix des entraîneurs, à moi de faire les miens.
Si cela ne se débloque pas avec le Cosmos, il est tout de même possible de te voir à Bordeaux cette saison ?Cela dépend de beaucoup d’éléments, comme je te l’ai expliqué tout à l’heure. Le dossier aurait pu se régler rapidement avec le Cosmos, mais je ne décide pas de tout. À Bordeaux, je sais que je resterai sur le banc, que je sois bon ou pas. J’essaie de tout faire pour partir en ayant des choix intéressants, mais certaines choses jouent en ma défaveur. Comme ne pas être dans le groupe lors de la finale de la Coupe de France alors qu’il y a des émissaires dans le stade, par exemple. Les choix d’une certaine personne sont respectables, mais je ferai également les miens. Le problème, c’est que j’en ai de moins en moins. Je suis déjà parti en prêt à Nice en 2010, j’avais aussi été prêté quand j’étais à Manchester, cela peut être une solution pour me préparer à connaître autre chose. Mais je ne partirai pas n’importe comment, sachant que je suis dans ma dernière année de contrat.
Rester à Bordeaux représenterait une déception ?Si le club veut renouveler son effectif, changer de génération, c’est peut être bien pour tout le monde que je parte. Après, j’essaie toujours de relativiser par rapport à la vie. Je ne suis pas quelqu’un de malheureux, je ne vis pas sous les ponts. Il y a des joueurs qui veulent à tout prix, jusqu’à la fin de leur carrière, décrocher le meilleur contrat. Moi, je veux juste aller à New-York. Après, on verra. Si j’ai l’opportunité de signer un contrat intéressant pour ma famille et moi en Europe, je le ferai, mais il y aura énormément de conditions.
Bordeaux n’est pas très fourni en attaque, avec seulement Diabaté, Rolan, Sacko et toi. Tu pourrais avoir ta chance…C’est vrai, mais Cheick (Diabaté) est en forme et l’entraîneur est à la recherche d’un nouvel attaquant. Donc si c’est pour être là par défaut… Dans tous les cas, on verra ce que la vie nous réservera. Mais si j’ai fait un essai à New York, c’est parce que ni moi ni le club n’avons une folle envie de continuer ensemble.
Propos recueillis par Mathias Edwards