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Bellini : « Je prends de grandes respirations pour éviter de ne plus avoir d’air »

Propos recueillis par Eric Marinelli
5 minutes
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Speaker star du Napoli, « Décibel » Bellini prend son pied en faisant crier le San Paolo. Passée à la postérité, sa célébration sur les buts de Gonzalo Higuaín, quand l'Argentin était à Naples, ne l'empêche pas d'être un homme libre.

Comment es-tu devenu speaker du Napoli ?

J’ai eu la chance de commencer à faire de la radio dès 1992/1993 à 12-13 ans. J’ai ensuite travaillé dans des radios de plus en plus importantes jusqu’à Radio Marte, la radio partenaire du Napoli. À l’époque, on m’avait dit, presque par hasard, à cause d’un empêchement d’un collègue, de me préparer parce que ce serait moi le speaker pour quelques semaines. Je n’y croyais pas, je pensais que quelque chose ne se passerait pas bien et que je ne le ferais pas. J’étais certain de ne faire au mieux que quelques matchs. Mais ça s’est mieux passé que je l’avais prévu.

Parle-nous de ton premier match.

C’était le 25 mars 2010, contre la Juve. On a gagné 3-1 et j’étais au seul endroit où un Napolitain veut être le jour d’un tel match : au stadio San Paolo. Je me souviens de la joie d’être au bord du terrain à côté de mes idoles. Mais honnêtement, je ne me souviens pas de grand-chose d’autre à cause de l’émotion.

Tu connaissais tes prédécesseurs ?

Oui, dans l’univers de la radio, tout le monde se connaît. Raúl De Luca avait d’ailleurs laissé une belle empreinte avant moi.

As-tu été inspiré par d’autres speakers ?

Non, depuis le premier jour, j’ai toujours travaillé sur mes idées et mes slogans. J’ai été le premier au monde à scander 9 fois de suite, dans un stade, le nom d’un joueur.

Est-ce que tu es employé par le club ?

Non, je travaille gratuitement. Parce que le Napoli n’est pas un travail, mais une passion.

Quel est ton plus beau souvenir du Napoli comme tifoso et speaker ?

En tant que tifoso, j’étais un gamin quand Maradona a gagné le Scudetto, et avec ma mère et mon père, j’ai été fêté ça dans la rue : un grand souvenir. En tant que speaker, certainement les nuits de Ligue des champions qui ont une saveur particulière.

Comment t’est venue l’idée de scander le nom du buteur autant de fois que son numéro de maillot ?

La première fois a été avec Cavani que j’ai scandé 7 fois. Puis j’ai dépassé ce total avec Higuaín. J’ai inventé cette célébration, mais aujourd’hui, je suis copié dans le monde entier.

Comment fais-tu pour ne jamais te tromper ?

Avec l’habitude, c’est assez simple. Mais c’est arrivé une fois avec Dries Mertens (qui a le numéro 14) que je voulais répéter 10 fois, mais que j’ai finalement dit 11 fois. Trop d’émotion.

Heureusement qu’Higuaín n’a pas le numéro 99, non ? Tu le fais aussi pour les numéros doubles ?

Non, comme je l’ai dit, je m’arrête au maximum à 10 et c’est seulement pour les grands matchs. Sinon, mon standard est de répéter cinq fois le nom du joueur.


As-tu une préparation spéciale, notamment au niveau du souffle ?

Oui, je prends de grandes respirations pour éviter de ne plus avoir d’air, quoi que je fasse.

Quelle est ta relation avec le public napolitain et la Curva ?

J’adore les tifosi, ils sont extraordinaires. Tout seul, je ne suis rien. Tout ce qu’on ressent au stade, c’est eux qui le font, grâce à leur énergie. 60000 cœurs azzurri.

Le public est-il plus réceptif à certaines annonces ?

Higuaín était le préféré de tous. Mais Hamšík, Mertens et Insigne ont aussi du succès. C’est magnifique de scander leurs noms.

Es-tu reconnu dans la rue comme les joueurs ?

Oui, tout le monde me connaît, et je fais souvent des photos avec les tifosi. Mais ce n’est pas gênant, au contraire, c’est un plaisir.

Tu es un Napolitain pur souche ?

Oui, né à Naples et évidemment tifoso du Napoli depuis toujours.

Quels sont tes rapports avec les joueurs ?

Tous les joueurs sont sympas, mais j’ai une amitié en particulier avec Mertens, Koulibaly et De Guzmán (parti depuis à l’Eintracht Francfort).

Et avec le président De Laurentiis ?

Le président est toujours très occupé et je ne le vois jamais si ce n’est au stade quand il est en tribunes.

As-tu déjà imaginé une célébration si le Napoli regagne un jour le Scudetto ?

Ce serait incroyable. J’espère vivre très vite cette émotion.

Finalement, tu es un des seuls Italiens du club ? Pourquoi le Napoli en compte si peu ?

Le Napoli est un club international et, comme tel, il se doit d’avoir des joueurs qui proviennent du monde entier.

Que représente symboliquement le Napoli ?

Le Napoli est le plus grand amour des Napolitains. Dans le monde entier, on peut trouver des tifosi du Napoli. Nous sommes incomparables aux autres, uniques.

Qui est ton idole ?

Maradona est le plus grand de tous pour les enfants des années 1980 comme moi, mais j’adore aussi Careca, De Napoli et Alemao.

L’ambiance dans les stades est-elle vraiment moins belle aujourd’hui qu’il y a 20 ans ?

Pas vraiment. Le football moderne est plus spectaculaire, plus rapide. Il y a de belles choses, de la musique et des animations. Il faut juste que les familles se sentent plus en sécurité au stade.

Justement, la violence reste malheureusement présente…

La violence ne devrait jamais exister, et personne ne doit souffrir pour un match de football. Le sport est joie et saine compétition. Il ne devrait jamais être haine et violence.

Tu annonces dans ta bio être un globe-trotter ? Tu peux nous en dire plus ?

Je vais dans le monde entier pour produire mon émission Go Decibel visible sur ma chaîne Youtube. Là, par exemple, je te réponds depuis la Jamaïque.

Tu as beaucoup d’autres activités ?

Je travaille toujours à la radio, je fais aussi de la télé comme consultant et je m’occupe de l’organisation et la communication de certains évènements.

Un petit mot sur la Nazionale ?

À Naples, on dit toujours que notre équipe nationale s’appelle le Napoli.

Tu ne pourrais pas faire aussi speaker pour la Nazionale alors ?

Si. Je suis un professionnel. Si on m’appelle, je suis à disposition pour le faire.
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Propos recueillis par Eric Marinelli

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