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Belgique : Un Topper de crâneurs
Depuis presque six ans, ce n'est plus forcément la meilleure équipe qui l'emporte en Belgique, mais celle qui résiste le mieux à la pression des playoffs. Dimanche, le choc entre Bruges et Anderlecht, traditionnellement appelé le Topper, ouvrira un nouveau chapitre de cette guerre des nerfs made in Belgium, mais verra surtout s'affronter deux séducteurs en conquête : Besnik Hasi et Michel Preud'homme.
Cela devrait être une sorte de finale, mais cela ressemblera plus vraisemblablement à un match à ne pas perdre. Le genre de match où il ne se passe pas grand-chose et où les passes les plus précises regardent vers l’arrière. Tous deux vaincus la semaine dernière en championnat, brugeois et anderlechtois, ont (re)découvert les joies d’un championnat où tout est possible. Un premier titre pour La Gantoise ? Anderlecht privé d’Europe et Charleroi en Ligue des champions ? À un peu plus d’un mois du verdict final, aucun scénario n’est à exclure. Pas même celui du ridicule. Un comble quand on a dominé, comme Bruges, le championnat de la tête et des épaules, une horreur quand on a, comme Anderlecht, été habitué à transformer les playoffs en marche triomphante vers la poule aux œufs d’or symbolisée par les 15 millions promis par l’accession directe à la Ligue des champions. Quatre titres et pas mal de millions accumulés en cinq ans ont transformé les Bruxellois en tombeurs insensibles dès que le printemps pointe le bout de son nez. Mais ça, c’était avant. Footballistiquement à la rue, psychologiquement hors du coup, les Mauves ont de plus en plus de mal à apparaître en candidats crédibles au titre, et tout le monde se doute que Besnik Hasi ne survivrait pas à une année sans Coupe d’Europe. Sevrés de titre depuis 10 ans, les Brugeois ont entamé pour la première fois les playoffs dans la peau du favori. Avec une pression hors norme, une pléiade de blessés, mais un entraîneur qui rêve du triplé. Un monde de différence.
Bruges, un fanfaron en parade
Pendant longtemps, le rythme effréné imposé par un mini championnat aux allures de chemin de croix n’aurait pas fait peur aux Blauw en Zwart. Pas à De Cock, Clement, Verheyen ou même Rune Lange. Cette équipe de forcenés n’aurait sans doute pas tremblé à l’idée d’affronter deux fois le Standard de José Riga ou le Courtrai d’Yves Vanderhaeghe. Et puis, il y a eu Ceulemans, Ferrera, Janevski, Mathijssen, Koster, Daum, Leekens et Garrido. Huit entraîneurs en autant d’années pour une décennie d’abstinence. Des noms qui rappellent les pires souvenirs de l’histoire récente du Club de Bruges, mais qui font aujourd’hui doucement sourire en Venise du Nord. Tout cela grâce à un homme et trois initiales : MPH pour Michel Preud’homme. À coups de gueulante incontrôlée et de rictus enjôleur, l’homme a replacé le FCB sur la carte du football belge. Comme il l’avait fait avant cela avec le Standard de Liège puis La Gantoise, l’ancien meilleur gardien du monde – c’était en 1994 – a ramené la sérénité, mais surtout un trophée à Bruges. La Coupe de Belgique conquise il y a trois semaines contre Anderlecht ne devait être qu’un début. Comme partout où il est passé avant le Club de Bruges, les résultats parlent pour Preud’homme. Son style ne plaît pas toujours, mais cartonne partout. Et tant pis s’il doit compter sur une équipe esquintée par la fatigue (54 matchs cette saison) et rincée par les blessures (8 titulaires sur la touche), puisque cette saison, le Club peut même compter sur un mec comme Davy De Fauw pour faire la différence. C’est ce qu’on pourrait appeler l’effet MPH.
Anderlecht, fidèle, mais paumé
Il y a tout juste un an, Anderlecht était à peu de chose près dans la même situation qu’aujourd’hui. Avec un bilan inégal de 3 points sur 6, les Mauves avaient été défaits à Liège (1-0) avant de prendre la mesure de Bruges à domicile (3-0). Il faudra cette fois attendre la troisième journée pour savoir où se situe le Sporting d’Anderlecht par rapport au Club de Bruges, mais quoi qu’il advienne dimanche, Besnik Hasi aura bien du mal à rééditer l’exploit de l’an dernier. Parce que mélanger les pièces du puzzle dans tous les sens ne suffit pas toujours à offrir le résultat escompté et que l’entraîneur albanais doit cette fois faire avec la guerre d’ego qui gangrène les hautes sphères du Sporting bruxellois. L’onéreux Steven Defour, l’expérimenté Rolando, la promesse Dennis Praet, autant de joueurs hors de forme que Besnik Hasi s’obstine pourtant à aligner. Question de prix, pas forcément de principe. Lors de son intronisation en mars 2014, Hasi avait avoué vouloir rompre avec son prédécesseur et faire du gamin Youri Tielemans sa pièce maîtresse dans l’entrejeu. Victime de quelques prestations en deçà du niveau attendu, le même Tielemans allait quelques mois plus tard apprendre à faire peu à peu la connaissance du banc. Preuve qu’Hasi n’est pas borné et capable de remettre ses propres choix en question. À l’heure de jouer une partie de son avenir et de sa crédibilité, il va maintenant devoir le confirmer en assumant d’évincer quelques noms ronflants au profit du collectif. L’avenir en mauve et blanc de l’actuel T1 anderlechtois passera par là. La présence d’Anderlecht l’an prochain sur la plus belle des scènes européennes aussi.
Par Martin Grimberghs