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- J1
- Belgique-Pays-Bas (1-4)
Belgique-Pays-Bas : autopsie d’une branlée
En étant ridiculisés à la maison face aux Pays-Bas pour le compte de la première journée de la Ligue des nations (1-4), les Diables rouges ont appris trois choses : qu’ils ne mangeaient plus à la même table que les autres grosses sélections européennes, qu’il fallait sûrement tout changer pour ne pas s’effondrer à nouveau au Mondial, et enfin que Roberto Martínez n’avait toujours pas l’intention de métamorphoser quoi que ce soit.
« Pour moi, la Ligue des nations n’est pas importante. Nous devons jouer ces matchs, mais cela ressemble à une campagne de matchs amicaux. » Il l’avait annoncé avant même le premier rendez-vous de la compétition, Kevin De Bruyne n’allait pas enfiler son plus beau costume pour cette nouvelle édition de la Ligue des nations. Problème, il ne s’attendait pas à ce que tous ses coéquipiers prennent le même chemin. Malmenés pendant toute la partie par des Oranjeséduisants (1-4), les Diables rouges n’avaient plus encaissé quatre pions à la maison depuis octobre 2010 (4-4 contre l’Autriche), et ont surtout enregistré la plus lourde défaite dans le derby depuis un 4-0 en avril 1976. Autant de signes pointant la fin de l’état de grâce – s’il a vraiment existé – de la génération dorée.
Martinez, encore sans défense
« Nous les avons bien analysés et nous savions qu’il y avait beaucoup d’espace entre les lignes. » Autant le dire, quand Virgil van Dijk lâche cette petite phrase en zone mixte à la fin du match, il vient tout simplement de mettre le doigt là où ça fait mal. Pendant 90 minutes, la défense belge – pas aidée par un milieu de terrain qui avait rendu les armes passé le quart d’heure de jeu – a vécu un véritable cauchemar. Mais avant de faire le constat et de donner raison au colosse de Liverpool, il faut tout même assurer qu’une telle performance était prévisible. En grande difficulté lors du Final 4 de la dernière édition de la Ligue des nations, la ligne à trois des Diables rouges n’avait fait que de la figuration face à l’Italie (2-1), les courses dans la profondeur de Berardi et les percées de Barella dans le cœur du jeu, quelques jours après avoir fait preuve de laxisme face à la bande à Benzema et Mbappé (3-2). Alors forcément, quand on garde le même système, aussi bourré d’errances défensives et composé des mêmes profils, il ne pouvait décemment pas en être autrement. Ainsi, faute de densité dans l’entrejeu et de pressing derrière, Bergwijn n’a eu qu’à déposer le ballon dans les buts de Mignolet sur l’ouverture du score (0-1, 40e). D’une poussée de balle, Depay a effacé Alderweireld et Vertonghen sur la seconde réalisation du match (0-2, 51e). L’alignement lunaire de Boyata a ensuite permis à Dumfries de faire la passe de trois (0-3, 61e), avant que Blind ne remporte un duel de la tête face au désormais pensionnaire d’Al-Duhail pour offrir le dernier but des Pays-Bas à Depay sur un plateau (0-4, 65e). Rideau. Roberto Martínez a vu une nouvelle fois son 3-4-3 tomber à l’eau, ses cadres s’écrouler face à la moindre adversité, deux tauliers sortir sur blessure (Lukaku à la 27e et Hazard à la mi-temps) et surtout l’orgueil de toute une sélection s’éteindre en un peu plus d’une heure. Celui qui avait promis du changement après l’Euro raté n’a rien fait, et a même été ciblé par une lourde vague de sifflets au stade Roi-Baudouin au coup de sifflet final. Une première.
Faire du neuf avec du vieux, encore…
Mais pas de panique, le tacticien espagnol, qui était privé de son mur Courtois (pubalgie) a demandé à tout le monde de ne « pas s’inquiéter à six mois du Mondial ». Mieux, il s’est même réjoui que cette défaite soit le résultat dont la Belgique « avait besoin pour se réveiller ». Et pour conclure son intervention débordante d’optimisme face à la presse ce vendredi soir, Roberto Martínez a assuré que le but de cette compétition était « de rendre le groupe prêt pour la Coupe du monde ». Là aussi il y a un couac : comment apercevoir de l’espoir dans le noir le plus total ? À la tête d’un onze toujours aussi vieillissant, bloquant la place à de nombreuses prouesses comme Wout Faes, Arthur Theate ou encore Charles De Ketelaere pour ne citer qu’eux, le sélectionneur semble convaincu que ses cadres montreront un nouveau visage en décembre prochain. Mais comment un défenseur de 33 balais qui a pris la direction du Qatar depuis une saison, un briscard en échec au Portugal ou encore l’éternel Thomas Meunier qui n’avait plus été titularisé depuis le mois de janvier, peuvent envoyer une sélection sur le toit du monde ? Sur le papier, ça paraît impossible. Ça ne fait en tout cas plus peur à personne. Et si l’unique conquête qui redonnera le sourire aux Belges est de retrouver le Eden Hazard des grands jours, il vaut mieux s’épargner le voyage à Lusail. Sans repères depuis deux saisons à la Casa Blanca, le Grand Monsieur ne fera pas tout tout seul si comme par magie, il retrouvait des couleurs ces prochains mois. Mais il semble que miser sur un joueur de 31 ans, en fin de carrière et avec des plaques dans les genoux, est bien la vie qu’a décidé de mener Martinez. Du changement, et vite !
Par Matthieu Darbas