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Belgique : illégitime défense
Toby Alderweireld, 33 ans. Jan Vertonghen, 35 ans. Comme en 2018, les vieux briscards seront encore devant Thibaut Courtois cette année. Quasi inchangée dans un 3-4-3 immuable, la défense des Diables rouges n’est pas un gage de grand succès au moment de voir la Belgique faire son entrée dans ce Mondial face au Canada.
« Je travaille sans relâche autour d’une liste de 55 joueurs, et je pense que nous sommes plus forts qu’en 2018. » S’il y a tout juste un mois, Roberto Martínez se montrait ambitieux, quelques jours avant d’attribuer ses 26 tickets pour le voyage au Qatar au micro de la RTBF, Eden Hazard n’a pas hésité à le contredire il y a une semaine dans les colonnes de L’Équipe: « Il ne faut pas se cacher, on est moins forts. » La liste a beau être sensiblement identique, la Belgique semble bien moins armée pour rivaliser avec les plus grandes nations, et le choix du casting concernant la ligne défensive en est la parfaite illustration.
En mauvaise Kompany
« Les critiques sur notre défense ? C’est du bois pour alimenter le feu. » Agacé par les doutes de certains journalistes autour de la dernière ligne des Belges, Toby Alderweireld est monté au créneau lors de la première conférence de presse des Diables au Qatar pour défendre ses prestations et celle de ses coéquipiers.Nous avons déjà montré que nous sommes présents dans les moments importants. Il suffit de penser au match face au Brésil. Les gens veulent nous tirer vers le bas, mais je suis impatient de répondre sur le terrain. » Si l’actuel capitaine d’Anvers a autant envie de fermer des bouches, c’est sûrement parce que les Belges n’ont pas été capables de le faire contre l’Égypte, nation non qualifiée pour le Mondial, lors de leur dernier match de préparation au Koweït le week-end dernier (1-2). Les errances défensives ne datent toutefois pas d’hier. Pour être précis, elles remontent à l’été 2019.« C’est simple, on ne s’est jamais remis du départ à la retraite de Vincent Kompany », clame Georges Leekens, sélectionneur des Diables entre 2010 à 2012. Pour atteindre la dernière marche du podium en Russie, la Belgique avait pu compter sur l’ancien capitaine de Manchester City et la paire Alderweireld-Vertonghen, alors titulaire indiscutable dans le Tottenham de Mauricio Pochettino – accessoirement finaliste de la Ligue des champions. Depuis, l’un est revenu d’une saison au Qatar pour jouer les trouble-fête en Jupiler Pro League à 33 ans, quand l’autre peine à performer sous la tunique d’Anderlecht à 35 balais. « Ils sont revenus au pays pour avoir du temps de jeu et garder du rythme pour leur dernier Mondial,reprend Leekens. Mais ça n’est pas une question d’âge, ni de vitesse, c’est une question de mieux lire les choses et d’arrêter de faire des fautes stupides. On est plus lent dans les décisions et dans la percussion. »En grande difficulté lors du Final Four de la dernière édition de la Ligue des nations, la ligne à trois des Diables rouges n’avait fait que de la figuration face à l’Italie (2-1) et fait toujours preuve d’autant de laxisme depuis : neufs matchs, douze buts encaissés et seulement deux clean sheets en 2022, soit rien de très rassurant avant d’aborder un Mondial.
Le changement, c’est pas maintenant
Face à ces difficultés, Roberto Martínez a décidé de ne pas broncher. Depuis le départ de Vincent Kompany – actuel entraîneur de Burnley – il y a trois ans, le tacticien espagnol ne cesse de mettre en place son système à trois défenseurs composé de la paire de vieux briscards, et comble le trou par le joueur le plus en forme. Ainsi, le jeune Zeno Debast à trois reprises, Leander Dendoncker deux fois et Dedryck Boyata et Arthur Theate chacun leur tour ont pris place au milieu des deux anciens Spurs lors des rencontres des Diables cette année, preuve d’une réelle instabilité. Pour amener de la constance et de la fiabilité, la question de redescendre Axel Witsel – si rassurant depuis le début de la saison à ce poste du côté de l’Atlético sous les ordres de Diego Simeone – était arrivée sur la table il y a quelques semaines. Martinez a toutefois vite balayé cette hypothèse, préférant son joueur un cran plus haut. Pour ce Mondial, l’Espagnol a donc quatre choix : Debast, Dendoncker, Theate (Rennes) et Faes (Leicester, ex-Reims). En l’absence de Jan Vertonghen, légèrement touché lors d’un échauffement, Martínez avait testé une défense Theate-Alderweireld-Debast face aux coéquipiers de Mohamed Salah, sans grande réussite donc. Selon Alderweireld, il ne faut pas s’inquiéter pour cette charnière : « J’espère que Vertonghen sera avec nous mercredi. Mais de toute façon, il y a aussi des jeunes prêts à se montrer au plus haut niveau. S’il est là, tant mieux, sinon nous serons toujours aussi forts. »Dans les deux cas, c’est Jonathan David qui sera chargé d’appuyer là où ça fait mal.
par Matthieu Darbas
Propos de Georges Leekens recueillis par MD.