- Euro 2020
- Quarts
- Belgique-Italie (1-2)
Belgique, génération rouillée
Battue par l’Italie (1-2) ce vendredi à l’Allianz Arena de Munich au terme d’un match intense et très plaisant, la Belgique est éliminée dès les quarts de finale de l’Euro 2020. Un nouvel échec pour la génération dorée du Plat Pays qui court depuis sept ans après un titre majeur en vain. Sauf que le temps presse et ne joue pas en sa faveur.
2014, 2016, 2018, et maintenant 2021. Pour la quatrième fois de suite depuis son retour parmi les meilleures équipes nationales au monde, la Belgique va de nouveau repartir bredouille d’une compétition internationale. Malgré une phase de poules brillamment relevée et après avoir sorti le Portugal, champion d’Europe en titre, en huitièmes de finale, les Diables rouges ont chuté en quarts de cet Euro 2020 face à l’Italie, au terme d’un duel aux airs de choc des Titans. Comme en 2016, Eden Hazard et ses coéquipiers s’arrêtent donc sans même voir le dernier carré de la compétition, même si, contrairement à l’humiliation subie face au pays de Galles il y a cinq ans, ils ont cette fois dû s’incliner, malgré un très bon match, face à une équipe réaliste, en réussite et incroyablement soudée. Une défaite qui rappelle combien le temps est précieux, et que chaque nouvelle déception rapproche la Belgique d’une terrible hypothèse : cette génération dorée, peut-être la plus belle de l’histoire du Plat Pays, pourrait se dissoudre dans un avenir proche sans rafler le moindre trophée d’envergure (Coupe du monde ou Euro). Une aberration.
L’heure de la Belgique est-elle passée ?
Si l’échec de 2014 pouvait s’expliquer par un manque d’expérience au plus haut niveau face à une équipe argentine qui avait déjà roulé sa bosse, la défaite contre le pays de Galles en 2016 constituer la sortie de route sur laquelle s’appuyer pour le futur, et la chute contre la France s’apparenter à une réussite maximale en faveur des Bleus, qu’en est-il de ce cru 2021 gâché contre l’Italie ? Certes, la Squadra Azzurra est désormais invaincue depuis 32 matchs et semble inarrêtable dans ce championnat d’Europe. Mais les hommes de Roberto Martínez avaient les armes pour relever le défi de la Nazionale. Que ce soit Lukaku, trop court d’un morceau de crâne ou stoppé sur le gong par Spinazzola, De Bruyne – présent sur la pelouse de Munich malgré une déchirure ligamentaire de la cheville selon l’intéressé après la rencontre – qui a vu Donnarumma justifier son statut de grand gardien, ou encore Doku, feu follet impressionnant, mais imprécis sur le dernier geste, tous se sont cassé les dents au moment crucial. Comme s’il manquait encore et toujours ce petit quelque chose en plus, cette magie indispensable pour entrer dans la caste des plus grands, ceux qui repartent fièrement avec le trophée sous le bras à la fin de la bataille.
Et comme un symbole, Eden Hazard, l’élément central de cette génération exceptionnelle et capitaine de la sélection, manquait à l’appel aujourd’hui. Malheureusement pas remis de sa blessure subie en fin de rencontre face au Portugal dimanche dernier, il n’a pu se battre aux côtés de ses copains. Sauf que le Madrilène a aujourd’hui 30 ans, un corps qui flanche dangereusement depuis deux saisons, et une étagère dédiée à son pays dans son armoire à trophées qui ne se remplit pas. Et il n’est pas le seul. La sélection belge, deuxième plus âgée du tournoi avec 29,1 ans de moyenne et un seul joueur en dessous des 24 ans (Doku, qui a soufflé ses 19 bougies le 27 mai dernier), voit petit à petit ses joyaux prendre la poussière, que ce soit Vermaelen (35 ans), Vertonghen et Mertens (34 ans), Witsel et Alderweireld (32 ans), ou encore Hazard, donc, et De Bruyne (30 ans), alors que Courtois et Meunier (29 ans) flirtent avec la barrière fatidique. La Coupe du monde 2022, qui aura lieu dans un an et demi au Qatar, devrait certainement constituer la dernière opportunité d’être enfin sacrée pour cette bande aussi fantastique que malheureuse. À moins qu’il ne soit déjà trop tard.
Par Fabien Gelinat