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Belgique-France : ces Bleus qu’on aime
En quarante-cinq minutes (ou plutôt en une heure en comptant l'entracte), l'équipe de France a renversé la Belgique (2-3) dans un match fou avec son talent et son caractère. Merci pour les émotions !
On parlera peut-être pendant encore longtemps de ces quinze minutes époustouflantes pendant lesquelles l’histoire de ce Belgique-France a basculé. Personne (ou presque) ne donnait aucune chance aux Bleus à l’entracte : la première période était ratée, les Belges et Lukaku étaient plus forts, et les interrogations sur Didier Deschamps étaient même légitimes. Puis la pause est arrivée. Il s’est forcément passé quelque chose dans l’intimité du vestiaire, ce jeudi soir, pour parvenir à prendre le contrôle du scénario d’une partie qui semblait échapper à l’équipe de France. Les amateurs de poncifs qui se cachent dans le groupe tricolore aimeront raconter qu’« ils se sont dit les choses entre hommes ». Paul Pogba, lui, a préféré balancer un teasing plus alléchant que la bande-annonce du dernier James Bond pour réveiller les papilles des plus curieux. « Vous verrez certainement ce que l’on s’est dit sur des vidéos, mais pas maintenant. J’espère aussi que vous pourrez voir ce qu’on s’est dit dans le vestiaire après la victoire dimanche(contre l’Espagne, donc, NDLR), a annoncé le champion du monde au micro de La Chaîne L’Équipe après la victoire renversante des Bleus à Turin (2-3). Il faut attendre, vous allez voir. J’espère qu’on gagnera dimanche, on a ressenti une énergie que je ne peux pas expliquer. Vous allez comprendre. » Finalement, pas besoin des images inside: les premiers éléments de réponse sont arrivés sur le terrain, lorsque les Français ont d’eux-mêmes remis le son, lors d’une deuxième période à la fois inespérée et bluffante. Une bouffée d’air frais.
Allô le caractère, ici la Lune
Comme face à la Suisse en juin dernier, l’équipe de France a traversé cette rencontre en faisant preuve d’une double personnalité toujours aussi incompréhensible. Cette fois, l’issue est heureuse pour la bande de Didier Deschamps, mais le premier acte avait laissé un drôle de goût en bouche et ravivé quelques maux constatés ces derniers mois. Le jour et la nuit, ou plutôt l’inverse, avec ce que Benzema et ses copains ont proposé au retour des vestiaires : des connexions évidentes (Mbappé-Benzema), un pressing haut, de l’intensité dans les duels. Les ingrédients nécessaires pour transformer une équipe moribonde en une formation plaisante et joueuse. Si les Bleus ont renversé leurs voisins belges ce jeudi soir, c’est autant une question de talents (cette sélection en a sur toutes les lignes) qu’une histoire de mental de champions.
Après les actes, il y a également eu les mots des uns et des autres, pour tourner définitivement la page de la Suisse et se tourner vers la suite. Le patron des Bleus a été le premier à prendre la parole sur TF1 : « Gagner ce match-là par rapport au scénario, ça montre aussi la force de caractère de cette équipe. On était là pour jouer la finale, on y sera avec l’envie de décrocher le titre au bout. » Son poulain Antoine Griezmann, loin d’être brillant ce soir, a tenu le même discours après avoir adressé quelques caresses à ses deux compères de l’attaque : « Il fallait aller les chercher, on savait que si on mettait un but, ça allait changer le match. C’est ce qui s’est passé. Contre la Suisse, on avait fait une erreur, mais là, on était bien focus. On voulait montrer qu’on a les épaules solides et que l’on peut gagner contre n’importe quelle équipe. » À la nuance près que la Belgique n’est justement pas n’importe quelle équipe, et c’est ce qui donne aujourd’hui encore plus de crédit à ce qu’ont réalisé les Bleus à l’Allianz Stadium. « Le paramètre émotionnel est très important, analysait Roberto Martínez dans le camp d’en face après la déception. Je pense que ce soir, ce n’est pas un problème de qualité. La deuxième mi-temps s’est jouée sur les émotions. » Plus qu’un trophée sans grand intérêt, voilà ce que le peuple réclamait : des émotions. Pour cette semaine, c’est gagné, ou tout du moins jusqu’à dimanche soir.
Par Clément Gavard