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Beckham, au revoir et merci ?

Par Régis Delanoë
5 minutes
Beckham, au revoir et merci ?

Samedi, David Beckham dispute son dernier match en MLS à l’occasion de la finale des play-offs avec les Los Angeles Galaxy où il a passé cinq saisons. L’occasion de dresser un bilan sportif (plutôt correct) et de poser la question suivante : l'Anglais a-t-il permis au soccer d'enfin décoller aux États-Unis ?

« J’ai vécu des moments incroyables au Los Angeles Galaxy, mais je souhaite tenter une dernière expérience avant la fin de ma carrière. » C’est par ces mots que le Spice Boy a annoncé la fin de son aventure nord-américaine. En tant que joueur tout du moins, puisqu’il a clairement laissé entendre qu’il étudiait toujours la possibilité d’y revenir en tant qu’actionnaire d’une franchise, une fois les crampons définitivement rangés. En clair, son planning pour les mois à venir pourrait être le suivant : une dernière pige sur le terrain où on veut bien de lui et où on est disposé à assurer ses émoluments – Europe, Australie ou autre – puis la retraite de joueur officialisée, avant un retour à plus ou moins court terme aux États-Unis avec le costume d’actionnaire-businessman d’une formation de Major League Soccer.

Tel est le plan prévu. En attendant de voir s’il va se réaliser, le moment est bon de dresser un bilan de son expérience nord-américaine, démarrée il y a plus de 5 ans, à l’été 2007. À titre personnel, la relation de David Beckham avec le soccer semble s’être bonifiée avec le temps. Les deux dernières saisons qu’il vient de vivre sont les plus réussies depuis son arrivée en Californie. Ne serait-ce que sur le strict plan des statistiques, ses 17 passes décisives réalisées l’an dernier en championnat – meilleur joueur de la Ligue dans ce registre – ainsi que ses 6 passes et 7 buts cette saison font de lui un des joueurs les plus décisifs de son équipe et de la Ligue. Évoluant désormais le plus souvent à un poste de milieu central plus reculé qu’à ses débuts, Beckham garde encore aujourd’hui, à 37 ans, une grande influence dans le jeu, contribuant par ses orientations et sa patte droite toujours assez magique aux bonnes performances de ses coéquipiers. Dans un championnat comme la MLS, où l’intensité des rencontres n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’il a pu connaître en Europe, la baisse naturelle de sa condition physique n’est pas un énorme handicap. Son expérience et sa technique largement au-dessus de la moyenne lui permettent à la fois d’anticiper les trajectoires de balle et les mouvements de ses partenaires, s’économisant du même coup des courses inutiles.

Il faut quand même souligner qu’après une saison 2008 d’apprentissage correcte, il a fallu à l’Anglais deux longues années de transition ponctuées par des prêts au Milan AC pour se tourner pleinement vers une carrière nord-américaine. Sans avoir l’esprit perturbé par d’autres sollicitations, si ce n’est celle plus récente du PSG et ce fameux transfert avorté au dernier moment en janvier dernier. Et ce n’est certainement pas un hasard si ses deux dernières saisons réussies sur le plan individuel correspondent à un petit âge d’or de son équipe, vainqueur de MLS l’an dernier et de nouveau finaliste ce samedi face à Houston, malgré une saison régulière parfois calamiteuse. En gros, quand Beckham va, le Galaxy va. Une deuxième victoire consécutive ce week-end face au Dynamo viendrait clore en beauté cette période dorée des Californiens avec l’ancien Mancunien à la baguette.

En MLS, un avant et un après Beckham

Mais au-delà de l’analyse strictement sportive, ce bilan doit aussi prendre en considération des enjeux plus vastes, sur le développement du soccer en Amérique du Nord depuis l’arrivée de Beckham. Car sa signature au Galaxy en 2007 n’avait rien d’un transfert banal. À l’époque, la MLS est moribonde. Elle n’a qu’une dizaine d’années d’existence, mais paraît déjà tourner dans le vide. Les stades – pour certains des enceintes de foot US mal adaptées – accueillent rarement plus de 15 000 spectateurs par match, et le fonctionnement de la Ligue semble enfermé dans un carcan trop strict à l’américaine, avec un système de salary cap qui convient mal aux canons du football mondial. Or l’arrivée de Beckham va changer beaucoup de choses. Avec lui débarque le sponsoring de masse, le géant Herbalife signant en même temps comme sponsor maillot du Galaxy. Avec lui aussi, le règlement va être réformé, la Ligue donnant le feu vert à la mise en place de ce qu’on appelle les « joueurs désignés » , qu’il est possible de rémunérer au-delà de ce que permet le salary cap exigé pour chaque franchise.

L’arrivée de Beckham coïncide aussi avec l’inauguration de nouveaux stades, à Salt Lake City, Philadelphie, dans le New Jersey pour les Red Bulls, Kansas City, Houston… Désormais, quasi toutes les franchises disposent d’un stade moderne spécifiquement consacré au soccer. Les conditions d’accueil s’améliorent, le jeu aussi (un peu). Du coup, les affluences progressent d’année en année : +15 % en 3 ans, pour atteindre près de 19 000 spectateurs de moyenne par match. Depuis l’an dernier, la MLS a dépassé la NHL et la NBA au niveau des affluences. C’est bien sûr à relativiser, ces deux sports se déroulant en salle et le soccer en stade, mais ça n’en est pas moins une étape importante de franchie. Désormais aussi, la pratique de faire venir des « joueurs désignés » se généralise, grâce à des soutiens financiers plus importants qu’avant : Henry, Marquez, Cahill, Keane, Di Vaio, Boyd… Ce sont les enfants de Beckham, lui qui avait débarqué en 2007 dans un championnat où les seuls étrangers étaient d’inconnus Brésiliens, Mexicains, Portoricains ou Jamaïcains. L’Anglais n’est pas seul responsable du cercle vertueux qui semble s’être mis en place, mais il a incontestablement contribué au dynamisme actuel du soccer outre-Atlantique.

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Par Régis Delanoë

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