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Beaurepaire : « Le club existe grâce aux Finlandaises »

Propos recueillis par Romain Lejeune
7 minutes
Beaurepaire : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le club existe grâce aux Finlandaises<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après un passage par Guingamp, Chelsea et Lamballe, Anthony Beaurepaire joue au pays du Père Noël, pour le compte du FC Sammakot, club francophone de la ville d’Helsinki. De ses rencontres avec John Terry et Marcel Desailly, de la météo glaciale au manque de lumière, des infrastructures scandinaves au goût des Finlandais(es) pour le ballon rond, le défenseur du « FC Grenouille » raconte tout ce qu’il faut savoir sur un championnat bien à part.

Pourquoi décides-tu de venir jouer au foot en Finlande ?
J’ai rencontré ma petite amie finlandaise à Rennes, à la faculté. Elle était en échange Erasmus. Au même moment, j’ai commencé à avoir des petits problèmes médicaux qui m’ont contraint à arrêter le foot pour passer des examens. A cette époque, je jouais en CFA2, à Lamballe. J’ai donc décidé de rejoindre ma petite amie à Helsinki. C’est une fois arrivé là-bas que j’ai rencontré des Français qui venaient de créer une équipe de football francophone. J’ai donc rejoint cette équipe appelée le FC Sammakot, ce qui signifie « FC grenouille » en finnois.
« FC Grenouille » , c’est quoi ce nom !?

C’est en référence au nom que l’on donne aux Français à l’étranger, car on mange des cuisses de grenouille.

Présente-nous le club…

Le FC Sammakot est un club créé en 2007 par quatre Français qui bossaient dans la même école française d’Helsinki. Le club a évolué en 7ème division pendant les trois premières années. L’assiduité était le point faible de l’équipe, du fait des jours de matches qui se tiennent en semaine après le travail, mais aussi à cause du découpage de la saison, qui s’étale de mai à fin juin et de début août à mi-septembre, avec une majorité de joueurs qui passent leur été en France. D’ailleurs, il nous est souvent arrivé de jouer en infériorité numérique. Le club a retrouvé un second souffle, depuis quelques mois. L’effectif change beaucoup du fait des arrivées et des départs des expatriés. En ce moment, c’est la saison de salle : environ douze matches pendant l’hiver sur des terrains de handball.
Pas trop bizarre de jouer en championnat uniquement l’été ?

Non, c’est même agréable. En été, les journées sont longues, et le temps est agréable. En France, l’hiver peut être assez pénible pour jouer (terrain, pluie…). Je pense que c’est une bonne solution.
La saison en salle, plus éprouvante qu’à l’extérieur ?

En salle, il y a un manque d’air qui gêne énormément, surtout dans celles qui se trouvent sous la ville, creusées à 15 mètres sous le sol !

Ça joue comment là-bas ?

J’ai été assez surpris par le niveau, en jouant en 7ème division, je pensais trouver un niveau très faible mais il y a de bons joueurs. C’est un peu plus physique car on est quand même au pays du hockey.

Avant ça, tu es passé par Guingamp et Chelsea, de belles expériences ?
J’ai fait ma formation à l’EA Guingamp de 13 à 18 ans. Capitaine des 15 ans nationaux de l’EAG, j’ai joué contre Ogbeché, Shiva star Nzigou, Didot… J’ai toujours joué défenseur central et fait deux essais d’une semaine à Chelsea lorsque j’avais 18 ans. Une expérience extraordinaire. Je me suis entraîné avec Desailly, Lebœuf, Poyet, Hasselbaink, Wise et John Terry qui, à cette époque, était encore très jeune et pas titulaire. J’ai même joué un match de championnat avec l’équipe des jeunes de Chelsea sous une fausse licence. Les structures pour la jeunesse n’étaient pas encore très développées par rapport à la France.

John Terry, tu as eu l’occasion de le côtoyer un peu ?

Je me changeais dans le même vestiaire, celui des jeunes, mais à l’époque, il n’était qu’un jeune parmi les autres, ce n’est que plus tard que j’ai réalisé que c’était lui !

Desailly, Lebœuf, des mecs bien ?

Desailly avait pris l’entrainement à l’occasion d’un décrassage. Il semblait très respecté. Avec Lebœuf, nous avons échangé quelques mots sur l’apprentissage de la langue anglaise, il était très sympathique.

Retour en Finlande. Comment t’es-tu adapté à la culture scandinave ?

Assez bien je crois. La langue est très difficile mais je la parle relativement bien maintenant. Ici, tout le monde parle anglais couramment. Pour ce qui est d’Helsinki, c’est une ville où il fait bon vivre. Elle a les avantages d’une capitale européenne tout en gardant ceux que peuvent avoir les petites villes. Les Finlandais sont assez réservés mais, comme on dit ici, une fois qu’ils t’ont accepté, c’est pour la vie ! Le fait d’être français est assez bien vu, même s’il y a certains côtés de la culture finlandaise qui me gênent un peu, telle que la distance à garder entre les gens, par peur de gêner ou de déranger… Mais après six ans passés ici, je me sens pratiquement finlandais, surtout que va bientôt naître une petite Franco-Finlandaise.

Et les Finlandaises justement, elles sont sympa ?

Les Finlandaises sont très sympa, un bon nombre de joueurs du FC Sammakot sont en Finlande car ils ont trouvé une Finlandaise sympa… donc le FC Sammakot existe grâce aux Finlandaises !

Un peuple qui aime le football ?

Je pense qu’il ne manque qu’une phase finale d’un championnat d’Europe ou d’une Coupe du monde pour passer un cap. Les Finlandais adorent le sport, comme le hockey, le ski, la Formule 1… Le championnat anglais est très suivi, et il y a de plus en plus de jeunes qui jouent au football. Dans quelques années, il devrait y avoir une bonne équipe nationale.

Les infrastructures (stade, etc.) tiennent-elles la route ?

Les loisirs sportifs sont très développés, que ce soit en hiver ou en été. Il y a beaucoup de terrains synthétiques à disposition de tous. Il est assez facile de pratiquer le football dans de bonnes conditions. En 7ème division, nous jouions sur des terrains en stabilisé, terre et gravillon. A Helsinki, il y a deux stades principaux, le Sonera Stadium, où évolue l’équipe d’Helsinki HJK et, à côté, le stade olympique de 40 000 places où joue l’équipe nationale. C’est ce stade qui accueillera l’équipe de France en septembre prochain. Autour de ces deux stades, il y a trois terrains synthétiques ouverts à tous. Il y a environ une cinquantaine de terrains de sport à Helsinki. Donc oui, ça tient la route !

Côté météo, il fait si froid que ça ?

En été, il peut faire 30 degrés, en hiver -30… Janvier et février sont les mois les plus froids : les terrains de sport stabilisés sont transformés en patinoires géantes. Les Finlandais font beaucoup de ski nordique, même sur la mer gelée et, l’hiver, les footballeurs deviennent des hockeyeurs.

La période de Noël en Finlande, ça donne quoi ?

Cette période est assez calme, difficile du fait du manque de lumière : seulement quelques heures de jour à Helsinki. Il arrive de ne pas voir les rayons du soleil pendant une, voire deux semaines. Janvier, février et mars sont certes plus froid mais, avec la neige, la lumière est plus présente. Ici, Noël est une période avec beaucoup de jours fériés, du 24 à midi jusqu’au 26 au soir.

On mange bien là-bas ?

A Noël, le repas est assez modeste, sinon c’est une cuisine assez simple : beaucoup de soupes, du poisson, cette nourriture me convient parfaitement ! Beaucoup de légumes et de fruits exportés du fait des saisons de production, courtes en Finlande. On mange aussi beaucoup de baies que l’on cueille en été et en automne.

Le Père Noël est déjà venu vous rendre visite à l’occasion d’un match ?

Jamais ! Je pense qu’il est déjà suffisamment occupé tout au long de l’année… En revanche, je suis déjà allé le voir à Rovaniemi.

Rovaniemi, la ville du Père Noël ! C’est comment ?

Rovaniemi est une ville assez commerciale, le Père Noël y « travaille » et reçoit des touristes du monde entier. C’est à faire une fois. Ce qui vaut vraiment le coup, c’est la Laponie, magnifique, que ce soit en hiver ou en été. C’est sauvage, on y croise des rennes en liberté, on y voit des aurores boréales…

Le foot français t’inspire toujours ?

Oui, en particulier les résultats des clubs bretons. Je n’ai pas vécu le mondial sud-africain en France, donc je n’ai pas vraiment compris le pataquès fait autour de tout cela. En tout cas, on attend la France pour les qualifications en septembre prochain, et puis l’Espagne un peu plus tard. On va pouvoir comparer l’écart de niveau. Concernant les clubs français, je pense que l’arrivé du Qatar a Paris va permettre de mieux faire connaître le football français à l’étranger. Notamment en Finlande où, espérons-le, il finira par être aussi suivi que l’est le foot anglais.

L’avenir de ton club, à quand une coupe d’Europe ?

Il faudra sûrement attendre la prochaine génération de Franco-Finlandais pour voir briller le FC Grenouille sur la scène internationale ! Sinon, pour le moment, c’est une façon de se retrouver entre Français, et ça fait du bien!

Adrien Rabiot : le Duc se sort les doigts

Propos recueillis par Romain Lejeune

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