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« Beaucoup sont indignés que la Russie accueille le Mondial »

Propos recueillis par Nicolas Kssis-Martov
7 minutes
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DJ Vadim, ou le dub qui venait du froid. L'artiste affiche un destin atypique pour un producteur de reggae et de soul. Britannique d'adoption, nomade culturel, jamaïcain de cœur, et new-yorkais de passage, le natif de Leningrad continue d'aimer le rouge plus que tout autre couleur et entretient un romantisme très slave pour le football. L'occasion de causer des Reds, de Poutine et de ce « maudit » Abramovitch.

Tu as des souvenirs du football quand tu étais gamin à Leningrad, en ex-URSS ?J’ai quitté la Russie quand j’étais vraiment très jeune, tout juste cinq ans, donc je ne me sentais pas encore vraiment concerné par le foot. Mon amour pour ce sport a grandi en Angleterre et en particulier pour Liverpool. J’aime le rouge, et Liverpool dans les années 80 représentait une équipe si passionnante à regarder jouer… Tant de grands joueurs y évoluaient : Ian Rush, Graeme Souness, Bruce Grobbelaar avec sa drôle de technique et ses tenues incroyables, John Barnes, Alan Hansen et le plus grand de tous, Kenny Dalglish !

Tu as vraiment choisi Liverpool pour la couleur rouge, parce que dans ce cas, Manchester United pouvait être également un bon candidat…Je ne saurais apporter de réponse à cette question.

Je sentais une sorte d’affinité élective envers Liverpool. La façon dont ils jouaient, leur devise…

Tu as raison, ces deux club arborent tous les deux la même couleur. Néanmoins, je sentais une sorte d’affinité élective envers Liverpool. La façon dont ils jouaient, leur devise… Ils étaient vraiment dans le travail d’équipe, ce genre de valeurs du football. Contrairement à Chelsea avec leur milliardaire qui se contente simplement de s’offrir de grands joueurs. Liverpool, lui, les a créés à partir de rien.

Puisqu’on évoque leur célèbre devise, tu te vois remixer le You ‘ll never walk alone ? En voilà une bonne question… Pourquoi ne pas la poser directement à Liverpool ? (rires)

Pourquoi détestes-tu à ce point les Blues ? Pour moi, le football propose une sorte d’instantané de la vie réelle. Une évasion pour sûr. Toutefois, il reflète aussi la nature même de notre société, à l’instar de la musique ou du hip-hop. Un miroir offert à nous-mêmes. Et donc, face à cela, tu as Chelsea qui n’a jamais rien obtenu sans qu’Abramovitch ne l’achète. Pourquoi a-t-il choisi Chelsea ? Il aurait pu acquérir n’importe quel club, Liverpool, Manchester United, etc. Quel intérêt ? Chelsea joue en bleu. Il est installé au milieu d’un quartier très riche, très chic, de l’ouest de Londres. Il possède quelques partisans très conservateurs. Abramovitch s’en est porté acquéreur simplement parce que ce club lui a ramené du pouvoir politique, il lui a obtenu un passeport et la possibilité de rapatrier sa fortune au Royaume-Uni. Ensuite, il est allé à la chasse dans le monde entier et il s’est payé tous les meilleurs joueurs et les bons gestionnaires pour surveiller le tout. Et si cela ne marche pas une saison, on brûle tout… Tu peux vraiment faire cela ? Vraiment ? Les équipes ont besoin d’une année, voire deux ou trois pour commencer à tourner. Les joueurs doivent mûrir. Tu peux dégoter quelques garçons de 16 ans au Brésil, l’un d’entre eux peut se révéler très bon, mais il a vraiment besoin d’expérience et de grandir. Et tu ne peux pas ensuite le foutre sur le banc après quelques matchs. Tout comme pour un bon plat, 20 minutes ne suffisent pas !

Connais-tu le livre de David Peace, Red or dead? Oui, il est sorti il y a quelques années. C’est à propos de la passion et de la dévotion qui entourent encore Bill Shankly, un des plus incroyables entraîneurs des Reds. Je ne l’ai pas encore lu malheureusement…

Puisque nous sommes dans l’histoire, quel est selon toi le plus grand moment dans la grande histoire de Liverpool ?La victoire aux tirs au but à Istanbul en finale de la Ligue des champions. Pour y arriver nous avions dû battre Leverkusen, la Juventus et, bonheur suprême, Chelsea.

Remonter trois buts face à Milan, c’était sensationnel. J’étais sur le bord de mon canapé prêt à tomber !

L’AC Milan était sans conteste le favori pour décrocher le trophée et ils étaient en effet incroyables. Ils avaient imposé un rythme implacable dès l’entame. 3-0 à la mi-temps. Et il s’est produit le miracle en six minutes. Remonter trois buts. C’était sensationnel. J’étais sur le bord de mon canapé prêt à tomber !

Quand tu croises Giles Peterson, Gunner dans l’âme, ce n’est pas trop difficile de parler foot ? (Rires) Non, il est cool. Certes, je soutiens une équipe, sans être un idiot qui s’acharne sur ceux qui préféreraient une team rivale. Je ne veux pas ruiner ma journée pour une telle raison. Bien sûr, je suis heureux si nous gagnons. Si nous perdons, d’accord, je vais être triste pendant trente secondes, mais la vie continue.

Les DJ’s n’ont-ils pas une vie comparable aux footballeurs : toujours voyager, se confronter à un nouveau public ?On peut voir les choses ainsi. Dans ce cas, à quel joueur ressemblerais-je ? Je me trimbalerais une de ces gueules qui sont toujours dans les newspapers pour leurs exploits hors du terrain, par exemple un David Becham ? Serais-je un Luis Suàrez, un type controversé, un joueur aussi immense que fou ? Aurais-je à parler gentiment à Steven Gerrard, Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, Paul Pogba ou Philipp Lahm ? Je ne sais pas si j’en serais capable (rires).

Et tu en as déjà croisé dans la vraie vie, de ces stars à crampons ?J’ai été une fois dans un sauna avec Daniel Sturridge. En fait, je ne l’ai su qu’après, c’était il y a trois ans dans un hôtel chic de Londres.

Penses-tu qu’il soit possible de revenir au grand Liverpool d’il y a dix ans ?Je le souhaite. Cette saison est un cauchemar.

Ce qui rend passionnant de supporter son club, même quand ils apparaissent minables, c’est de savoir qu’un jour, ils reviendront, encore.

Certains instants sont lumineux, mais trop de ratages au final. Jürgen Klopp a été incroyable en Allemagne, sauf qu’il a repris une équipe de mi-saison et il doit travailler avec ce qu’il a sous la main, c’est-à-dire trop de joueurs médiocres, les blessures de Sturridge. L’équipe doit être rebâtie. Cela prend du temps, comme avec toute grande équipe. Une histoire de flux… Tu ne peux pas toujours être sur le dessus du panier. C’est d’ailleurs ce qui rend passionnant de supporter son club, de suivre son équipe, même quand ils apparaissent minables ou qu’ils perdent face à des équipes de merde en bas de classement. Parce que tu sais qu’un jour, ils reviendront, encore.

Pour revenir à ton pays de naissance, comment vois-tu la situation du football en Russie aujourd’hui, et comment perçois-tu les remous autour de la prochaine Coupe du monde qui doit s’y tenir en 2018 ? Nous vivons dans un monde étrange, peuplé par des organisations telles que l’Église, le gouvernement, qui sont censés en principe nous protéger à l’instar de la police, etc. Des organisations telles que la FIFA ou le CIO, avec ses Jeux olympiques, dont la finalité serait de célébrer l’excellence dans le sport, etc. Cependant, la réalité ne se décline pas simplement en noir et en blanc. Le plus grand sport au monde s’avère aussi être la plus grande vache à lait économique et les personnes qui en ont la charge depuis de nombreuses années ont parfaitement su la traire. Quand est-ce que cela a commencé ? Je ne suis pas sûr, je suppose que lorsque les recettes de télévision ont explosé, un glissement s’est produit. Beaucoup de personnes sont indignées aujourd’hui que la Russie accueille la Coupe du monde 2018. Toutefois, était-ce si différent pour les éditions précédentes : Brésil 2014, l’Afrique du Sud 2010, Allemagne 2006, Corée-Japon 2002, la France 1998, USA 1994 ? Fuck not ! Bien sûr, les gouvernements ont balancé les mêmes pots-de-vin pour obtenir l’attribution du Mondial dans leur pays et les peuples en ont souffert. Regarder comment le gouvernement brésilien avait agi au détriment de son propre peuple, détourner des fonds pour construire les stades, etc. Ces stades démesurés, ces éléphants blancs qui ne seront sûrement jamais utilisés à nouveau, au fond de la jungle amazonienne ou même à Capetown auparavant. La Coupe du monde se révèle tout simplement un moyen de rendre un cercle très restreint d’individus beaucoup plus riches. C’est triste, mais c’est ainsi.

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Propos recueillis par Nicolas Kssis-Martov

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