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Bayern-Paris, belle à retardement

Par Simon Butel
6 minutes
Bayern-Paris, belle à retardement

Adversaires en phase de poules de la Ligue des champions à l'automne 2017, à une époque où le duo Neymar-Mbappé n'en était qu'à ses balbutiements, le PSG et le Bayern vont donc s'offrir dimanche une belle lors de la finale de la compétition. L'occasion de mesurer le chemin parcouru par les deux clubs ces trois dernières années. Si le Bayern semble avoir davantage avancé collectivement, Paris s'appuie toujours sur quelques artisans majeurs de son cinglant succès en septembre 2017 au Parc. À commencer par ses deux facteurs X.

C’est, à bien y penser, le match où tout a vraiment commencé. Le mercredi 27 septembre 2017, deux semaines après avoir collé une rouste au Celtic à Glasgow (0-5) pour son entrée en lice, le Paris Saint-Germain et le duo Neymar-Mbappé, déjà décisif en Écosse (un but chacun, une passe décisive pour le Brésilien) pour sa première sortie européenne, accueillent le Bayern Munich pour le compte de la deuxième journée de la Ligue des champions. L’occasion pour l’affriolant binôme de vivre un premier test grandeur nature. Un test passé sans encombre. Respectivement alignés à gauche et à droite du señor, Edinson Cavani, Neymar et Mbappé offrent chacun un but dans la première demi-heure (à Alves, puis à Cavani). Avant de mettre, ensemble, définitivement le géant munichois à genoux, le second servant le premier pour le 3-0. Le symbole est alors si fort qu’on en oublierait que le Bayern est privé du duo « Robbery » et de sa charnière championne du monde Boateng-Hummels. L’heure est plutôt à l’euphorie : l’Europe est prévenue, tous les rêves semblent permis pour ce Paris à l’attaque hors de prix.

Trois ans de frustration

Le plus fou d’entre eux, soulever la coupe aux grandes oreilles, est aujourd’hui à portée de doigts. À condition donc de passer une nouvelle fois sur le corps des Bavarois. Sauf que près de trois ans ont passé, depuis cet acte fondateur. Trois ans qui auront davantage nourri la frustration que les ambitions du PSG, éliminé pour les deuxième (face au Real) et troisième (face à Manchester United) fois consécutives en huitièmes de finale de la C1 en 2018 et en 2019. Trois ans au cours desquels Paris aura plus souvent touché à ses limites qu’effleuré son plafond de verre, mais également rapidement recroisé la route d’un Bayern requinqué, sous l’effet toujours vérifié de Jupp Heynckes, son pompier de service préféré. Un peu plus de deux mois plus tard, le 5 décembre 2017, c’était ainsi au tour des Parisiens de prendre le bouillon à l’Allianz-Arena, en clôture de la phase de poules (3-1). Un éclat sans conséquence, mathématiquement, les hommes d’Unai Emery étant déjà assurés de la première place du groupe B. Mais révélateur de la fragilité latente du projet parisien, incitant à relativiser la démonstration de l’aller au moins autant que la déroute du retour. 992 jours plus tard, l’heure de la belle a enfin sonné. Spoiler : Paris n’est plus tout à fait le même. Le Bayern non plus.

Dans un milieu où le mouvement est la règle, il y a bien sûr – et hélas – des choses qui ne bougent pas. Ces trois dernières années, Paris et Bayern ont évidemment beaucoup planté, énormément gagné et à peu près tout remporté. Du moins sur la scène nationale, où les Roten, avec Heynckes, Niko Kovač, puis Hansi Flick, ont raflé sept des neuf trophées en jeu (trois championnats, deux Coupes d’Allemagne, deux Supercoupes). Coupe de la Ligue mise à part, celle-ci n’existant plus en Allemagne, le PSG en a lui ramassé huit, ne laissant échapper qu’une Coupe de France, face à Rennes en 2019. Parallèlement, l’ogre allemand a lui aussi calé sur la scène européenne, où il a systématiquement rendu les armes face au futur vainqueur, le Real en 2018 (en demies) et Liverpool en 2019 (en huitièmes). Frustrant ? Il faut croire : parmi les clubs à s’émouvoir le plus vertement face à ces nouveaux riches bousculant l’ordre établi, le Bayern a lui aussi fini par faire péter la banque. Dans des proportions incomparables avec le PSG, certes. Mais assez pour multiplier par deux son indemnité de transfert record, passée de 41 millions d’euros (pour Tolisso) en 2017 à 80 plaques l’été dernier pour Lucas Hernandez. Soit deux remplaçants de luxe, qui paient aujourd’hui les éclosions récentes du bodybuilder Leon Goretzka dans l’entrejeu et du dragster Alphonso Davies à gauche de la défense.

Mais toi non plus, tu n’as pas changé…

Pour le reste, la plupart des tronches composant le trombinoscope bavarois en 2017 y figurent toujours aujourd’hui. Si certaines ont changé de place, c’est franchement pour le meilleur : les deux latéraux de l’époque, Kimmich et Alaba, cassent désormais respectivement la baraque en six et en défense centrale, où Hummels (parti à Dortmund en 2019) n’est déjà qu’un lointain souvenir. Les autres, Neuer, Boateng, Müller et Lewandowski, apparaissent aujourd’hui plus forts que jamais, ce qui ressemble à un tour de force, tant on a pu penser les trois premiers dépassés, et tant Lewandowski semblait déjà avoir atteint son prime en 2017. Renouvelé sans en avoir l’air, excepté sur les ailes où Gnabry a déjà fait oublier Robben en attendant que Leroy Sané en fasse de même pour Ribéry, ce Bayern a donc toujours la dalle. À voir la façon dont il a méticuleusement désossé le Barça en quarts de finale, après avoir déjà explosé Chelsea en huitièmes, on jurerait même qu’il ne l’a jamais autant eue. Pas forcément une bonne nouvelle pour le PSG, dont l’identité de jeu et la culture de la gagne ne se sont pas développées autant qu’espéré ces trois dernières années.

Il faut dire que Paris a dû faire face, au plus mauvais moment, à deux absences longue durée de Neymar, sur qui reposaient en grande partie ces deux données. Pour le reste, le remaniement plus profond connu par le PSG n’a pas eu que du mauvais. Désormais doté avec Navas d’un gardien triple vainqueur de la C1 (2016, 2017, 2018) et donc à même de l’aider à la remporter, Paris a également enfin trouvé – au moins temporairement – en Marquinhos la sentinelle qui lui faisait défaut depuis le départ en 2018 de Motta, déjà en perte de vitesse en 2017. À droite, Alves et Meunier ont déserté ? Avec Kehrer, Paris a gagné en solidité défensive ce qu’il a perdu en pouvoir offensif. N’est-ce pas le plus important, dans un couloir où Di María défend le plus souvent pour la forme, et alors que Thomas Tuchel dispose déjà devant de trois garçons (voire quatre, avec Icardi) capables de tirer les marrons du feu à tout moment ? Sans parler de Bernat, ultra-décisif en C1 pour un latéral (cinq buts en 17 matchs), ce qu’il n’était pas au Bayern, où il n’était en fait rien. Des hommes ayant croisé le fer avec le Rekordmeister il y a trois ans, seuls cinq font toujours partie des meubles. Mais non des moindres : le capitaine, Thiago Silva, son successeur désigné, Marquinhos, clé de voûte tactique et morale du onze parisien, Verratti, dernier témoin d’une époque où la force du PSG était son entrejeu, et… Neymar et Mbappé. Les deux hommes par qui tout peut arriver. Y compris les rêves les plus fous.

Notre pronostic pour ce PSG-Bayern, historique + des cotes doublées pour la victoire du PSG (@6) ou du Bayern (@4) !

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