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Bayern, le coup de la panne
Mais quelle mouche a donc piqué le Bayern ? Après sa monumentale année 2020 (cinq trophées), le Rekordmeister tire la langue depuis le début de l'année. Au-delà des résultats, qui restent corrects malgré quelques gros trous d'air, c'est surtout une impression de lassitude qui se dégage de ce Bayern si triomphant il y a peu. De quoi se faire du mouron à l'heure de défier la Lazio en 8es de finale aller de C1 ce mardi soir ?
Difficile à croire au vu de sa gargantuesque année 2020 et des quelques prestations de haut vol qu’il continue de proposer, mais ce Bayern est humain. C’est aussi ce qui fait le charme des machines de guerre qui semblent inrayables : un jour ou l’autre, elles finissent par redescendre de leur nuage. Dans le cas du Rekordmeister, l’hégémonie a duré tellement longtemps que l’on commençait à s’y faire, à se dire que ce Bayern allait continuer de tout rafler. Heureusement pour ses adversaires, l’état de grâce a enfin pris fin.
Des records et des gros couacs
La tendance est assez nette côté résultats, même si le Bayern continue de flanquer quelques roustes par-ci par-là. La première alerte est intervenue dès son premier match de l’année 2021, contre Mayence (5-2). Menés de deux buts par la lanterne rouge, les Roten s’en sortent. Le week-end suivant, scénario inverse : le Bayern mène de deux buts, et se fait retourner comme une crêpe par le Borussia Mönchengladbach (3-2) ! Une première depuis une dizaine d’années.
Cinq jours plus tard, nouvelle glissade, encore plus retentissante : l’ogre bavarois se fait éliminer de la Coupe d’Allemagne par un club de D2. Une première depuis plus de vingt ans. Après un regain de flamme et la quête victorieuse d’un titanesque sextuplé avec la Coupe du monde des clubs, voilà le Bayern retombé dans ses travers depuis une semaine. Son match nul bien heureux (3-3) face au promu Bielefeld, puis sa défaite méritée face à Francfort (1-2) l’attestent.
Le Baille-ern
Alors qu’est-ce qui cloche ? Le calendrier infernal, évidemment, explique en grande partie l’essoufflement de ce Bayern sur les rotules. Non content d’enchaîner les matchs dans toute une flopée de compétitions, les Bavarois se coltinent aussi de pesants déplacements hors d’Allemagne. En septembre 2020, c’est la Supercoupe de l’UEFA qu’il faut aller disputer à Budapest. En février, direction le Qatar pour la Coupe du monde des clubs. Des voyages jamais anodins, qui usent les organismes, surtout quand des imprévus rocambolesques s’invitent au programme.
Mais la fatigue ne fait que s’ajouter aux maux qui touchent le Bayern. Entre la Covid, qui a éloigné Thomas Müller, Leon Goretzka ou plus récemment Benjamin Pavard, les blessés (Serge Gnabry ou le malheureux Corentin Tolisso), et les joueurs qui ont la tête ailleurs pour diverses raisons (comme Jérôme Boateng et David Alaba), l’ossature du Rekordmeister est logiquement méconnaissable. Avec le départ de Thiago Alcántara à Liverpool, le Bayern a aussi perdu son vrai métronome, l’alpha et l’omega du milieu. La vraie différence par rapport à l’an dernier se situe enfin du côté des remplaçants : plus d’Ivan Perišić ou de Philippe Coutinho pour jouer les deuxièmes lames, mais Bouna Sarr, Marc Roca ou Eric-Maxim Choupo-Moting. Un cran en dessous donc.
L’ogre n’a plus faim
Plus inquiétant : c’est un sentiment de lassitude qui transpire du Bayern. Depuis plusieurs mois déjà, les Bavarois ont pour habitude de commencer leurs matchs sans être vraiment là. Le Bayern si avide de pressing, si mort de faim, si intense et flamboyant de 2020 s’est transformé en fantôme. L’objectif reste pourtant le même : jouer haut et faire pleuvoir les buts. Le problème, c’est que les Bavarois n’ont plus les moyens de leurs ambitions. À la perte du ballon, il n’y a plus grand-monde pour aller harasser le porteur, ou même pour se replacer. La défense est livrée à elle-même à chaque contre-attaque. Les Bavarois n’ont plus envie de se battre, après avoir atteint la consécration d’un sextuplé.
Et même le si intransigeant Hansi Flick, capable de pousser des coups de gueule après d’éclatantes victoires pour cinq minutes de passage à vide, semble avoir baissé son niveau d’exigence. « Je veux retirer les choses positives de ce match », avançait-il après la défaite contre Francfort. « Nous analyserons ce qui peut être amélioré, mais si nous jouons comme nous l’avons fait en seconde période, je suis très, très optimiste pour l’avenir. » Reste que la défense de son titre en Ligue des champions est un challenge toujours excitant, spécialement pour ce Bayern en quête de nouveaux défis. Dans la compétition, le Rekordmeister fait toujours figure d’ogre. Et comme le dit si bien l’entraîneur adjoint Miroslav Klose à Kicker avant d’affronter la Lazio, « les Italiens ne sont pas habitués au contre-pressing ». Mais pour punir une équipe absente dans l’engagement, en revanche…
Par Douglas de Graaf