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Bayern-Dortmund, si près, si loin…
La finale de la Ligue des champions 2013 devait entériner la rivalité naissante entre le Bayern Munich et le Borussia Dortmund. Seulement, les deux clubs ont suivi une trajectoire différente. Alors que le Bayern cumule les honneurs nationaux, le BvB, lui, passe son temps à se chercher. Néanmoins, quand les deux clubs s'affrontent, l'enjeu est bel et bien présent.
30 avril 2013. Lorsque Howard Webb a sifflé la fin de la rencontre à Santiago Bernabéu, il y a eu des frottements de mains du côté de la DFL (Deutsche Fussball Liga, la ligue allemande de football). Dortmund venait de se qualifier pour la finale de la Ligue des champions, et allait bientôt être rejoint par le Bayern Munich, qui avait fait du FC Barcelone sa chose. La plus prestigieuse des compétitions européennes allait proposer une finale 100% allemande, ce qui n’était pas pour déplaire à la DFL. Soucieuse d’être reconnue à l’étranger, elle allait enfin pouvoir proposer une devanture sympa : le « Klassiker » . Une rivalité qui a pris forme l’année précédente. En défendant son titre de 2011, le Borussia Dortmund avait « refusé » de rendre son bien au Bayern Munich, ce que le club de la Ruhr avait déjà fait en 1995 et 1996. Mieux encore pour le BvB : la saison 2011-12 est celle du premier doublé de l’histoire du club, doublé acquis à la suite de la victoire en DFB-Pokal. 5-2 face au Bayern Munich, dans l’une des rencontres les plus abouties de l’ère Klopp. Tous les ingrédients étaient donc réunis pour construire une rivalité sur la durée. Et qu’importe si le Bayern finira par remporter la finale de la LDC et par réaliser le triplé : Bayern vs Dortmund est en passe de devenir la rencontre référence pour toute personne qui s’intéresse à la Bundesliga.
Le BvB, capable du meilleur comme du pire
Sauf que très vite, un élément va perturber l’établissement de ce « Klassiker » : le transfert de Mario Götze. Soucieux de grandir (sportivement parlant), le futur unique buteur en finale de la Coupe du monde 2014 choisit de céder aux sirènes bavaroises plutôt que de continuer à s’épanouir du côté de la Ruhr. Un transfert qui va transfigurer la Bundesliga : si Mario Götze devient un joueur comme un autre dans l’effectif pléthorique de l’ « Étoile du Sud » , le Borussia Dortmund, lui, aura du mal à se remettre de ce départ. Évidemment, cette absence n’explique pas entièrement pourquoi depuis quatre ans, l’équipe dirigée par Jürgen Klopp, puis Thomas Tuchel alterne entre le très bon et le moins bon, en dépit d’un effectif supérieur à tout le reste de la Bundesliga (hors FCB, bien sûr). Il y a des victoires retentissantes, des gifles distribuées en Allemagne et en Europe. Mais il y a aussi d’énormes passages à vide, comme cette première partie de saison 14/15, que Dortmund bouclera à la dernière place (à égalité avec Fribourg). La faute à des effectifs pas toujours très équilibrés, et surtout à un manque de réussite affolant devant les buts. Si l’attaque croque et que la défense n’est pas toujours au rendez-vous, cela devient compliqué.
La puissance bavaroise
Du côté du Bayern Munich, on ne se pose pas trop ce genre de questions. Le triplé de 2013 a permis de remettre certaines choses au clair, notamment la volonté de dominer et de marcher sur l’adversaire de la première à la dernière minute. La saison 2011-2012, ponctuée par une finale de Ligue des champions « dahoam » (à la maison, en bavarois) perdue contre Chelsea, a donné un certain coup de fouet dans les locaux de la Säbener Strasse. Depuis, le Bayern se veut dominant et sans pitié. Cela fonctionne très bien en championnat (quatre titres de suite, le cinquième n’est plus très loin), c’est presque parfait en Coupe (le VfL Wolfsburg s’est incrusté en cours de route au palmarès, en 2015), et c’est un peu moins bien en Ligue des champions (avec les demi-finales en guise de terminus). Mais dans l’ensemble, le Bayern a réussi à renvoyer l’image qu’il désirait : il fait de nouveau peur, et même s’il y a des coups de moins bien, les joueurs bavarois savent ce qu’il faut faire pour prendre les trois points. La victoire, toujours, même si elle est moche.
Un bilan plutôt mitigé depuis 2013
Pour diverses raisons, qu’elles soient historiques, économiques ou autres, le Borussia Dortmund ne sera jamais à la hauteur du Bayern Munich. Et le club de la Ruhr aura le droit de reprendre le Meisterschale quand le Rekordmeister en aura marre de se le trimbaler. Et bien que l’écart soit gigantesque en Bundesliga (quinze points cette saison, entre dix et trente-trois points depuis la saison 12/13), les deux équipes font plutôt jeu égal quand elles s’affrontent (si l’on excepte la leçon donnée par Guardiola à Tuchel l’an passé, 5-1). Depuis la finale de la Ligue des champions, le Bayern et le Borussia se sont joués à treize reprises : le FCB s’est imposé sept fois, le BvB cinq, pour un match nul. Cette année, Dortmund s’est imposé à domicile lors du match aller (1-0), et aura à cœur de mettre le Rekordmeister en échec lors de ces deux prochaines semaines. Pour prendre des points en Bundesliga, et continuer son parcours en DFB-Pokal. Si, à l’avenir, le BvB pouvait arriver plus puissant au moment d’affronter le Bayern, ce serait une bonne chose. Et pas que pour la DFL.
Par Ali Farhat