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Bayer et Werder, duel de clubs malades
Depuis quelques longues saisons, le Werder a du mal à aller de l'avant et jongle entre mauvais résultats financiers et spectre d'une descente sportive. Aujourd'hui, le Bayer est tout proche d'entrer dans la danse du mauvais cycle à son tour.
À gauche, Roger Schmidt, licencié et remplacé par Tayfun Korkut depuis le début de la semaine. À droite, Alexander Nouri qui attend une prolongation de contrat après trois victoires de suite et à qui le club fait aimablement comprendre qu’il faut assurer le maintien avant de signer. Des deux côtés, les clubs du Bayer Leverkusen et du Werder Brême englobent les changements d’entraîneur au cours de cette saison – Brême ayant frappé en premier en remerciant assez tôt Viktor Skripnik. Signe que les deux clubs ne sont plus ce qu’ils étaient dans les années 2000 et que face à l’émergence de nouvelles places fortes, de Cologne à Leipzig, ils souffrent d’un même mal : la lutte féroce pour l’Europe et la crainte de perdre leur statut – quand ce n’est pas déjà le cas à Brême. Qui aura le remède pour s’en sortir ?
Le Werder en déficit
À la fin de la saison 2012/2013, le Werder Brême tourne une longue page. Thomas Schaaf, en place depuis 1999, doit partir. Le nouveau directeur sportif Thomas Eichin ne lui fait plus confiance, alors que la chute du club vers les dernières places du championnat se poursuit. Avant cela, Thomas Schaaf était protégé par Klaus Allofs, peu intéressé par un « choc psychologique de deux ou trois semaines » en changeant d’entraîneur. Aujourd’hui, les noms passent sans garantie de durée, entre Robin Dutt lâché au début de sa deuxième année, Skripnik jamais convaincant et donc Nouri sans garantie. La conséquence d’un problème plus profond dans le club, qui galère avec des finances en berne depuis qu’il est sorti du cercle européen. 14e budget salarial pour la saison 2016/2017, le Werder est obligé de vendre les joueurs plus vite qu’il ne faudrait. Le centre de formation ultra performant et les nouveaux talents toujours plus nombreux n’y font rien : dès qu’un joueur sort du lot (Davie Selke, Franco di Santo, Jannik Vestergaard, etc.), il est vendu sans pour autant permettre au Werder Brême de rentrer dans ses sous. Sur la saison 2013/2014, le club affiche dix millions de déficit ; un exercice négatif récurrent depuis 2011 pour quasiment quarante millions de perte jusqu’à 2015. Un économiste renommé, Rudolf Hickel, explique même au Welt que le club n’est presque plus viable en l’état. Depuis, le DG Klaus Filbry joue à la rigueur façon Merkel : « Nous avons cette mentalité du nous-pouvons-le-faire. » Financièrement, il y a du mieux – et un léger positif. Sur le plan sportif, le Werder joue avec le feu et stagne à proximité de la zone rouge. Tant que le club ne descend pas, tout va bien. Mais l’instabilité demeure la marque de fabrique de ce Werder des années 2010.
Le Bayer en chute libre
Leverkusen profite encore de l’effet européen. Qualifié les sept dernières années sans interruption pour une compétition continentale, le Bayer a toujours eu un bonus financier grâce à cela. Pourtant, cette saison, la place s’éloigne doucement, ce qui a poussé les dirigeants à abandonner Roger Schmidt en cours de route. Certes, la septième place (qui devrait être qualificative) n’est qu’à trois points. Mais la forme penche en faveur de Mönchengladbach, l’absence d’Hakan Çalhanoğlu pour la fin de la saison (suspension) fait mal et la crainte d’une saison similaire à celle de 2008/2009 se rapproche. Après une défaite 2-0 contre Mayence, le capitaine Lars Bender le reconnaît : « Nous vivons une saison difficile. Il y a des hauts et des bas. C’est une situation que nous ne pouvons pas cacher. » Ce Bayer manque de constance dans ses résultats et pendant les matchs, preuve en est le festival contre l’Atlético de Madrid. De quoi rejoindre le mauvais wagon et faire entrer le club dans un cycle similaire à celui de Wolfsburg, en grande peine sans Coupe d’Europe cette saison ? Pour Bild, le calcul est simple : sans les 25 millions de la C1, Leverkusen survivra sans problème, mais devra envisager un avenir sans Chicharito, Aránguiz, Bellarabi, sans compter les jeunes talents déjà reniflés par de grosses écuries comme Julian Brandt, Kai Havertz et Benjamin Heinrich. C’est la fuite des talents qui peut commencer. À côté, les autres clubs n’en demandent pas tant pour profiter de places plus confortables. À commencer par le Werder, en cas de victoire ? La mauvaise santé sportive est contagieuse et le meilleur moyen de se soigner est encore de la refiler à quelqu’un d’autre. Avec trois points de plus, l’équipe de Nouri n’aurait plus que deux points de retard. Rarement l’inversement des courbes n’a paru à ce point crédible.
Par Côme Tessier