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Bauza Nova
Deux rencontres ont suffi pour apercevoir la patte d’Edgardo Bauza sur la sélection argentine. Analyse.
Le retour du buteur de surface
En matière de tueur des seize mètres, l’Argentine sait faire. Batistuta ou Crespo ont martyrisé les filets du monde entier avec le maillot albiceleste sur le dos. Edgardo Bauza, nouveau sélectionneur depuis la démission de Gerardo Martino, aime ce style d’attaquant. Dans tous ses clubs, le Patón a toujours fait confiance à un buteur de surface. Lorsqu’il soulève la Copa Libertadores avec la LDU de Quito, Bauza s’appuyait sur Claudio Bieler. Mauro Matos à San Lorenzo et Jonathan Calleri à São Paulo occupaient aussi ce rôle dans ses deux derniers clubs. Le poste d’avant-centre représentait donc la grande inconnue de la première liste du nouveau sélectionneur : Higuaín n’a pas remis les pieds sur le sol argentin depuis la finale de la Copa América Centenario et son énorme occasion manquée, et Agüero soigne une blessure au mollet. Bauza a donc convoqué Lucas Pratto et Lucas Alario. Deux buteurs longilignes et puissants qui ont découvert la sélection, l’un à vingt-huit ans, l’autre à vingt-trois. Les deux ont convaincu, et l’attaquant de l’Atlético Mineiro a même marqué son premier but avec le maillot argentin contre le Venezuela. Le Kun va devoir se battre pour retrouver sa place, tandis que Higuaín devra vraisemblablement renoncer à la tunique bleu et blanc.
Quel rôle pour Messi ?
Trouver le poste parfait pour Messi ? Savoir l’entourer ? Les derniers sélectionneurs argentins n’ont pas su le faire. Pour son premier match avec l’Albiceleste, Edgardo Bauza semble avoir trouvé en Paulo Dybala le partenaire parfait pour le quintuple Ballon d’or. En une mi-temps, le joueur de la Juventus a prouvé qu’il représentait l’avenir de cette équipe, et que son association avec Messi promet. Placé à droite dans un 4-2-3-1, le génie du Barça s’est montré libre et souvent présent au cœur du jeu, pour compenser la timidité et le manque de création de Biglia et Mascherano. Sorti de sa mini-retraite, Messi n’abandonnera pas l’objectif de soulever un titre avec sa patrie.
À la recherche de l’équilibre
« Bien jouer au football, c’est trouver l’équilibre. » Edgardo Bauza martèle cette phrase à chaque entretien. Tout au long de sa carrière d’entraîneur, il semble l’avoir trouvé. Il n’a donc pas abandonné ses principes et son 4-2-3-1 lorsqu’il a pris en main la sélection argentine. Avec le club du pape, Bauza s’appuyait sur Juan Mercier et sur Néstor Ortigoza. L’un des duos les plus complémentaires que le championnat argentin ait connu dernièrement. Pour ses deux premières compositions, Bauza a aligné Mascherano et Biglia au milieu. Résultat, un manque de créativité criant. Contre l’Uruguay, Messi a résolu ce problème. Mais face au Venezuela, Banega, numéro 10 sur le dos, est apparu totalement perdu, tandis que Lamela a manqué sa chance d’enfin montrer à son pays qu’il mérite une place dans ce squad offensif bien fourni. L’Argentine a patiné, attendant un exploit de Di María qui n’est pas arrivé. S’il semble attaché à ce milieu à deux têtes, Bauza devrait réétudier le rôle de Biglia, auteur de deux mauvaises performances. Kranevitter ou Augusto Fernández attendent gentiment sur le banc…
Défensif, vraiment ?
Toute sa carrière, Bauza s’est baladé avec cette étiquette d’entraîneur timide et défensif. Dans le livre El método Bauza, Leandro Romagnoli, idole de San Lorenzo et vainqueur de la Copa Libertadores 2014 avec le Patón, tente de faire tomber ce cliché : « Bauza n’a jamais fait un discours en nous demandant de jouer défensif. Il ne nous a jamais dit de tous se mettre derrière, d’attendre l’adversaire. Le football argentin adore mettre ce genre d’étiquette, mettre dans des cases. C’est difficile de lutter contre ça. » Lors de ses deux premiers matchs avec la sélection, Bauza ne s’est pas montré timide. Contre le Venezuela, ses changements offensifs (entrée de Correa, d’Alario pour Bigilia, et de Gaítan pour Rojo) ont même changé le cours de la partie. « Je peux me permettre de prendre des risques avec ce groupe » , a-t-il déclaré après la rencontre. Ça promet.
Par Ruben Curiel