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Bauthéac : « J’ai acheté ma maison pour le terrain de pétanque »
Lui aussi, pendant l'intersaison, il taquine l'acier pour garder la forme. Mais pas sous forme de développé couché, plutôt en multipliant les carreaux. Le milieu offensif de l'OGC Nice Éric Bauthéac est en effet un grand amateur de pétanque. Entretien avec un puriste.
Cette passion pour la pétanque, ça remonte à quand ? Depuis que je suis né. C’est un sport qui a toujours été très présent dans la famille. Je ne fais que prendre la relève de mes parents et grands-parents qui sont des vrais passionnés. Mon oncle, par exemple, il est licencié au Canet. Il n’est pas ultra connu, mais quand tu parles de lui sur la Côte, les gens savent qui c’est. Du coup, à Nice, j’essaye de jouer un maximum l’été. Je suis licencié à Cannes, mais je n’ai pas le temps de faire de compétition, malheureusement, puisque le week-end, on est souvent pris et au mois de juin, je suis en vacances. J’aimerais me faire un gros concours, genre l’Europétanque ou la Marseillaise, mais c’est pas très compatible avec mon métier. Mais en ce moment, comme j’habite sur les hauteurs de Nice, je descends un à deux soirs par semaine en ville pour jouer. Les gens me reconnaissent, on discute, c’est sympa. Ça joue de partout ici. Par contre, quand j’étais à Dijon, c’était très frustrant. Quand il faisait beau, c’était très dur. Je prenais mon mal en patience.
Qu’est-ce que tu réponds aux gens qui disent que c’est un sport de beaufs ?C’est pas du tout le cas. Mais je comprends que les gens du Nord, ça ne leur parle pas. C’est surtout un truc de Sudistes, il faut être d’ici pour comprendre. Mais en plus des clichés autour de l’état d’esprit convivial, le pastis, tout ça, c’est un sport très agréable à regarder, en réalité.
Tu joues avec quel type de boules ?Avec des Obut, exclusivement. Des ATX trois étoiles, 690 grammes, diamètre 75 mm. C’est la meilleure boule, la ATX. Quand tu les montes, elles bougent pas. Les pointeurs changent de boules selon la surface, mais nous, les tireurs, une fois qu’on a trouvé la bonne, on la garde. Donc quand elles sont usées, je rachète les mêmes.
T’attaches de l’importance au revêtement ? Évidemment. J’aime les surfaces techniques. Tiens, une anecdote : quand je cherchais à acheter une maison ici, le terrain de pétanque au fond du jardin, c’était LE critère principal. Le jour où j’ai fait la visite, c’est le truc que j’ai été voir en premier. Bon, il était assez grand, il fait quatorze mètres sur quatre, mais il n’était pas entretenu. C’était de la « tapissette » , un truc de joueurs de camping. Donc je l’ai fait refaire, j’ai mis du gravier, pour rendre la surface un peu plus difficile. Maintenant, j’ai un beau petit terrain. Quand tu tires, faut pas tirer devant, hein, sinon la boule elle saute. D’ailleurs, les mecs qui tirent à la raspaille, ça me rend fou ( « contraire du tir au fer, la boule roule avant de toucher la ou les boules visées. Cette technique est généralement assez mal vue par les puristes » , définition Wikipédia, ndlr). C’est pas des joueurs de pétanque, ça. C’est comme un mec qui ne fait que des roulettes au baby-foot. Quand j’en vois, je rigole.
Tu dis « le but » , ou « le cochonnet » ?
Le but. Le cochonnet, c’est pour les mecs qui jouent deux fois par an.
T’as un joueur préféré ?En ce moment, Dylan Rocher. Il va devenir un très très grand joueur. Sa précision, sa régularité au tir, c’est quelque chose d’hallucinant. Il a 22 ans, on est parti pour en entendre parler pendant trente ans. Je ne me suis jamais présenté à lui, mais je l’ai vu jouer, c’est très impressionnant. Après, dans l’absolu, Christian Fazzino, c’est très costaud.
Tu préfères jouer en individuel, en doublette ou en triplette ?En triplette. Les vrais concours, c’est à trois. Et puis tu n’as que deux boules par personne, ça réduit le droit à l’erreur, faut être précis. Mais en concours, je ne me prends jamais la tête, même si je joue avec un mec qui joue mal. Je ne vais pas lui faire de réflexion. Au niveau triplette, on n’a jamais fait mieux que Quintais-Lacroix-Suchaud. Ce sont trois phénomènes. Ils ont été champions du monde je ne sais combien de fois. Ils sont très complémentaires. Quintais est un énorme pointeur, Suchaud un super tireur et Riton Lacroix est un milieu exceptionnel. C’est le poste le plus dur, milieu. Tu peux ne pas tirer pendant sept mènes et devoir faire un carreau sur la huitième. Faut être super fort.
Il y a des joueurs dans ton équipe ou ils trouvent ça ringard ? Non, ça nous arrive de jouer quand on est en stage. Jordan Astier est pas mal, Jérémy Pied aussi. Et Mahamane Traoré, c’est un Malien, mais il adore ça. Je sais que le coach joue, mais je n’ai jamais eu l’occasion de faire une partie avec lui. Pourtant, j’arrête pas de le chauffer : « Coach, il faut qu’on joue l’un contre l’autre. »
As-tu déjà testé la pétanque molle ? Oui, j’en ai acheté un jeu quand j’étais à Dijon. Je voulais tester, il paraît que tu peux jouer à l’intérieur… Ça dépanne, mais ça n’a rien à voir. Ce n’est pas le même plaisir. Il n’y a pas le bruit, tu ne peux pas faire de carreaux. Donc les boules molles sont dans le placard, je les laisserai à mon fils. Il a deux ans, et il a déjà envie de jouer quand il nous voit…
Propos recueillis par Marc Hervez