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Batista : « Je suis un type à l’ancienne »
A quelques heures du coup d'envoi de cette 43ème édition de la Copa America, Sergio Batista, sélectionneur argentin, s'explique sur son football, son statut de favori, Lionel Messi. Et aussi un peu sur sa vie.
En Argentine, il se dit qu’il faut gagner la Copa America de n’importe quelle façon, ça veut dire quoi ?
J’en sais rien. Peut-être marquer des buts avec la main… Aujourd’hui, c’est la mode, gagner coûte que coûte. Moi mon travail c’est de préparer l’équipe pour qu’elle joue le mieux, pour qu’on se crée un maximum d’occasions. Le meilleur ne gagne pas toujours.
Tu as déclaré ne pas aimer le football moderne. En quoi ?
Si le football moderne c’est des chocs, courir vite et ne pas toucher le ballon, j’aime pas, non. Je suis un type à l’ancienne. Je ne comprends pas que sur 10 matchs du championnat argentin, on dise que 8 étaient mauvais. Avec la sélection, on ne gagne pas un Mondial depuis 24 ans et une Copa America depuis 18 ans. C’est pour ça que je veux que la sélection joue un football à l’ancienne, avec 6 ou 7 passes consécutives.
Ce qui est peut-être le plus important, c’est que Messi croit en toi.
Celui qui a Lionel dans son équipe a le meilleur joueur du monde. Mais il faut bien l’entourer et ne pas le charger avec toute cette pression. En Argentine, on demande à Messi de faire de la sélection la championne du monde, qu’il en soit le meilleur, qu’il devienne le capitaine… Il faut le laisser tranquille, bâtir une équipe autour de lui, qui comprend son jeu.
Comment as-tu réussi à le séduire ?
Jamais on l’avait vu aussi enthousiasmé par un sélectionneur. J’en sais rien, peut-être qu’il se sent bien… J’ai l’impression qu’il se sent vraiment bien, c’est une chose de donner aux joueurs des consignes, une autre qu’ils les appliquent. Je prends toujours l’exemple de Di Maria pendant les JO de Pekin, tout le monde me dit, « c’est toi qui a découvert Di Maria » . Non, c’est pas comme ça. Je lui ai dit « rentre sur le terrain et fais ça » . C’est lui qui a tout exécuté. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais ce sont les joueurs qui font le boulot sur le terrain.
Messi, quelles sont ses consignes ?
Lionel a les mêmes devoirs que tous les autres. Quand on a le ballon, tout le monde joue, tout le monde ! Et au moment de défendre, lui doit accomplir ses obligations. La première chose qu’il doit faire, c’est prendre du plaisir sur la pelouse. Moi je lui dis « j’aime que tu fasses ça et ça » , je ne lui fais jamais de long discours, ni à lui ni à aucun joueur. La dernière fois je parlais avec Zanetti, la conversation a duré 5 minutes… Lionel sait qu’il a la liberté qu’il veut sur le terrain, une liberté que les autres n’ont pas.
Mais tu l’appelles souvent au téléphone ?
Quand je l’appelle, au bout de deux secondes, il décroche. Au bout de deux secondes ! Il n’est pas du genre à regarder son téléphone et à filtrer. Et on est en train de parler du meilleur joueur du monde, hein ! Il n’a de secret pour personne, c’est un type très simple. Il ne veut aucun privilège.
Avant la coupe du monde en Afrique du Sud, tu avais dit que la coupe du monde de Messi serait pour plus tard. 2010 a été pour Messi ce qu’à été 1982 pour Maradona ? Le prochain Mondial sera celui de Messi ?
Moi j’ai dit que la maturité de Lionel sera atteinte en 2014, mais j’ai aussi aimé ce qu’il a fait en Afrique du Sud.
C’est comment le quotidien du sélectionneur quand il ne travaille pas ?
Je me lève, je prends du maté, je parle avec ma famille, mes gamins… Si il fait froid, je vais faire du shopping. Si il fait chaud, je me mets au fond du jardin pour prendre le soleil. Mes potes viennent l’après midi et on papote. Mais j’ai toujours une idée par ci, par là, je prends mon carnet et je note… La liste pour les matchs amicaux, je l’ai faite dans la voiture pendant que mes enfants faisaient du shopping, je les attendais, alors j’ai pris un stylo et une feuille et voilà…
Propos recueillis par Jorge Lopez
Retrouvez cinq pages d’interview de Sergio Batista dans le dernier numéro de SoFoot.
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