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Bastian Schweinsteiger est-il toujours indispensable ?
Depuis le fabuleux triplé du Bayern en 2013, Bastian Schweinsteiger n'est plus vraiment le même joueur. Blessé la moitié du temps, peu décisif lorsqu'il met les pieds sur le terrain, le relayeur semble de moins en moins important dans le rouage de la machine bavaroise. De là à perdre sa place de titulaire ? Rien n'est moins sûr.
Le 28 octobre dernier, la liste des 23 nommés pour le Ballon d’or réservait quelques surprises dont une de taille : la présence de Bastian Schweinsteiger aux côtés de cinq de ses petits camarades de la Mannschaft. S’il y a quelques années, cette inclusion n’aurait pas soulevé le moindre problème, elle apparaît cette fois-ci presque comme une blague. Car hormis une très belle finale de Coupe du monde, Schweini n’a vraiment pas fait grand-chose. Lors de l’année 2014, il a raté 28 matchs avec le Bayern dont la finale de la Coupe d’Allemagne – remportée à l’arraché face au Borussia Dortmund -, ainsi que plusieurs matchs avec l’équipe nationale (dont le premier match du Mondial face au Portugal). Lorsqu’il a eu la possibilité de jouer, il n’a que très peu compté. La plupart de ses buts ont été complètement anecdotiques. Il s’est fait bouger comme jamais face à l’Algérie en 8es de finale de la Coupe du monde. Il n’a pas joué un match de son départ du Brésil au 17 novembre, la faute à une blessure aux tendons rotuliens un peu floue.
Bref, il a tout simplement été à des années-lumière de son véritable niveau. Et pourtant, aucune voix ne s’est élevée contre lui. Comme si les blessures à répétition, les chants de supporters anti-BVB et les week-ends passés à décider entre son ancienne compagne et Ana Ivanović n’avaient pas de conséquences. L’icône du Bayern, le gentil Allemand au nom imprononçable, l’égérie des chips « Funny Frisch » est intouchable. Au point d’avoir été désigné nouveau capitaine d’une équipe nationale pour laquelle il ne joue quasiment jamais. Il aurait peut-être fallu prévenir Manuel Neuer qu’être seulement bon ne suffit pas dans cette Allemagne-là.
Embouteillage au milieu
Indéboulonnable, Schweini est avec Philipp Lahm et Thomas Müller un des symboles du Bayern. Bavarois de sang et de cœur, il porte haut les couleurs du Rekordmeister depuis l’âge de 14 ans et n’a jamais, de façon concrète, émis le souhait d’en partir. Il est à lui seul une institution. Il semble donc légitime que le board de la Säbener Strasse ne lui reproche jamais rien, même lorsque ses performances ne sont pas au niveau du reste de l’équipe. Oui mais voilà, la donne pourrait changer assez vite, puisque pour la première fois depuis que Schweini s’est réinventé en milieu relayeur suite à l’arrivée de Franck Ribéry, il existe meilleur que lui dans son coin du terrain en la personne de Xabi Alonso.
Impérial depuis qu’il porte le maillot bavarois, le Basque est devenu en seulement quelques matchs indispensable. Parfaitement intégré au système Guardiola, il n’a pas récupéré ses jambes de 20 ans, mais a retrouvé un certain panache, perdu lors de sa dernière saison madrilène, et a gardé toute son intelligence de jeu. Le problème pour Schweinsteiger étant évidemment que les deux joueurs possèdent des qualités similaires et que les voir alignés côte à côte semble bien compliqué. Ce sera l’un ou l’autre. Si on ajoute à cela les retours prochains de Javi Martínez et Thiago Alcántara, et que l’on sait que Philipp Lahm et David Alaba sont également souvent utilisés au milieu de terrain, l’embouteillage risque d’être long de plusieurs kilomètres. Le natif de Kolbermoor va devoir se bouger s’il ne veut pas finir l’année à cirer le banc, Guardiola n’étant pas du genre à mettre des mecs sur le terrain pour des raisons sentimentales.
Allemagne – Argentine : match 0
Si Schweinsteiger a besoin d’un match référence pour se rappeler qui il est, il n’a qu’à mater la finale de la Coupe du monde en boucle, puisque c’est un des seuls matchs au cours duquel il a démontré tout son talent lors des derniers mois. Et quel match ! Sans lui, l’Allemagne ne serait sans doute pas sortie vainqueur du tournoi. Après la sortie de Kramer, le Bavarois a été dans tous les bons coups et surtout de tous les mauvais coups argentins. De tous les joueurs sur le terrain, c’est lui qui a pris le plus de taquets dans la gueule, mais n’a jamais pleuré et s’est toujours relevé. Il n’a pas réclamé de carton rouge – qu’il aurait pourtant pu obtenir facilement. Il s’est battu comme un malade au point de finir le match en sang. Si Toni Kroos a été l’homme du milieu allemand lors des six premiers matchs de la compétition, Schweinsteiger a été celui de la finale. Globalement invisible durant une bonne partie du tournoi, il s’est réveillé au meilleur moment pour livrer une prestation majestueuse. Et c’est finalement ce genre de match qui continuera de peser en sa faveur. Guardiola a, il est vrai, de bien meilleurs joueurs à sa disposition, mais il n’a pas forcément de joueurs avec un tel courage. Si Bastian Schweinsteiger est sans aucun doute sur la pente descendante, il n’en reste pas moins un joueur capable de tout. Un mec qui marche à l’envie plus qu’au talent et surtout plus qu’au physique (qu’il n’a jamais vraiment eu). Un mec qui a réussi à choper Ana Ivanović. Schweini n’est pas fini.
Par Sophie Serbini