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Bastia, de retour des enfers

Par Thomas Andrei
Bastia, de retour des enfers

Un miracle. C’est souvent ainsi qu’est qualifié sur l’île de Beauté le retour du Sporting Club de Bastia dans l’élite du football français. Relégués en Ligue 2 sept années auparavant, rétrogradés administrativement il y a trois ans, les hommes de Frédéric Hantz ont depuis enchainé deux titres de champion et signent un come-back en Ligue 1 deux décennies après la tragédie de Furiani. Une performance basée sur les valeurs locales de courage, de fighting spirit mais aussi sur un réel fonds de jeu. Seulement, passer du choc face à Arles-Avignon aux déplacements au Parc des Princes n’est pas chose aisée. Présentation du promu bastiais,

Retour sur la montée

1er mai 2012, Stade Armand Cesari, Bastia – Metz. 29ème minute de jeu, Sadio Diallo, stratège des Turchini, propulse une reprise stratosphérique dans les cages d’Oumar Sissoko. Furiani explose, et ne doutera plus une seule seconde d’avoir acquis la promotion en Ligue 1 et le titre de champion. Le meneur de jeu guinéen réitère en plaçant une frappe surpuissante sous la barre, avant que Toifilou Maoulida parachève le triomphe des Corses, devenant ainsi co-meilleur buteur du championnat. Bastia festoie toute la nuit, sous le vacarme des klaxons couvrant le boucan des tirs de revolvers. Mais la course des Bastiais vers le titre n’a pas été de tout repos. « Ce n’est jamais facile , commente Frédéric Hantz, ça l’est devenu du fait de plusieurs paramètres. La crainte du promu, l’expression d’un talent et la concrétisation d’un investissement. » Lors du parcours des Turchini, deux matches tournants sont à retenir. Le 28 octobre, Bastia accueille Arles-Avignon. Problème, sur décision de la Ligue, le Sporting recevra la bande de Christophe Landrin… à Créteil. « J’ai vu beaucoup de choses surprenantes, mais Bastia a été le seul club professionnel à jouer 20 matches à l’extérieur. La réalité c’est ça, s’indigne encore le technicien aveyronnais.

Une injustice qui s’avéra fédératrice, à l’image des 1000 supporters corses venus « à Furiani en métro » et qui au terme de la rencontre chanteront « Merci la Ligue ! » . Pour certains, c’était fait, Bastia allait remonter. Hantz, toujours : « Le fait qu’on gagne 3-0 a été important. […] En Corse, il y a eu un phénomène de solidarité par rapport à Paris. » Paradoxalement, le second match charnière est une défaite. Le 28 janvier, Bastia en dauphin se déplace chez le leader clermontois, avec pour enjeu la 1ère place du classement. A la mi-temps, les potes de Jérôme Rothen mènent 1-0 à 11 contre 10. Mais à la 50ème, Wahbi Khazri pète un plomb, découpe un adversaire et voit rouge. Clermont finira par l’emporter. « Après ce match il y a eu une prise de conscience. On était bons, il fallait devenir efficaces. » Ça tombe bien, le SCB finira meilleure attaque, avec 61 unités.

Pourquoi Bastia va galérer ?

Depuis 2005, le football, en France et ailleurs, a pas mal changé. Ayant toujours été en proie à des difficultés financières, on pourrait penser que Bastia n’a plus sa place dans un championnat où évolue Zlatan Ibrahimovic. Ainsi, l’arrivée de Sébastien Squillacci, un temps pressenti pour rentrer au bled, est jugée irréalisable : « C’est un joueur qui joue à Arsenal. Pas à Caen ou à Dijon. […] Il y a différentes galaxies dans le football, et la galaxie Squillacci ne peut pas rejoindre la galaxie Bastia. » Autre souci côté turchinu, le cruel manque d’expérience de l’effectif. En effet, seuls 6 joueurs ont connu l’élite du football français. Maoulida, Rothen et Ilan, sont ainsi les seuls à franchir la symbolique barre des 200 matches. Et celle des 40, à vrai dire. Cumulées, le nombre de rencontres disputées par l’ensemble des joueurs ne s’élève qu’à 849… Un paramètre auquel Frédéric Hantz compte bien remédier : « Il nous faut du talent en plus. On a fait Ilan, il nous manque un joueur d’expérience devant, un derrière et un bon milieu offensif, soit axial, soit de côté. »

Pourquoi Bastia va se maintenir ?

Quand on interroge les supporters du « Sporting de la Corse » , le jeu ne débarque souvent pas en premier dans la conversation. Les Bastiais s’excitent principalement sur la ferveur retrouvée d’Armand Cesari, qui promet de redevenir un coupe-gorge pour toutes les formations « du continent » . Si l’ancien coach du Mans reconnait que la bruyante arène « rapportera beaucoup de points » , il tient à s’appuyer sur autre chose : « On a déjà 9 000 abonnés, c’est très important, mais ça vient en dernier. Bastia s’est trop appuyé là-dessus, et ça lui a coûté cher dans une période de sa vie, analyse-t-il, Bastia se maintiendra s’il a du talent. Si on reste sur les valeurs fondamentales mises en place depuis deux ans, c’est des mots faciles, mais il y avait beaucoup d’amour entre les gens. C’est compliqué à garder en Ligue 1. » Quant à la fameuse dynamique impulsée depuis le titre de National, Hantz se veut prudent : « Il ne faut pas s’appuyer que là-dessus, cela doit être une béquille. » Outre le soutien populaire, l’escouade bleue se la joue anti-mercenaire. Construite autour de mecs meurtris par la descente en deuxième division, et d’anciens cracks de troisième division qui ne pensaient pas un jour être pris au marquage par Thiago Silva – ou même par Mickael Ciani, en fait -, l’équipe de Yannick Cahuzac ressemble plus à une bande de potes qu’à autre chose. Un facteur qui permet à Frédéric Hantz de conclure, bourré de confiance : « Je pense que Bastia ne galérera pas. »

Pourquoi la Ligue 1 a besoin de Bastia ?

Parce que des matches à hauts risques type Nice-Bastia, c’est quand même autre chose qu’un Evian-Valenciennes. Dans l’inconscient collectif, le Sporting, c’est le football des années 1990, les tacles à la hanche de Cyril Rool, et un public toujours plus chaud. Mais, bien loin de la folie du gang de crânes rasés période Petru Bianconi, l’ex-entraîneur manceau garde la tête froide. « A Bastia, il y a un réel besoin d’être en Ligue 1. Il y a une histoire, une ambition, une ferveur. Mais la Ligue 1 n’a besoin de personne, et tous les clubs ont besoin de la Ligue 1. » Un constat de professeur de mathématiques teinté de fierté déguisée : « Je ne vais pas dire qu’on a ce qu’on mérite mais… » . Plus fervent, Maoulida se veut bien moins mesuré dans ses propos : « Comme je l’avais mis sur une bandelette ‘Le Sporting est Immortel’. Bastia, c’est un club à part, avec un public extraordinaire, c’est la passion, la ferveur de Furiani, c’est quelque chose… Beaucoup de choses se sont passées dans ce stade. C’est la Corse ! C’est un état d’esprit et quand les équipes adverses débarquent, elles savent que ce n’est pas facile de gagner ici. »

L’ancien Marseillais, qui décrivait l’accession du club en Ligue 1 comme « sa plus belle montée » , bourlingue autour de l’Hexagone depuis la fin des années 1990. Pourtant, Bastia, son 8ème club, reste pour lui une institution à part, preuves à l’appui : « Une anecdote. Pour ce match à Créteil, au retour il y avait des centaines de supporters qui nous attendaient à l’aéroport, c’est des choses qu’on vit dans peu de clubs. J’en ai fait pas mal mais des centaines de personnes qui t’attendent à 3h du matin après une victoire à l’extérieur… C’est des choses qui font que Bastia est unique. »

Le joueur à suivre

La saison passée, c’est Jérôme Rothen qui est élu meilleur joueur de Ligue 2. Dans son discours de remerciements, l’ancien Monégasque, ému, confesse que son « nom a dû pas mal jouer. Beaucoup de jeunes auraient pu remporter ce titre. » Parmi eux, Sadio Diallo, parti pour Rennes, et Wahbi Khazri. Au sujet du natif d’Ajaccio, international espoir, l’entraîneur bastiais se veut prudent : « J’aurais pu parler de lui directement, ensuite il faut voir s’il continue sa progression ou s’il s’assoit sur son contrat… » Pour Toifilou Maoulida, le milieu gauche bastiais a été « la révélation de la saison. Il a mis des buts, fait beaucoup de passes et il a confirmé ça en étant sélectionné en Équipe de France espoirs, pour un joueurs de Ligue 2, c’est pas mal… » L’attaquant formé à Montpellier salue par ailleurs la décision du franco-tunisien, justement convoité par les champions de France : « Il a une grosse marge de progression et en allant dans un grand club il aurait pu ne pas être titulaire, se brûler les ailes. Être dans son club formateur, avec des joueurs expérimentés qui l’encadrent c’est bien. Il peut atteindre le plus haut niveau. »

Mais à Bastia, plus qu’ailleurs encore, on aime mettre le collectif en avant. Ainsi, le natif de Rodez dresse un portrait de son effectif, composé de « joueurs historiques comme Yannick Cahuzac » capitaine des Lions et petit-fils de l’iconique entraîneur du SECB période Papi, Rep et Dzagic ; puis « des jeunes joueurs comme Florian Thauvin ou Sambou Yatabaré, qu’on vient de recruter. Lui, il faudra bien le vendre. » Arrivé en Corse en 2010 en provenance de Grenoble, Thauvin a déjà suscité certaines convoitises. Lors d’un match époustouflant face à Châteauroux, on raconte même qu’Arsène Wenger himself aurait consulté son profil sur un célèbre site sportif français. Joker la saison écoulée, le milieu offensif, sélectionné chez les – de 19 ans, devrait plus participer au jeu l’année à venir. Une bonne chose pour l’homme à la bandelette, qui le considère comme « un jeune à l’écoute, qui apporte de la folie. Un des mecs les plus doués techniquement dans l’équipe, mais il a encore beaucoup de choses à travailler. »

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