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Barzagli, le retour de la force tranquille
Joueur de la Juventus le plus régulier sur les quatre dernières saisons, Andrea Barzagli débute enfin sa saison. Un retour apprécié, mais qui induit cependant quelques dilemmes tactiques et hiérarchiques.
9 mars dernier, 86e minute de jeu, la Juve mène 1-0 contre Sassuolo, Pogba venant tout juste d’ouvrir le score. Allegri ne prend pas de risque et décide d’opérer un changement défensif. Alors que Tévez se dirige vers la ligne de touche, le technicien bianconero serre contre son épaule le nouvel entrant. Un signe qui témoigne de toute l’affection du « monde Juve » envers Andrea Barzagli. En effet, ce dernier s’apprête alors à disputer son premier match de la saison. La force tranquille de la défense turinoise a passé de longs mois à soigner une vilaine blessure au talon, repoussant son retour à maintes occasions. Le genre de pépin physique qu’il faut traiter très délicatement. Le Toscan traîne d’ailleurs cette gêne depuis la fin de saison dernière et notamment le Mondial. Une tendinopathie qui ne l’avait pas empêché d’être un des seuls Italiens à surnager dans le marasme collectif. Trois rencontres disputées intégralement, trois copies propres. Un Barzagli taille patron comme depuis quatre ans.
L’homme qui valait un demi-million
On l’oublie souvent, mais Barzagli est aussi un champion du monde, même si ce fut avec un statut de remplaçant du remplaçant (lui permettant tout de même de disputer un match et demi). Nous sommes en 2006, il n’a que 25 ans et tout l’avenir devant lui. Néanmoins, les cinq saisons qui vont suivre seront synonymes de stagnation, puis régression. On le dit trop sûr de lui, avec la grosse tête, un peu fainéant. La décision de se transférer en Allemagne n’est pas non plus sa meilleure intuition, même s’il remporte la Bundesliga avec Wolfsburg en disputant tous les matchs. Bref, cinq ans plus tard, l’Italie du foot a déjà oublié Barzagli. Absent de la Squadra Azzurra pendant trois ans, devancé dans la hiérarchie par Bonucci, Gamberini et Bocchetti. Disparu de la circulation.
Et puis le flair de Marotta fait le reste. Le sens de la négociation aussi : 500 000 balles et un contrat d’un an et demi signé à l’hiver 2011. Barzagli débarque chez une Juve à la dérive avec Delneri, mais conquiert tout le monde en six mois. Puis Conte arrive pour son cycle des records et fait du défenseur central l’un de ses cadres. C’est le début du retour en grâce. Le football italien (re)découvre un joueur rassurant, efficace, sobre, élégant et d’une rare continuité. Si on devait établir un classement des Juventini les plus réguliers de ces cinq dernières années, il serait probablement en tête. Et largement. Aucune baisse de régime à signaler en trois saisons. Idem en sélection où il est revenu par la grande porte en octobre 2011.
Trois hommes et un couffin… et un dilemme
Un retour apprécié, vous l’aurez compris, mais pas forcément attendu. Là est tout le paradoxe. En effet, pendant son absence, Max Allegri en a profité pour passer progressivement de 3 à 4 défenseurs derrière. Et une défense à 4 = 2 dans l’axe. Le duo Bonucci-Chiellini s’est naturellement imposé, malgré les doutes concernant le premier dans ce système de jeu. Ogbonna et Cáceres ont efficacement pris le relais quand il le fallait. L’occasion fait le larron comme on le dit. Et la longue indisponibilité de Barzagli a permis à Allegri d’éviter un choix cornélien… qu’il ne peut plus repousser cependant. Son équipe a désormais parfaitement assimilé le 4-3-1-2, un système plus adapté à une belle campagne européenne, assurent les experts du tableau noir.
Toutefois, l’ancien d’entraîneur du Milan n’est pas du genre têtu et fait preuve d’une malléabilité tactique qui le démarque de son prédécesseur. On l’a vu contre le Borussia mercredi dernier, avec passage à trois en cours de match lorsqu’il fallait remplacer Pogba sur le score de 1-0. Une bonne option pour cadenasser et repartir en contre, mais une option secondaire. Autre chose, cet été, le prometteur Daniele Rugani débarquera à Turin en provenance d’Empoli pour compléter l’escouade de défenseurs centraux. Quatre possibles titulaires pour deux places, sans oublier Ogbonna. Abondance de biens certes, mais gros dilemme. Il faudra faire des choix. Conte, lui, l’a déjà fait, en reconvoquant dès que possible le défenseur de 33 ans avec la Nazionale où il a transplanté sa défense à trois. Alors, il n’est ni Cannavaro, Nesta ou Maldini, mais que ce soit la Juve ou l’Italie, difficile de faire sans Barzagli.
Par Valentin Pauluzzi