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Barras bravas, ton univers impitoyable

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Barras bravas, ton univers impitoyable

Monica Nizzardo est responsable de "Salvemos al futbol", association qui se bat contre la corruption dans le football argentin et soutient les rares victimes des barras bravas qui osent interpeller la justice. Depuis trente ans, 230 personnes ont été tuées, sacrifiés sur l'autel violence qui gangrène le championnat argentin. Parce que le foot argentin n'est pas qu'une affaire de papelitos et de gauchers magiques. Interview.

Monica, comment en es-tu venue à t’engager dans la lutte contre les barras bravas ? Entre 2002 et 2005, je faisais partie du comité directeur de l’Atlanta, un club de troisième division de Buenos Aires. Et un jour, je n’ai plus voulu être complice de ce qui se passait au sein du club. Des membres des barras avaient cassé du matériel, télés, ordinateurs, et avaient menacé le président de tout mettre à sac. On donnait des billets à ces groupes de supporters délinquants, ils touchaient des prébendes, mais ils en voulaient toujours plus. Alors que moi, je me démenais pour trouver de l’argent pour fournir un bon équipement aux gamins. J’ai donc porté plainte. Et un journaliste qui couvrait l’affaire m’a appris que j’étais la première personne d’un comité directeur à avoir porté plainte devant la justice pénale contre son propre club. Je croyais simplement faire ce que tout le monde devrait faire.

Quels ont été les résultats de cette procédure ? Aucun, rien n’a changé à Atlanta. Dans mon comité directeur, personne ne me soutenait. Pour ne pas m’accompagner porter plainte, ils prétextaient que les barras connaissaient leur véhicule. C’est le problème dans ce genre d’affaires, trouver des témoins. Normalement, des enquêtes devraient être ouvertes suite à des dénonciations policières, mais ceux-ci se taisent. Et parfois, ils sont même complices des barras. Ils laissent entrer des armes, les laissent contrôler les parkings autour des stades en échange d’une contrepartie financière ou les laissent se battre.

Comment les barras s’immiscent-elles dans la vie des clubs ? Dans 99% des clubs argentins, quand un président arrive dans un club, il doit parler aux barras. Sinon, elles lui rendent une petite visite. Avec leurs méthodes violentes, les voix des barras comptent davantage que le vote des socios. Au départ, les dirigeants les utilisaient comme main d’œuvre notamment pour gagner les élections dans le club, mais aujourd’hui, ils sont les otages autant que les complices de ces groupes, qu’ils utilisent parfois pour perturber une manifestation quand ils sont impliqués en politique. Le chef des barras de Boca a dit qu’avoir le pouvoir, c’était avoir les téléphones de ceux qui ont le pouvoir. Une déclaration élue phrase de l’année en Argentine. Leur impunité est totale.

Être barra brava, c’est un véritable métier … La différence avec les hooligans européens, c’est qu’ils en font un travail. Ils gèrent des restaurants, des parkings, touchent de l’argent sur les transferts. Ils font carrière à l’intérieur du club. Ils signent des autographes. Ils appartiennent aussi à des barras de clubs de 2e,3e division, et en deviennent parfois les représentants ! Dans les grands clubs, ils gagnent très bien leur vie. Les joueurs qui soutiennent le plus les barras sont exigés comme titulaires. Dans les tribunes, les barras manifestent leur désapprobation si l’un de leurs protégés sort. Leur pouvoir est aussi médiatique. Ils sont connus. L’entrée des barras est un spectacle. Le public regarde, applaudit, la télévision les montre. Et cette tradition argentine se transmet à toute l’Amérique latine par la télé câblée. Ils exercent une fascination par leur animation des tribunes mais aussi par leur pouvoir.

Et que fait la fédération argentine ? L’AFA est présidée par le même homme depuis 29 ans. Arrivé sous les militaires. Pour Julio Grondona, l’AFA ne gère pas la sécurité, c’est au propriétaire du stade de le faire. L’AFA fait l’autruche. Et l’État aussi. Des fonctionnaires sont d’ailleurs impliqués dans le business du foot argentin. L’un des principaux actionnaires de Puntogol SA, la société qui gère les droits marketing du championnat argentin, se trouve être Martín Redrado, président de la banque centrale argentine. Ah oui, il faut aussi savoir que Grondona est vice-président de la FIFA. Et là où le système est totalement vicié, c’est que la presse est elle aussi liée à la Fédé. Le groupe Clarin détient les droits du foot argentin et dépend pour cela de Grondona.

Aujourd’hui, des membres des barras bravas ont-ils été condamnés par la justice ? Oui, mais c’est extrêmement rare. Pourtant un week-end, j’ai vu un barra des Talleres de Cordoba recherché par Interpol, car lié au Cartel de Juarez, saluer impunément le public et fêter la victoire. J’ai écrit à Interpol pour leur dire que cet homme se trouvait tous les week-ends au stade, que je pouvais les accompagner. Mais en Argentine, même Interpol ne fonctionne pas.

Propos recueillis par Thomas Goubin

En savoir plus sur Salvemos al futbol : www.salvemosalfutbol.org

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