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Barrages : passage obligé pour l’Uruguay
L'Uruguay est accroc aux barrages. Pour la quatrième fois de rang, la Celeste prolonge ses éliminatoires au-delà du raisonnable, face à la Jordanie, cette fois. Retour sur ses trois précédents barrages.
Une longue marche, au chemin sinueux. Voilà à quoi ressemblent les parcours éliminatoires de l’Uruguay depuis que les sélections sud-américaines se disputent la qualification pour le Mondial au sein d’une poule unique. L’Uruguay a contracté un abonnement à la cinquième place, celle du barragiste, depuis 2001. La Celeste de l’affreux Darío Silva affronte alors l’Australie du brutal Kevin Muscat. En France, on se rappelle l’agression de Muscat sur Dugarry, mais on oublie que celui qui était alors connu en Angleterre comme « l’homme le plus détesté du football » ne faisait qu’affûter ses crampons quelques jours avant de recevoir l’Uruguay. Entre la Celeste et l’Australie, les débats seront virils et pas franchement corrects. Les Charruas aimant souffrir et se faire peur, ils perdent le match aller sur un pénalty provoqué par… Silva (1-0). Au retour, Recoba et consorts finissent par tordre les Socceroos (3-0) et valident leur billet pour le Mondial 2002. « Il n’y a pas de routes droites dans le monde » , disait Mao Tsé-Toung, grand marcheur devant l’éternel.
Comme on se retrouve. En 2005, l’Uruguay doit à nouveau se pencher sur le cas du football australien. Pas un passionnant sujet d’étude, mais la Celeste ne peut pas faire la fine bouche. Elle doit sa qualification pour les barrages à un tiers : sans un but inscrit à la 77e minute par le Paraguay face à la Colombie (1-1), les Cafeteros auraient occuper le strapontin des Charruas. Cette fois, le match aller se joue à Montevideo. La Celeste l’emporte (1-0) et voyage à Sidney plutôt confiante. Mais alors que les Socerros rentrent au pays en jet privé, et cajolés par un staff médical abondant, dont une équipe de masseurs, les Uruguayens voyagent en classe économique. Le genre de traitement qui conduira Álvaro Recoba à prendre sa retraite internationale. À Sidney, l’Australie, menée par le sorcier hollandais Guus Hiddink, parvient à refaire son retard, et arrache sa qualif’ aux pénaltys. Pour l’Uruguay, le moment de la remise en question est venu.
Avec Óscar Tabárez à sa tête, la Celeste va renouer avec sa gloire passée. En 2010, pour la première fois depuis quarante ans, l’Uruguay se hisse en demi-finale de la Coupe du monde et Diego Forlán est élu meilleur joueur du tournoi. Un an plus tard, les Charruas confirment leur statut de meilleure équipe d’Amérique du Sud en remportant la Copa América, en Argentine. Deux petites années auparavant, ce même ensemble bataillait pourtant au sein du périlleux canal des barrages, face au Costa-Rica. Au match aller, Diego Lugano inscrit le but de la victoire (0-1). En l’emportant à l’extérieur, les Charruas semblent avoir fait l’essentiel, mais le match retour, à Montevideo, n’aura toutefois rien d’un long fleuve tranquille. À dix minutes du coup de sifflet final, le match sera même interrompu, alors qu’une bagarre éclate entre remplaçants ticos et journalistes uruguayens. Un nul (1-1) permet finalement à l’Uruguay de débarquer en Afrique du Sud. En ramant.
Costa-Rica – Uruguay (0-1) :
Cette fois, l’Uruguay va se qualifier aisément. Organisme parfaitement huilé par Tabárez, et doté, avec Cavani et Suárez, de deux des plus fines gâchettes de la planète, la Celeste a de quoi voir venir. Elle débute d’ailleurs les éliminatoires en trombe. Après quatre journées, les Charruas pointent en tête de la zone CONMEBOL. Mais comme si l’Uruguay se révélait incapable de s’éviter des plaisirs masochistes, une série noire va le porter au bord de l’abîme, là où beaucoup perdent leurs moyens, mais où son ADN lui fait trouver des ressources insoupçonnées pour se remettre à flot. Après six matchs sans victoires, et des raclées infligées par la Colombie, le Chili, et même la Bolivie (4-1), Lugano et consorts rebondissent en signant trois victoires de rang. Comme d’habitude, l’Uruguay termine à la cinquième place. Revoilà la Celeste en barrages. Face à la Jordanie, cette fois.
par Thomas Goubin