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Barrada, barre sur Madrid
Formé au PSG, Abdelaziz Barrada est méconnu en France mais explose en Liga pour sa première saison avec Getafe. Convoité par du beau monde, suivi de près par Mourinho, ce Franco-marocain reste tranquille. Il veut d’abord confirmer, avant d’envisager un changement de cap.
L’OM a eu Samir Nasri. Le PSG aurait pu avoir Abdelaziz Barrada, de deux ans son cadet. Mais Antoine Kombouaré et son staff n’ont pas fait attention à lui. Dommage, aujourd’hui ce jeune Franco-marocain capte l’attention en Espagne, à Getafe, où une journée d’essai lui a suffi pour convaincre ses dirigeants. A lui tout seul, Barrada aurait peut-être pu faire économiser 42 millions d’euros aux Qataris l’été dernier et faire réfléchir davantage Laurent Blanc sur la bi-nationalité. Les bons joueurs techniques existent aussi chez nous, il suffit de les regarder. Après trois saisons passées en CFA avec la tour Eiffel sur le cœur, Barrada ne plait pas et se tourne vers l’étranger. « Au PSG, Kombouaré ne comptait pas sur moi. J’ai dû chercher d’autres options. En France, aucune équipe ne s’est intéressée à moi. Un ami m’a demandé si je voulais faire un essai à Getafe. J’y suis allé, et le président a tout de suite dit qu’il comptait sur moi » .
Abdel, comme on l’appelle en Espagne, quitte donc Paris pour le sud de Madrid en juillet 2010, et n’a besoin que d’un an pour entrer dans l’histoire du club. A l’arrivée de Luis Garcia sur le banc de Getafe l’été dernier, Angel Torres, le président, et Antonio Muñoz, directeur sportif, proposent au jeune entraîneur d’intégrer au groupe un jeune talent du centre pour effectuer la pré-saison. Barrada convainc son entraineur aussi rapidement qu’il avait convaincu son président un an plus tôt. Pour la première journée au Coliseum face à Levante, il est titulaire à la récupération. Numéro 28 dans le dos. C’est la première fois dans la jeune histoire de Getafe qu’un joueur de l’équipe réserve franchit le cap de la Liga avec les pros.
« Il tire mieux les coups-franc que Cristiano Ronaldo »
Depuis, Luis Garcia ne s’en passe plus. Percutant, excellent passeur, Abdel est aligné la plupart du temps comme meneur de jeu, son poste de prédilection. Derrière Miku ou Guiza. Quand Getafe bascule en 4-4-2, il se décale dans le couloir droit. Ses premiers buts ne tardent pas à arriver. Un coup-franc pleine lucarne face à l’Atlético, lors de la 12ème journée. Puis un doublé contre Majorque, pour une victoire 2-1. L’adaptation est rapide. « Le football espagnol me correspond parfaitement, puisqu’il est très technique » . Très vite, les plus gros poissons mordent à l’appât. La presse espagnole assure qu’il aurait tapé dans l’œil de Mourinho. Dans celui de Wenger, aussi. Lui reste tranquille. « Je sais ce que dit la presse, mais je ne sais pas si tout ça est vrai. En Espagne, la presse exagère un peu tout. A l’heure actuelle je me sens très bien ici. C’est encore trop tôt pour parler de ça » .
Sauf que son président semble un poil plus pressé. Le club a besoin d’argent, et sa clause de départ est à 20 millions d’euros. Outre son poste de président de Getafe, Angel Torres est aussi socio du Real Madrid, ce qui facilite les relations entre les deux clubs voisins. Cet été, Kaka pourrait quitter le club merengue. Le Mou chercherait alors un joueur pour le remplacer. Angel Torres, lui, a déjà passé l’annonce. « C’est un super joueur, un mec éduqué. Et il tire mieux les coups-franc que Cristiano Ronaldo ! C’est sûr que l’on va beaucoup parler d’Abdel dans les mois à venir. En fin de saison, on devra le vendre à une autre équipe de Liga ou de Premier League » .
« Reconnaissant envers le PSG »
Barrada n’est pas un mec rancunier. Bien dans ses pompes en Espagne, il ne crache sur ce PSG qui l’a jeté. Il ne ferme d’ailleurs pas la porte à un retour. « Pour l’instant, c’est Getafe. Dans les prochaines années, je ne sais pas. Le temps le dira. C’est sûr que c’est le club qui m’a formé…Mes parents m’ont appris à être respectueux et reconnaissant, et je le suis avec le PSG » . En revanche, l’Equipe de France, c’est foutu. Né à Provins, en Seine et Marne, de parents marocains, Abdelaziz Barrada n’a jamais hésité. « Ils ont été les premiers à m’appeler. De toute façon j’avais déjà choisi le Maroc. Je n’ai pas disputé la CAN parce que mon club s’était mis d’accord avec la fédération. J’ai participé aux qualifs pour les JO, et nous nous sommes qualifiés, mais je ne pouvais pas rater plus de matchs avec mon club » . Sauvé de justesse l’an dernier, actuellement à mi-chemin entre l’Europa League et la zone rouge, Getafe va d’abord se concentrer sur le maintien pour cette fin de saison. Assurer sa place dans un premier temps, avant d’aller voir plus haut. Les objectifs du club sont exactement les mêmes que ceux de sa nouvelle pépite.
Par Léo Ruiz